Les entreprises veulent avoir le Mossad chez elles

samedi 8 mai 2021

Enquête par Jean Stern

Alléchés par des promesses de high-tech sur mesure, les patrons de l’industrie comme des services se précipitent en Israël. Peu leur importe que l’intelligence artificielle et la cybersécurité qu’ils achètent à tour de bras doivent beaucoup à la répression des Palestiniens. Entre la France et Israël, le climat des affaires est au beau fixe.

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Les promenades au bord de l’eau réservent parfois des surprises. Flânant à l’embouchure du port de Vannes (Morbihan) au printemps 2019, je découvre sur les quais un drapeau israélien au côté des drapeaux tricolore et européen, devant les grilles du chantier naval Multiplast. Leader français des matériaux composites, cette société connue des amateurs de voile construit des catamarans de légende. Appartenant au discret groupe suisse Carboman, Multiplast vient alors de décrocher la conception du fuselage d’Alice, le premier avion électrique conçu par l’Israélien Eviation Aircraft, et qui sera présenté au salon du Bourget en juin 2019, et hisse fièrement les couleurs de son client. La presse économique s’extasie devant cette « page de l’histoire de l’aéronautique » écrite « avec agilité » par deux sociétés israélienne et française avec le concours de logiciels Dassault Systèmes, leader mondial de la modélisation.

Depuis, Alice poursuit son chemin. Eviation a touché 200 millions de dollars (166 millions d’euros) d’un investisseur de Singapour, tandis qu’un groupe américain a précommandé 92 Alice au prix catalogue d’environ 2 millions de dollars (1,6 million d’euros). La mise en service de ce petit avion de 9 places est prévue en 2023.

Ainsi va la marche des affaires dans l’économie mondialisée : les start-up israéliennes aiguisent les appétits. « Israël se découvre comme startup nation, mais tout le monde sait que c’est grâce à l’armée et à la recherche universitaire qu’elle finance en partie », explique un ancien ambassadeur de France à Tel-Aviv.

« De nombreux partenariats technologiques caractérisent les rapports actuels entre les entreprises des deux pays », ajoute le diplomate. Nul besoin de lobby pour cela, les investisseurs et les grandes entreprises regroupées dans l’indice CAC 40 de la bourse (voir tableau à la fin de cet article) savent repérer les bonnes affaires. L’aviation électrique est une future machine à cash ; le savoir-faire israélien, issu de la conception de drones utilisés dans les territoires occupés et financé par l’armée, est en pointe. « Je comprends bien le problème, explique un patron français qui dirige l’une des 6 000 entreprises françaises présentes en Israël. Mais ne me demandez pas de régler ce que les politiciens ne réussissent pas à faire. »

La diplomatie des start-up

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