Lettre mensuelle d’information réalisée par le groupe de travail Réfugiés de l’AFPS

lundi 8 février 2021

Réfugiés palestiniens | 15 |
février 2021

Lettre mensuelle d’information réalisée par
le groupe de travail Réfugiés de l’AFPS

Cette lettre veut se faire l’écho de l’actualité sur la question des réfugiés palestiniens – dans ses diverses dimensions – traitée par les médias et sites spécialisés français et étrangers. Elle fait connaître également les analyses et points de vue d’ONG ou d’organisations gouvernementales ou internationales.

Les textes sélectionnés n’engagent que leurs auteur·e·s.

Levez l’interdiction sur le film Jenin, Jenin de Mohammed Bakri !
AFPS pour le Palestine Film Institute, le 25 janvier 2021
Jenin, Jenin, film documentaire tourné en 2002 par Mohammed Bakri sur le massacre dans le camp de Jénine, s’est vu interdire toute projection ou diffusion en Israël. En outre, le tribunal israélien de Lod ordonne la confiscation de 24 copies du film et le paiement de 175 000 shekels (environ 43 000 €) de dommages et intérêts à un officier israélien qui apparaît dans le film, ainsi que 50 000 shekels (environ 12 000 €) de frais de justice. Soyez nombreux à signer la pétition pour la levée de l’interdiction et à faire suivre sur vos réseaux.
Vous pouvez regarder et partager le film (54 mn, sous-titres français) sur le site Palestine : Filmer c’est exister (en bas de la page).
Pour participer aux frais de sa défense, aux frais de justice et à la compensation à laquelle le réalisateur a été condamné, vous pouvez verser votre soutien sur le compte CCP de PFC’E, mention « solidarité avec Mohammed Bakri ».

UNRWA

Philippe Lazzarini s’inquiète de la situation financière de l’Office
France 24, entretien avec Marc Perelman, vidéo de 13 minutes, le 3 février 2021
Fin 2020, les salaires des employés de l’UNRWA n’ont pu être payés que grâce à l’emprunt et à des contributions de dernière minute. Avec l’arrivée de Joe Biden à la présidence des USA, le haut-commissaire des Nations unies en charge des réfugiés palestiniens ne désespère pas d’un retour de l’aide américaine, stoppée depuis 2018 par Donald Trump. Il presse aussi les pays du Golfe à reprendre leurs versements, sensiblement réduits depuis leur rapprochement diplomatique avec Israël.

Cible permanente de la stratégie de normalisation d’Israël,
l’UNRWA doit être soutenu par la communauté internationale

Badil, le 8 janvier 2021, en anglais
La cascade d’accords signés entre Israël et des États de la Ligue arabe au cours des derniers mois a mis en lumière la stratégie d’Israël pour enraciner sa présence politico-diplomatique dans la région arabe, tout en occultant son caractère fondamentalement illégal de régime colonial d’apartheid. Lorsque la normalisation intègre l’existence d’un régime, Israël, dont les fondements mêmes reposent sur le déplacement forcé de plus de 750 000 Palestiniens de leurs terres en 1947-1949, elle devient un outil puissant pour renforcer sa structure coloniale d’apartheid et échapper à ses crimes au regard du droit international. C’est pourquoi le plan de normalisation d’Israël nécessite d’effacer de la mémoire politique la quintessence vivante des crimes contre l’humanité qui ont permis sa création : les réfugiés palestiniens et les personnes déplacées internes, et leur agence des Nations unies active et visible, l’UNRWA.

Machinations contre un diplomate suisse de l’UNRWA
Baudouin Loos, Orient XXI, le 11 janvier 2021
La carrière de Pierre Krähenbühl à la tête de l’agence onusienne pour l’aide aux réfugiés palestiniens s’est brutalement interrompue en 2019. En cause, des accusations qui se sont révélées largement infondées, comme vient de le démontrer une enquête journalistique de la télévision suisse RTS, mettant au jour les conclusions des investigations onusiennes jamais divulguées. Retour sur une affaire d’où émanent de forts relents géopolitiques.

