Palestine, territoire en Images au Mucem

samedi 11 mars 2017 : 11h30

samedi 11 mars 2017

[*11h30 [Palestine] De la participation*]
De Sandi Hilal (architecte, urbaniste, artiste)

La réunion était un vrai chaos. Tout le monde criait et personne ne s’écoutait pendant que plusieurs questions relatives aux camps étaient abordées et ardemment discutées. L’architecte savait qu’il serait difficile d’évoquer l’idée d’un nouveau projet pour l’école. Alors qu’elle se disait que le moment était peut-être mal choisi pour aborder ce sujet, un homme la regarda et lui demanda : « Qui êtes vous ? »
« Je suis l’architecte. »
« C’est une plaisanterie ? Qu’attendez-vous de nous, madame l’architecte ? »
Nerveuse, elle répondit – tout en souhaitant disparaître de cette pièce : « J’ai été envoyée par l’Office de secours et de travaux des Nations unies, afin de travailler sur le réaménagement de l’école de garçons. »
L’assemblée s’exclama en chœur : « Quoi ?! »

Architecte basée à Bethléem, Sandi Hilal a longtemps travaillé avec l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). Elle a enseigné à l’Al-Quds Bard University d’Abu Dis-Jérusalem. Elle est membre fondateur, avec Alessandro Petti, de Decolonizing Architecture Art Residency (DAAR), à la fois studio d’architecture et programme de résidences artistiques basé à Beit Sahour en Palestine. Parallèlement, Petti et Hilal ont fondé Campus in Camps, un programme éducatif expérimental dans le camp de Dheisheh à Bethléem. Ils ont coécrit l’ouvrage Architecture after Revolution (2014) avec Eyal Weizman.

En 2006, Sandi Hilal a obtenu un doctorat à l’Université de Trieste. Elle a notamment été publiée dans The New York Times, The Guardian, Il Manifesto, Al-Ayyam, Al-Quds, Art Forum, et Archis.

[*14h30 - [Palestine] The Shooter*]
8 min - Palestine - 2007 - de Ihab Jadallah
Avec Bashar Hasuneh, Laura Ribeiro, Ihab Jadallah

La Palestine est occupée par les médias du monde entier. Elle est le théâtre d’histoires sensationnelles mettant en scène des gentils, des méchants, des victimes et des spectateurs.
Les Palestiniens sont ainsi devenus les « acteurs » des journaux télévisés à grand spectacle…
Dans ce court film satirique, ils pourraient toutefois sortir des rôles et des clichés que les médias leur ont assignés !

Producteur et réalisateur, le Palestinien Ihab Jadallah est basé à Jérusalem. Il a étudié la communication audiovisuelle à l’Université de Valence (Espagne) et le cinéma à la Escola de Cinema & Audiovisuales de Catalunya, de l’Université de Barcelone.
Il a écrit, réalisé et produit plusieurs courts-métrages et documentaires, dont Looking for Zak (2009) et The Flower Seller (2010). Il travaille actuellement au long-métrage Dead Sea.

[*15h [Palestine] Nazareth 2000*]

55 min - Palestine/Pays-Bas - 2001 - De Hany Abu-Assad

Si la ville de Nazareth a joué un rôle éminent dans l’histoire du christianisme, elle est aujourd’hui majoritairement peuplée de musulmans. La plus grande partie des terres reste toutefois la propriété d’institutions chrétiennes, ce qui n’est pas sans créer des tensions…
Tourné alors que des émeutes opposaient chrétiens et musulmans revendiquant un même espace public, ce film s’intéresse plus particulièrement à deux employés d’une station-service, travaillant depuis plusieurs années dans le quartier où le réalisateur a passé son enfance.
Hany Abu-Assad dresse ainsi le portrait caustique et poétique d’une ville malade d’un système politique en faillite.

