Israël, Palestine occupée, Joe Biden et la C.P.I. par Me Maurice Buttin.

jeudi 6 mai 2021

Me Maurice Buttin fait une analyse rigoureuse de la situation en Israël Palestine à partir des événements les plus récents comme les élections israéliennes et les premières décisions du Président Biden. Il est administrateur de notre association. Juriste, observateur de longue date de l’évolution du Proche-Orient, il est en même temps un défenseur infatigable des droits humains, des droits du peuple palestinien et du respect du droit international. Il confie en même temps cet article aux Cahiers de l’Institut de Documentation et de Recherches sur la Paix (IDRP), mars-avril 2021, un Institut proche du Mouvement de la Paix, qui milite pour que se développe une culture de paix.

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ISRAËL

Le 23 mars les Israéliens ont voté pour la quatrième fois en deux ans. D’aucuns pensaient que la campagne électorale serait passionnée vu les circonstances : épidémie historique, crise économique et psychologique, changement de pouvoir aux États-Unis. Il n’en fut rien. Une indifférence générale. Et la crainte était d’une grande abstention.

Natanyahou, leader du Likoud, n’avait pas manqué de se déplacer dans le pays pour regonfler les électeurs de droite et d’extrême-droite et les appeler à venir voter en masse, y compris les formations les plus racistes du pays. Cherchant à tout prix à se maintenir à un poste, qu’il détient depuis douze ans, sans compter un premier mandat de 1992 à 1999, pour éviter les poursuites engagées à son encontre, il avait même lancé une opération de charme envers les électeurs arabes ! Il espérait aussi que la campagne de vaccination, réussie, jouerait en sa faveur. Mais le transfuge du parti, Gideon Saar, leader du nouveau parti, Tikva Hadasha, ne devait-il pas lui retirer beaucoup de voix ?

Natanyahou attaquait surtout son principal rival Yaïr Lapid, antireligieux, leader du Yes Atid, parti de centre droit. Celui-ci appelait à faire barrage contre le Premier ministre. Il avait grand espoir, dans le regroupement des partis du centre et de gauche, d’atteindre la majorité des 61 sièges – la Knesset en compte 120 – ce que Natanyahou semblait ne pas pouvoir avoir. De son côté, Naftali Bennett, le leader du parti de droite Yamina, ultra nationaliste et religieux, attendait, son heure et restait ambigu dans ses intentions de ralliement au lendemain des élections. Les partis orthodoxes, Shas et le Judaïsme unifié, faisaient eux allégeance à Natanyahou. Et quid de Avigdor Liberman, laïc de droite ? Quant aux partis arabes, maintiendraient-ils leur union ? Non, puisque deux listes se présentaient, les Islamistes faisant bande à part. Leurs électeurs viendraient-ils davantage voter ?

Les résultats sont tombés : à ce jour, ni Natanyahou – qui se targue d’être le grand vainqueur (cela est relatif, le Likoud a certes obtenu 30 sièges, mais il en avait 36, le transfuge Saar en ayant gagné 6) – ni ses opposants, au seul programme commun, sorte de référendum, “Tous contre Bibi !”, ne semblent en mesure d’atteindre la majorité. Chacun des deux clans obtient un peu plus de 50 sièges, avec en tête Natanyahou.

Pas de grand changement donc. Cela est dû au système électoral. Avec un seuil d’éligibilité à 3,25 %, de multiples petits partis peuvent apparaître et disparaître, se “vendre” au plus offrant. On a tout de même a assisté à deux surprises, le succès (5 sièges) du parti islamiste, Ra’am, de Mansour Abbas, proche du Hamas, entraînant la chute de la Liste unique à 6 sièges ; et l’entrée à la Knesset [le parlement israélien] des “judéo-nazis”, comme les appelait le philosophe Y. Leibowistz : le parti du “Sionisme religieux”, (6 sièges aussi), parti intégriste juif, raciste et homophobe, du colon Bezahel Smotrich. Avec, parmi ses députés, un héritier idéologique du rabbin raciste Meir Kahane, au programme clair : poursuivre 1948, comme disait Ariel Sharon, vider le pays des Arabes, qui n’accepteraient pas de reconnaître la souveraineté de “l’État d’Israël, nation du peuple juif” – du Jourdain à la Méditerranée -, et d’accepter leur statut de citoyens de seconde zone.

Les tractations vont commencer, et bien des retournements sont possibles. Que décidera Bennett, dont le parti a obtenu 7 sièges ? A quel prix acceptera-t-il de rejoindre Natanyahou, lui qui ne désire qu’une chose, prendre sa place à la tête du gouvernement ? Ou rejoindra-t-il l’autre clan, s’associant au centre laïc de Lapid, arrivé deuxième, avec 17 sièges ? Sera-t-il d’une manière ou d’une autre le “faiseur de rois” ? “Bennet est face à un choix historique, écrit le journal de gauche Haaretz, il peut être celui qui décide que le pays se dirige à droite toute, vers un gouvernement d’inculpés et de kahanistes, dirigé par un homme dont il a dénoncé les échecs. Ou vers un gouvernement du changement”. Ou le “faiseur de rois” sera-t-il le Parti arabe islamiste, courtisé par les uns et les autres ?

PALESTINE OCCUPÉE

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