Déclaration conjointe des ministres des Affaires étrangères
de la France, de l’Allemagne, de l’Égypte et de la Jordanie

Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, le 11 janvier 2021
Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de l’Égypte, de la France et de la Jordanie se sont réunis le 11 janvier 2021 au Caire afin de poursuivre leur travaux de coordination et de consultation sur les moyens de faire progresser « le processus de paix au Proche-Orient vers une paix juste, globale et durable ». Ils ont appelé la communauté internationale à respecter ses engagements envers l’UNRWA, pour aider cette organisation à combler son grave déficit budgétaire actuel.

COVID-19

UNRWA, spécial Covid-19Lettre quotidienne de l’UNRWA, en arabe ou en anglais. Statistiques actualisées sur les cas de Covid-19 touchant les réfugiés palestiniens dans la bande de Gaza, en Cisjordanie, en Jordanie, au Liban et en Syrie.

NAKBA EN COURS

Les forces d’occupation démolissent des structures agricoles dans la vallée du Jourdain
AFPS, le 2 février 2021
Le 1er février, les autorités d’occupation israéliennes ont de nouveau détruit des structures agricoles palestiniennes à Khirbet Humsa al-Fouqa dans le nord de la vallée du Jourdain. La démolition a concerné 14 tentes d’habitation, 7 tentes et 5 baraques pour le bétail, appartenant à 11 familles (85 civils, dont 45 enfants) qui se ont retrouvées sans abri. Les FOI ont dit aux habitants de les accompagner pour être transférés dans la zone de Ein Shibley, à l’Ouest du point de contrôle de Al-Hamra, au centre de la Vallée du Jourdain ; cependant, les Bédouins, l’une des 38 communautés d’éleveurs situées partiellement ou entièrement dans les « zones de tir » déclarées par Israël, ont refusé de quitter leur terre.

Un expert de l’ONU demande l’annulation de l’ordre d’expulsion de 16 familles palestiniennes
ONU Info, 11 janvier 2021
Au cours des derniers mois, les tribunaux israéliens ont confirmé les ordres d’expulsion de 16 familles palestiniennes de leurs maisons dans les quartiers de Sheikh Jarrah et de Silwan. Dans la plupart des cas, les familles palestiniennes y vivent depuis des décennies en tant que propriétaires ou locataires à long terme. « Les ordres d’expulsion semblent se concentrer stratégiquement sur une zone de Jérusalem-Est connue sous le nom de Bassin historique », a dénoncé Michael Lynk, rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, qui relève qu’elles semblent viser « à ouvrir la voie à l’établissement de plus de colonies israéliennes illégales dans la zone et à séparer et fragmenter physiquement Jérusalem-Est du reste de la Cisjordanie ».

Comment les projets routiers d’Israël garantissent que l’apartheid est fait pour durerAhmad Al-Bazz et Edo Konrad, Agence Média Palestine, le 31 décembre 2020
La route des tunnels, dans la zone annexée à Jérusalem le long de l’angle oriental de la colonie de Gilo, est un parfait exemple d’une des méthodes utilisées par Israël pour enraciner une réalité d’apartheid. […] L’histoire de la route remonte à juillet 1948, lorsque les forces israéliennes ont conquis approximativement 45 villages des environs de Jérusalem. Des milliers de Palestiniens ont été expulsés, d’autres ont fui vers le territoire qui devait devenir la Cisjordanie. Environ 15 000 de ces réfugiés se sont installés dans le camp de Dheisheh, construit en 1949 au sud de Bethléem, tout à côté de la route qui connectait Jérusalem, Bethléem et Hébron. […] Pendant des années, les Israéliens qui utilisaient la route 60 étaient fréquemment ciblés par des pierres et des cocktails Molotov jetés par les réfugiés auxquels Israël avait refusé le droit au retour. « L’armée israélienne a limité notre accès à la route principale en bloquant toutes les sorties sauf une », explique Haitham Abu Ajameya, 49 ans, résident de Dheisheh, dont la famille a été chassée de Mighallis, un village à l’ouest de Jérusalem, pendant la Nakba, qui se rappelle comment une clôture a été installée autour du camp, et ses habitants empêchés d’utiliser la route, entre 1986 et 1995…
Source +972 Magazine, en anglais, traduction C.G. pour l’AMP.