Né à Nazareth en 1961, Hany Abu-Assad est producteur et réalisateur. Il est l’auteur de plusieurs films dont The Fourteenth Chick (1998), Nazareth 2000 (2001), Le Mariage de Rana (2002), Ford Transit (2002), ou encore Paradise Now (2005). Ce dernier a remporté le Golden Globe du « meilleur film en langue étrangère » en 2006. En 2011, Hany Abu-Assad réalise The Courier (avec Jeffrey Dean Morgan, Til Schweiger et Mickey Rourke), et en 2013 son nouveau long-métrage Omar est présenté dans la section « Un certain regard » du Festival de Cannes, où il remporte le prix du jury. Ce même film a remporté aussi le prix du meilleur film au Festival de Dubaï. En 2015, Hany Abu-Assad achève son sixième long-métrage, The Idol, inspiré de l’incroyable parcours de Mohammed Assaf, un chanteur originaire de Gaza qui a remporté le télé-crochet Arab Idol en 2013.

[*16h [Palestine] Anne-Marie Filaire / Rasha Salti*]

En écho à l’exposition Zone de sécurité temporaire, actuellement visible au Mucem, la photographe Anne-Marie Filaire revient, avec la commissaire Rasha Salti, sur le travail artistique qu’elle réalise depuis plus de 15 ans dans les espaces « frontières » et autres « zones tampons » du Moyen-Orient.

« Je parle ici d’images, des images que je réalise dans ces lieux depuis plusieurs années. Ce travail devient pour moi une question aujourd’hui au moment où la séparation est un ‘‘fait accompli’’, où l’accès aux Territoires est de plus en plus difficile, je pense à Gaza inaccessible et au manque que ces images font subir. L’image est aujourd’hui empêchée, sous contrôle. En Occident on ne reçoit plus d’images de Gaza, des Territoires, après en avoir été abreuvé par un flot continu et orchestré. »
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(Israël-Palestine, J’écris sur une frontière dont l’opacité bouleverse le regard (extrait), Anne-Marie Filaire, mai 2007).

Depuis ses premières séries initiées en 1993 dans sa région natale en Auvergne, jusqu’aux poudrières du Moyen-Orient, Anne-Marie Filaire construit depuis plus de 20 ans une oeuvre dense, engagée aussi rigoureuse qu’empreinte de poésie. Son travail photographique, tourné vers le paysage, se situe particulièrement dans les zones dites « frontières », « zones tampons », au Moyen-Orient, en Asie du Sud-Est, en Afrique de l’Est et en Europe. En 1999, elle entame parallèlement un travail qui l’emmène vers le Proche-Orient (Israël-Palestine), s’attachant à observer les espaces comme une entité physique, chargée d’histoire et de temps. Durant près de dix ans, elle n’aura de cesse d’arpenter ces territoires, de les documenter à la manière d’une géographe, prélevant les indices du temps dans des paysages politiques en mouvement. Ses recherches se poursuivent vers d’autres pays marqués par l’histoire et leurs conflits, tels que le Liban, le Yémen, l’Erythrée et le Cambodge. Poursuivant son travail dans le monde Arabe, elle s’oriente en 2007 vers l’environnement d’adolescentes et leurs espaces intimes, aux Emirats-Arabes Unis, puis en Palestine (Gaza). Peu à peu, cette quête l’a conduit vers l’image en mouvement et elle réalise des entretiens filmés avec la jeunesse au Moyen-Orient (Egypte, Algérie), dans le contexte des révolutions. En 2012, elle aboutit cette recherche par une importante série sur les portes blindées à Alger.

Ses dernières investigations au Moyen-Orient l’emmènent à la frontière Jordano-Syrienne en 2014 où elle réalise un travail sur le camp de réfugiés Syriens d’Azraq.

[*17h [Palestine] Inverted Vistas*] :
Par Yazid Anani (architecte, universitaire, commissaire)

« Les arbres étaient nos immigrants par procuration, les forêts notre implantation. Et alors que nous supposions qu’une pinède était plus belle qu’une colline dénudée par les troupeaux de chèvres et de moutons, nous ne savions pas exactement à quoi servaient vraiment tous ces arbres. Ce que nous savions, c’est qu’une forêt enracinée était l’exact opposé d’un paysage de sable, de roche et de crasse rouge soufflée par les vents. » (Simon Schama, Landscape and Memory, New York, 1995)

Lors de cette présentation, il sera question d’analyser comment l’Autorité palestinienne a progressivement réinventé l’esthétique et l’identité visuelle de la Palestine, créant ainsi une rupture avec l’histoire classique de la libération.

