Des artistes mettent en lumière le cas du poète palestinien emprisonné par l’Arabie Saoudite

samedi 10 septembre 2016

Des artistes et des écrivains du monde entier ont publié mardi des poèmes, des dessins et d’autres œuvres sur les réseaux sociaux, pour attirer l’attention sur Ashraf Fayadh, un poète palestinien qui a été condamné à huit ans de prison et à 800 coups de fouet pour une supposée apostasie en Arabie Saoudite.

Avec le hashtag #FreeAshraf, des artistes, dont l’auteur de bandes dessinées Ganzeer, la plasticienne Joy Garnett et la poétesse Rachel Rose ont rendu hommage à Fayadh sur Twitter et sur Instagram.

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l’artiste M. Lynx Qualey "Ashraf Fayadh Day"

Fayadh, artiste connu et conservateur en Arabie Saoudite, a été arrêté une première fois en 2013 dans un café de la ville d’Abha où il réside, dans le sud.

Libéré le lendemain, il a été de nouveau arrêté en janvier 2014, avec une liste d’accusations de blasphème, comme la diffusion d’un livre de ses poèmes, supposé encourager l’athéisme.

Fayadh est un réfugié palestinien de deuxième génération, ce qui est un thème central de sa poésie.

Fayadh, qui est âgé de 35 ans, a été condamné à mort en novembre 2015. Mais, une indignation mondiale a abouti à ce qu’un panel de juges commue sa peine, en février.

Fayadh maintient que son arrestation est due à un conflit personnel avec Shaheen bin Abou Mismar, l’homme qui l’a en premier accusé d’apostasie.

« J’ai peur d’être oublié »

En mars, le Guardian a publié un mot écrit de la prison par Fayadh à son ami où il disait qu’il « était en bonne santé et restait positif mais se sentait seul ».

Marcia Lynx Qualey, rédactrice du site web arablit.org, et Mona Kareem, poétesse, journaliste et traductrice, ont organisé une « Journée de la créativité » le jour du soixante cinquième anniversaire de la signature de la Convention des réfugiés en 1951.

Qualey a dit à l’Electronic Intifada qu’elle espère que la Journée de la Créativité contribuera à « braquer les projecteurs sur un cas qui pourrait facilement tomber dans l’oubli et où la vigilance pourrait aider Ashraf à ne pas être réduit à des conditions de détention encore pires ».

« La meilleure issue serait certes que la vigilance, de même que les efforts de ses avocats et le soutien qu’il reçoit en Arabie Saoudite, fassent qu’il obtienne la grâce royale et soit expulsé d’Arabie Saoudite » a dit Qualey.

L’avocat de Fayadh est en attente de la possibilité de faire appel et de demander la libération sous caution. Selon Kareem, l’audience en appel initialement prévue a été annulée.
JPEG - 146.8 ko Ganzeer - auteur de bandes Dessinées
Peur d’un poète

Ganzeer, alias Mohamed Fahmi, résidant de Los Angeles en Californie, a dit à l’Electronic Intifada qu’il contribuerait à la Journée de la Créativité par un portrait de Fayadh, parce que « le cas d’Ashraf nécessite un soulèvement général ».

« Cela ne montre pas seulement le grave autoritarisme qui caractérise le régime de l’Arabie Saoudite » dit Ganzeer, « mais aussi sa faiblesse. Avoir à ce point peur des opinions d’un poète qu’il faille a voir recours à de telles mesures ! »

Ganzeer a aussi blâmé le Conseil des Droits Humains des Nations Unies dont l’Arabie saoudite est membre.

Qualey et Kareem ont aussi fait connaître les poèmes de Fayadh traduits de l’arabe en anglais et des poèmes d’autres auteurs inspirés par Fayadh.

Kareem traduit en ce moment en anglais un livre de poésie de Fayadh.


[**notre article du 30 mars 2016*]
Francis Combes, poète (et directeur de la Biennale Internationale des poètes), a engagé avec d’autres amis depuis plusieurs mois une campagne en faveur d’Ashraf Fayad, le poète palestinien condamné à mort en Arabie Saoudite, et dont la peine vient d’être commuée en 8 ans de prison et 800 coups de fouets (voir ci-dessous).

