2021 a vu l’émergence d’une nouvelle génération de Palestiniens

samedi 15 janvier 2022

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Les résidents palestiniens de Sheikh Jarrah, à Jérusalem, tiennent une conférence de presse pour annoncer leur refus total de l’offre israélienne de rester dans leurs maisons à condition qu’ils acceptent d’être des "locataires protégés" dans les propriétés présumées de l’organisation de colons israéliens Nahalat Shimon. Les habitants du quartier sont des réfugiés palestiniens de Jaffa, du district de Jérusalem et d’autres régions de la Palestine mandataire, dont le droit au retour est refusé par l’État israélien depuis 1948. Dans le même temps, des organisations de colons d’extrême droite s’emploient à les évacuer de leurs nouveaux logements de Sheikh Jarrah sous prétexte qu’il s’agit de "terres appartenant à Israël". Alors que la loi sur les questions juridiques et administratives, promulguée en 1970, permet aux colons israéliens de "reprendre possession" des propriétés, il n’existe aucune loi de ce type pour les millions de réfugiés palestiniens qui ont perdu leurs propriétés à travers le pays

Par Ramzy Baroud

De prime abord, 2021 semblait être une année comme les autres, marquée par une occupation israélienne sans pitié et une misère palestinienne sans fin. Bien que cela reste en grande partie vrai, les développements de l’occupation israélienne de la Palestine sont remis en question par un sentiment sans précédent d’unité populaire parmi les Palestiniens, non seulement à Jérusalem-Est, en Cisjordanie et à Gaza, mais aussi dans les communautés palestiniennes de la Palestine historique (*).

Un sentiment d’espoir prudent a finalement remplacé le sentiment dominant de désespoir ressenti les années précédentes. Un sentiment de renouveau et de volonté d’adopter de nouvelles idées politiques a vu le jour dans toute la Palestine. Pour exemple, selon un sondage réalisé par le Jerusalem Media and Communication Centre (JMCC) et publié le 22 novembre, il y a plus de Palestiniens en Cisjordanie soutenant la solution à un seul État que ceux qui soutiennent encore la solution à deux États, totalement obsolète, qui a dominé la pensée politique palestinienne pendant des décennies.

Une pandémie meurtrière

L’année a toutefois commencé par une toute autre question : la pandémie de Covid-19. En plus de durement impacter les Palestiniens vivant sous blocus et occupés, notamment dans la bande de Gaza, la pandémie a commencé à se propager parmi les prisonniers palestiniens.

En février, l’Autorité palestinienne, ainsi que des groupes et organisations internationaux de défense des droits de l’homme, ont critiqué Israël pour avoir bloqué l’accès aux vaccins Covid-19 dans la bande de Gaza soumise au blocus. Les vaccins Sputnik 5 ont fait l’objet d’une donation par la Russie, le premier pays à contribuer à la lutte contre la pandémie en Palestine.

Les communautés palestiniennes ont fini par accéder aux vaccins provenant du programme COVAX, mais la pandémie a continué à ravager la Palestine occupée, d’autant plus que les autorités israéliennes d’occupation ont continué à bloquer les mesures préventives palestiniennes et à démanteler les installations improvisées de lutte contre le Covid-19 dans les territoires occupés.

Selon le site Internet Worldometer, 4675 Palestiniens sont morts du Covid-19, tandis que 439 987 ont été testés positifs au virus.

Élections annulées

Comme l’année précédente, la crise politique israélienne a rapidement fait la une des journaux, la lutte pour le pouvoir entre le Premier ministre israélien du moment, Benjamin Netanyahu, et ses rivaux s’amplifiant, ce qui a conduit aux quatrièmes élections israéliennes en l’espace de deux ans.

Les élections de mars ont finalement changé le paysage politique israélien, grâce à une coalition gouvernementale très bigarrée et bricolée par le nouveau Premier ministre israélien, Naftali Bennett, le 13 juin. Cette coalition comprend même un homme politique arabe, Mansour Abbas, dont le parti politique a contribué à la formation du gouvernement.

Alors que Netanyahu et son parti, le Likoud, se sont rapidement retirés dans l’opposition, mettant fin à un règne de plus de 12 ans, les Palestiniens ont prévu leurs propres élections, qui ont été annoncées par le président de l’AP, Mahmoud Abbas, le 15 janvier.

Les élections parlementaires et présidentielles de l’AP étaient prévues pour le 22 mai et le 31 juillet, respectivement. Les deux tours de scrutin devaient être suivis d’un accord politique qui mettrait fin à la désunion politique palestinienne en assurant une représentation égale de tous les groupes politiques palestiniens, y compris le Hamas et le Jihad islamique, au sein d’une Organisation de libération de la Palestine (OLP) largement réformée.

Malheureusement, rien de tout cela ne s’est produit. Malgré des pourparlers positifs sur l’unité palestinienne au Caire pendant plusieurs semaines, Abbas a annulé les élections prévues, sous prétexte de protester contre le refus d’Israël de permettre aux électeurs palestiniens de Jérusalem-Est de participer aux scrutins.

En échange du blocage des efforts palestiniens visant à garantir un semblant de démocratie, même sous l’occupation israélienne, Abbas a été récompensé en réintégrant la liste des alliés de Washington.

En effet, les États-Unis ont repris leur aide financière aux Palestiniens en avril, promettant de rouvrir le bureau de l’OLP à Washington, qui avait été fermé par l’administration Trump, et s’engageant également à rouvrir son propre consulat à Jérusalem, qui avait également été fermé par Trump en septembre 2018.

Malgré ces gestes, qui ont servi à redonner de l’importance l’AP, après quatre années de marginalisation complète par les États-Unis, la nouvelle administration Biden n’a rien proposé pour un processus de paix renouvelé, ni fait pression sur Israël pour qu’il mette fin à son occupation ou qu’il ralentisse le rythme de l’expansion des colonies illégales en Palestine occupée.

En fait, le rythme de construction des colonies israéliennes a connu une croissance exponentielle en 2021, avec l’annonce en octobre du projet israélien de milliers de nouvelles unités de logement israéliennes en Cisjordanie.

De Sheikh Jarrah à Gaza

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