Né en 1975 à Ramallah, Yazid Anani enseigne l’architecture et l’aménagement urbain à l’Université de Beir Zeit en Palestine. Il a présidé le conseil académique de l’Académie internationale des arts de Palestine de 2010 à 2012. Il est membre de plusieurs collectifs (comme Decolonizing Architecture) et a été le commissaire de nombreuses expositions (Urban Cafés ; Palestinian Cities - Visual Contention ; Cities Exhibition, etc.). Il est enfin l’auteur de plusieurs ouvrages traitant de l’architecture et des transformations urbaines, des espaces coloniaux et des rapports de pouvoir, ou encore de l’art dans l’espace public et de l’éducation artistique.

[*19h [Palestine] The Neighbour before the House*]
1h - Palestine - 2009
De CAMP (Réalisation : Shaina Anand avec Ashok Sukumaran, Nida Ghouse, Mahmoud Jiddah, Shereen Barakat and Mahasen Nasser-Eldin)

Le collectif CAMP a confié à des résidents palestiniens de Jérusalem Est un équipement de vidéosurveillance afin qu’ils observent leur environnement. Pour une fois, le rapport à la surveillance s’inversait : les Palestiniens avaient le contrôle des caméras, installées sur leurs maisons. Les images ainsi réalisées montrent la curiosité, le doute et les plaisanteries qui président à l’acte de « surveillance ». Les mouvements de caméra indiquent comment les Palestiniens décident de ce qui doit être vu… Ils filment de proches sites archéologiques, leurs maisons, la barrière de séparation israélienne, ainsi que d’autres lieux ordinaires de l’occupation de Jérusalem Est.
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Fondé à Bombay en 2007, le studio CAMP combine vidéos, logiciels, archives et programmes informatiques libres et participatifs, avec un large intérêt pour les technologies, le cinéma et la théorie. CAMP produit et soutient des projets artistiques sur le long terme et parfois à grande échelle. Leurs travaux ont prouvé à quel point l’expérimentation technique et les formes artistiques peuvent se rencontrer.

CAMP a présenté ses travaux dans plusieurs lieux prestigieux à travers l’Inde, mais aussi au MoMA et au New Museum (New York), aux galeries Serpentine et Gasworks (Londres), à l’Asia Art Archive et au M+ (Hong Kong), à la documenta 13 (Kassel)… Ainsi que dans les rues et les marchés de Bangalore, New Delhi, Bombay, San Jose, Dakar, Mexico City et Jérusalem Est. Leur long-métrage documentaire expérimental From Gulf to Gulf to Gulf a obtenu une mention spéciale du jury au FIDMarseille 2013 et a été sélectionné, entre autres, au BFI London Film Festival, au DocLisboa et à la Viennale.

[*21h [Palestine] A Post-Oslo History*]
8 min - Palestine - 2001 - D’Annemarie Jacir

Un court moment au check-point de Bethléem, cinq ans après la signature des accords « de paix » d’Oslo : les restrictions à la liberté de mouvement des Palestiniens sont encore très contraignantes. Le calme avant la tempête, un rêve en suspens.

La réalisatrice palestinienne Annemarie Jacir évolue dans le cinéma indépendant depuis 1994. Elle a été citée par le magazine Variety comme l’un des visages de la « nouvelle vague » du cinéma arabe. Son premier long-métrage, Le Sel de la mer (2008), a été présenté en avant-première au Festival de Cannes et a remporté le prix FIPRESCI de la critique. Son second long-métrage, When I Saw You (2012), a été projeté à la Berlinale et a remporté de nombreux prix. Elle a aussi réalisé de nombreux courts-métrages, notamment A Post-Oslo History (1998), The Satellite Shooters (2001) et Like Twenty Impossibles (2003). Fondatrice de Philistine Films, Annemarie Jacir est par ailleurs monteuse et commissaire d’exposition.


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