GAZA

Mohamed, unijambiste et étoile du « parkour » à GazaMai Yaghi, La Provence, le 25 janvier 2021
À l’aide de ses béquilles, Mohamed Aliwa saute d’un bloc de béton à l’autre, déterminé à ce que sa jambe en moins ne l’empêche pas de s’adonner au parkour, un sport qui permet aux jeunes de Gaza de s’évader le temps de quelques acrobaties. Ce Palestinien de 18 ans a été amputé de la jambe droite, en-dessous du genou, après avoir été blessé par un tir de l’armée israélienne en 2018, lors des manifestations de la Marche du retour le long de la barrière ultra-sécurisée séparant la bande de Gaza d’Israël. Sauter d’un rocher à l’autre comporte des risques et c’est pour cela que Jihad Abou Sultan, 32 ans, a ouvert Wallrunners (coureurs de murs), la première académie de parkour dans les Territoires palestiniens, dans le camp de réfugiés Al-Shati (Beach camp), à l’ouest de la ville de Gaza. Créé il y a deux mois, son club n’a pas beaucoup de budget mais compte déjà quelque 70 membres, dont sept filles.

La météo hivernale, un nouveau désastre pour les habitantsOla Mousa, Agence Média Palestine, le 26 janvier 2021
Les fortes pluies des derniers mois ont entraîné l’inondation des maisons et des routes, en particulier dans les camps de réfugiés de la bande de Gaza. Dans le camp de Al-Shati, Baha Hamad, 40 ans, surveille les dégâts causés par la pluie qui coulait à travers son toit en amiante en décembre. « Je n’ai pas d’argent pour construire le genre de murs qui empêcheront l’eau de s’infiltrer à l’intérieur », déclare-t-il. La maison abrite sa femme et ses cinq enfants, et leur situation n’est pas unique. En particulier dans les zones qui surplombent la Méditerranée où les habitations sont directement exposées aux vents violents et aux fortes pluies et où les ruelles étroites et les routes du camp s’inondent facilement. Ces problèmes auraient pu être évités grâce à un meilleur drainage. Mais c’est le genre de projet d’infrastructure que les Palestiniens de Gaza ne peuvent entreprendre en raison du blocus israélo-égyptien vieux de 14 ans…
Source The Electronic Intifada, en anglais.

LIBAN

Nabih Berry réitère le refus de toute implantation des réfugiés palestiniensL’Orient le Jour, le 18 janvier 2021
« Nous affirmons au nom du peuple libanais que nous refusons et résistons contre toute tentative d’imposer la naturalisation [des réfugiés palestiniens], sous n’importe quelle appellation, [qui vise à] faire échouer le droit au retour et annihiler la cause palestinienne », a déclaré le chef du Parlement Nabih Berry, qui participait par visioconférence à la conférence parlementaire internationale de soutien à l’intifada palestinienne, organisée à Téhéran. Ajoutant, en référence au plan de paix de l’administration Trump : « Nous refusons tout pot-de-vin conditionné par un abandon de nos engagements vis-à-vis de la cause palestinienne ».

