Première exposition consacrée à Jérusalem au Musée palestinien

lundi 28 août 2017

Inaugurée en mai 2016 avec des salles vides à Bir Zeit en Cisjordanie occupée, l’institution ouvre ce dimanche 27 août une exposition consacrée à l’occupation israélienne de « la ville trois fois sainte ».

Lors d’une séance réservée à la presse, le Musée palestinien a inauguré samedi sa première exposition aux œuvres très engagées évoquant l’occupation israélienne de Jérusalem-Est. Intitulée « Jérusalem vit », cette collection sera ouverte au public à partir de dimanche dans la ville universitaire de Bir Zeit près de Ramallah, où siègent les institutions politiques palestiniennes en Cisjordanie occupée.

Dans l’une des salles du musée, le visiteur se retrouve encerclé par des colonies israéliennes, dont les photographies panoramiques s’étalent sur les quatre murs. À l’extérieur, dans le jardin, un escalier vert semble atteindre le ciel mais prend racine dans une cage, sans doute en référence au confinement imposé aux Palestiniens par l’occupant israélien.

« Le but était de penser de façon créative la manière de résister à l’hégémonie de l’occupation israélienne » Rim Fadda, conservatrice du musée

Pour la conservatrice du musée, Rim Fadda, l’exposition a pour objectif de déclencher une discussion autour de la « résistance culturelle » aux politiques d’Israël, qui occupe Jérusalem-Est depuis 1967. L’État hébreu a depuis annexé la partie palestinienne de la ville mais cette annexion n’a jamais été reconnue par la communauté internationale. La Cisjordanie et la bande de Gaza ont été occupées au cours de la même année mais n’ont pas été annexées et leurs habitants ont besoin d’un permis spécial difficile à obtenir pour se rendre à Jérusalem.

Mme Fadda affirme avoir été empêchée de se rendre à Jérusalem au cours des dernières années faute de permis. « Le but de cette exposition était de nous permettre de penser de façon créative la manière de résister à l’hégémonie de l’occupation israélienne (...), mais aussi de montrer Jérusalem aux Palestiniens qui ne peuvent pas s’y rendre », a-t-elle indiqué à l’AFP.

20 ans de préparation et de travaux

L’exposition est gratuite et sera ouverte au public jusqu’à décembre. Les organisateurs souhaitent faire profiter du musée à un maximum de jeunes Palestiniens, même si ceux qui habitent à Gaza - sous blocus israélien - ou qui sont réfugiés dans des pays voisins ne pourront pas s’y rendre. Rim Fadda espère que cette exposition pourra voyager dans des pays où se trouve une importante communauté palestinienne.

Le musée, un bâtiment de verre et de pierre blanche, a coûté 28 millions de dollars et 20 ans de préparation et de travaux. Il est censé devenir le réceptacle d’une mémoire nationale soumise, selon les Palestiniens, aux tentatives israéliennes de la nier.

Ses architectes irlandais et chinois se sont employés à le fondre dans le décor des collines palestiniennes, et à lui donner une ambition écologique. Il avait été inauguré en mai 2016 par le président palestinien Mahmoud Abbad avec des salles vides.
source : le Figaro Cultures


Notre article du 15 mai 2016
Sur le site de RFI, les voix du monde.

La "Catastrophe" Palestinienne ne doit pas être oubliée. Commémorons la.
Mais n’oublions pas que le peuple Palestinien et tous les réfugiés manquent cruellement de soins, de structures éducatives, etc.
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Ce dimanche, les Palestiniens commémorent la Nakba, la « catastrophe » qu’a été pour eux la création de l’Etat d’Israël. Il y a 68 ans, en 1948, près de 800 000 Palestiniens ont été déplacés de leur terre après la première guerre israélo-arabe. Pour ne pas oublier cet événement, un musée palestinien va être inauguré la semaine prochaine. Installé à côté de Ramallah, il va rassembler des archives et exposera des artistes palestiniens.

Envoyé spécial à Birzeit : Nicolas Ropert

Dernier réglage pour le spectacle qui inaugurera dans quelques jours le Musée palestinien. A l’intérieur, les ouvriers s’activent aux dernières finitions dans la pièce des archives ou dans la gigantesque salle d’exposition.

Reem Abdul Hadi présente avec fierté le bâtiment futuriste qui doit accueillir la mémoire du peuple palestinien. La chargée de communication du musée l’assure : la Nakba de 1948 est le point de départ de ce projet : « La Nakba est un événement fondamental dans la vie des Palestiniens. Des milliers de Palestiniens ont été déplacés ce qui fait qu’aujourd’hui, nous n’habitons plus au même endroit. Donc on essaiera de raconter la version palestinienne de l’histoire. Et non pas du point de vue des autres. »

L’idée lancée il y a 20 ans a finalement vu le jour grâce au soutien de riches donateurs palestiniens de la diaspora.

Obour Hashash, la directrice de production du musée se définit comme une Palestinienne du Chili où elle est née et où elle a grandi : « Ce musée devra montrer la diversité de chaque Palestinien. Parce que l’identité de chacun est différente. Moi je suis Palestinienne, mais je suis née au Chili. Donc je suis différente de quelqu’un né en Cisjordanie et qui est aussi Palestinien. »

Certains regrettent par contre l’absence de message politique du musée. Son coût de 24 millions de dollars fait aussi grincer quelques dents.

Souvenons nous aussi qu’à la rentrée 2015, Ziad Madoukh disait :

"La particularité de cette rentrée scolaire dans la bande de Gaza est que les écoles de l’UNRWA- l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens- qui accueillent les élèves palestiniens dans les camps des réfugiés - n’ont pas repris les cours à cause des restrictions budgétaires qui touchent cette organisation internationale, ce qui a privé plus de 200.000 élèves de leurs écoles."

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Les Palestiniens commémorent la Nakba

Ce jeudi 15 mai marque l’anniversaire de la Nakba, la catastrophe pour les Palestiniens. En 1948, à la création de l’Etat d’Israël, 760 000 d’entre eux furent forcés à l’exil. Des manifestations sont prévues aujourd’hui pour réclamer, comme chaque année, le retour des réfugiés.

Correspondante à Jérusalem : Murielle Paradon

Yacoub Odeh revient de temps en temps dans le village où il est né, Lifta, à la sortie de Jérusalem. Un village fantôme aujourd’hui mais qui était bien vivant lorsqu’en 1948 Yacoub en a été chassé avec les autres habitants par les Israéliens. Le vieil homme se souvient : « Ils nous ont mis dehors, par les armes, et en une heure nous sommes devenus des réfugiés. Ils nous ont tués, pris notre vie, notre dignité. Nous n’oublierons jamais, nous ne pardonnerons jamais ».

Yacoub Odeh est, toujours aujourd’hui, un réfugié palestinien. Il vit à Jérusalem mais n’a pas le droit d’habiter dans son ancien village, en territoire israélien. « Bien sûr, déplore-t-il, je me sens triste. Je suis Liftaoui. Je vis à quelques centaines de mètres d’ici mais je ne peux pas retourner dans ma maison. La maison où je suis né, le toit s’est effondré mais les murs sont toujours là. Elle nous attend ! »

Le vieux réfugié palestinien a toujours l’espoir de retourner vivre un jour dans son village. Si ce n’est lui, ce seront ses enfants.

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