Ils viennent notamment de faire paraître le recueil de ses poèmes choisis et traduits en français par Abdellatif Laâbi
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Le recueil de ses poèmes va contribuer à faire découvrir aux lecteurs français la voix singulière et forte de ce jeune poète, né en 1980 à Gaza.
Ashraf Fayad, dans une poésie d’une grande qualité d’écriture et d’une inspiration tout à fait contemporaine parle de la condition des réfugiés, de l’exil, d’un monde où le pétrole est le seul vrai dieu, avec une verve satirique. Mais sa poésie touche aussi au plus intime, l’amour, les angoisses devant la perte, la mort, l’absence.
pour commander l’ouvrage

La justice saoudienne a commué la peine de mort du poète palestinien Ashraf Fayad en huit ans de prison et 800 coups de fouet


[**le 5 février 2015*]
Bonne nouvelle.Le poète palestinien Ashraf Fayad, condamné à mort en novembre dernier par la justice saoudienne pour apostasie, ne sera pas décapité.

Mauvaise nouvelle. Riyad vient de ­prononcer à son encontre un jugement barbare. « L’accusé est condamné à huit ans de prison et 800 coups de fouet, répartis en séances de 50 coups de fouet chacune », a déclaré l’avocat du poète, Abdoul-Rahman Al Lahim, sur son compte Twitter. Il a confirmé que les chefs d’accusation qui avaient justifié cette peine capitale ont été maintenus....
mise à jour 5 février 2016
source et photo Humanité

Sauvons le poète Ashraf Fayad condamné pour apostasie par l’Arabie Saoudite
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Le poète palestinien Ashraf Fayad a été condamné à mort pour "apostasie".

En d’autres termes, l’Arabie saoudite lui reproche d’avoir tenu des propos contre Dieu et contre le royaume. Une accusation qui repose sur un témoignage unique. "J’ai été très choqué mais c’était attendu. Je n’ai cependant rien fait pour mériter la mort", a-t-il expliqué au journal britannique The Guardian.

Ashraf Fayad, qui avait représenté l’Arabie saoudite lors de la Biennale de Venise en 2013, était inquiété par la police religieuse du royaume pour des poèmes aux idées athées.

Le poète avait déjà été détenu en 2013, pour blasphème. Relâché le lendemain, Ashraf Fayad avait de nouveau été arrêté en janvier 2014. Cette fois-ci, il avait passé 27 jours au poste avant de se retrouver en prison.

En 2014, il est alors condamné à quatre ans de prison et 800 coups de fouet en première instance après une plainte provenant d’un groupe de discussion culturel dans un café d’Abha (sud-ouest). Un homme affirmait alors l’avoir entendu tenir des propos contre Dieu, tandis qu’un religieux l’accusait de "blasphème" dans un recueil de poèmes que le Palestinien a écrit il y a 10 ans.
Lors du premier procès, Ashraf Fayad avait démenti que son ouvrage soit "blasphématoire", mais s’était quand même excusé. La cour n’avait alors "pas voulu le condamner à mort".

Mais selon l’ONG Human Right Watch, un autre tribunal est donc revenu sur cette décision, jugeant que "le repentir, c’est pour Dieu". Privé de carte d’identité, le poète n’a pu bénéficier de l’aide d’un avocat pour se défendre.

Pour Ashraf Fayadh, cette condamnation vient après de nombreux problèmes rencontrés avec la police religieuse. Pour ses amis, qui avaient alors lancé une page de soutien, la police religieuse n’ayant trouvé aucune trace "d’incitation à l’athéisme" dans ses poèmes, elle l’avait poursuivi pour avoir fumé et pour arborer des longs cheveux.
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Si je soutiens Ashraf aujourd’hui, c’est parce que je suis indignée et outrée par le sort qui lui est réservé, dans un pays qui ne cesse de violer les droits humains ; l’Arabie Saoudite, où on coupe les têtes à coup de sabre, où on coupe les mains et les pieds, où on fouette sur les places publiques, et à qui on réserve les meilleures places et les meilleurs titres aux Nations Unies ! N’est-ce pas une aberration, que d’attribuer la présidence du Conseil des droits de l’homme, à ce pays !

Je suis outrée, parce que Ashraf a été condamné pour ses mots, pour sa poésie et en tant que poète libre qui a déjà soutenu en Tunisie deux jeunes condamnés pour athéisme, je ne peux qu’apporter mon soutien à cet homme, à cet orfèvre des mots, condamné pour apostasie !

La liberté de conscience pour moi, doit être inscrite et garantie par toutes les constitutions du monde, pour permettre à chacun de croire ou de ne pas croire, de pouvoir changer de religion, d’être monothéiste ou polythéiste, déiste, panthéiste, agnostique ou que sais-je encore ! Alors, je soutien Ashraf et les milliers d’Ashraf sur la planète qui au nom des théocraties et autres dictatures se font massacrer dans l’indifférence générale !

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https://www.change.org/p/sauvons-le-po%C3%A8te-palestinien-ashraf-fayad-condamn%C3%A9-pour-apostasie-par-l-arabie-saoudite?recruiter=10489007&utm_source=share_petition&utm_medium=copylink