DROIT AU RETOUR

B’Tselem brise le tabou de « l’apartheid » israélien, mais…Maureen Clare Murphy, The Electronic Intifada, le 13 janvier 2021, en anglais
Un régime de suprématie juive entre le Jourdain et la mer Méditerranée, c’est un apartheid ». Le titre du rapport publié le 12 janvier par l’organisation israélienne de défense des droits humains B’Tselem fait écho à ce que leurs homologues palestiniens ont déclaré pendant des décennies. Mais un aspect clé du régime d’apartheid d’Israël négligé dans ce constat pourtant détaillé est le déni du droit des réfugiés palestiniens au retour – une forme d’« ingénierie démographique » qui avait été reconnue dans le rapport de la CESAO (Commission économique et sociale des Nations unies pour l’Asie occidentale) en 2017, dont la censure par l’ONU avait provoqué la démission de Rima Khalaf qui l’avait supervisé.
Le rapport de B’Tselem sur le site de l’AFPS, traduction en français par l’Aurdip.

La solution à un État et le droit au retour des réfugiésAwad Abdelfattah et Jeff Halper, The Electronic Intifada, le 17 décembre 2020, en anglais
« Droit de retour, de restauration et de réintégration dans la société. L’État démocratique unique mettra pleinement en œuvre le droit au retour de tous les réfugiés palestiniens qui ont été expulsés en 1948 et par la suite, qu’ils vivent en exil à l’étranger ou vivent actuellement en Israël ou dans le territoire occupé. L’État les aidera à rentrer dans leur pays et vers les lieux d’où ils ont été expulsés. Cela les aidera à reconstruire leur vie personnelle et à être pleinement réintégrés dans la société, l’économie et la politique du pays. L’État fera tout ce qui est en son pouvoir pour restituer aux réfugiés leurs biens privés et communaux et/ou les indemniser. »
Tel est le troisième des dix points du programme politique de l’ODSC, la Campagne pour un État démocratique unique entre le Jourdain et la mer Méditerranée, un État qui verra le retour des réfugiés palestiniens dans leur pays. Lancée depuis Haïfa au cours des trois dernières années par des Palestiniens de toutes les communautés avec leurs alliés juifs israéliens anti-coloniaux, cette initiative tente de remplacer la « résolution du conflit » par le « processus de décolonisation, plus approprié et plus juste ».

Donner aux Palestiniens un aperçu de leur maison
Amjad Ayman Yaghi, The Electronic Intifada, le 14 janvier 2021, en anglais
La plupart des Palestiniens vivant à l’étranger – en particulier ceux des camps de réfugiés – ne peuvent pas se rendre en Palestine. Ceux qui détiennent un passeport américain ou européen sont un peu plus chanceux dans la mesure où ils peuvent faire des voyages chez eux. Tarek Bakri, un chercheur basé à Jérusalem, facilite ces visites. Il reçoit régulièrement des photographies anciennes de Palestiniens déracinés pendant et après la Nakba ou de leurs descendants. En utilisant des informations de base, il part à la recherche des maisons de ces familles. Dans de nombreux cas, lui et son équipe se sont arrangés pour que les gens voient leur maison.

Une base de données sur les propriétés volées par Israël rendue publiqueNasser Qudwa, Middle East Eye, le 29 décembre 2020
Une base de données exhaustive recensant les propriétés privées appartenant aux réfugiés palestiniens, aux églises et aux donations islamiques (waqf), ainsi qu’à des propriétaires non palestiniens dans le territoire occupé par Israël en 1948 a récemment été rendue publique. Selon Nasser Qudwa, directeur de la Fondation Yasser Arafat, elle est issue des travaux de la Commission de conciliation des Nations unies pour la Palestine, créée en 1948 après l’assassinat du médiateur suédois Folke Bernadotte à Jérusalem par des sionistes du groupe Stern. Constituée principalement à l’aide des registres fonciers et fiscaux britanniques, dénombrant 210 000 propriétaires et 540 000 parcelles de terrain, comprenant environ 6 000 cartes, elle a été mise à jour et numérisée par la Fondation Yasser Arafat.

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