AFPS : Lettre du GT Réfugiés n°23 rentrée 2022

lundi 19 septembre 2022

Cette lettre veut se faire l’écho de l’actualité sur la question des réfugiés palestiniens – dans ses diverses dimensions – traitée par les médias et sites français et étrangers. Et faire connaître des analyses et points de vue d’organisations gouvernementales ou non. Les textes sélectionnés n’engagent que leurs auteur·e·s.

JPEG - 82.9 ko Dia Al-Azzawi, Sabra and Shatila Massacre, 1982-83. Technique mixte sur papier marouflé sur toile, 300 x 750 cm. Collection de La Tate Modern, Londres.

De nouvelles révélations sur Sabra et Chatila dans un rapport israélien
L’Orient le Jour, le 22 juin 2022
Le Yediot Aharonot, quotidien à grand tirage en Israël, a publié mi juin le rapport du journaliste israélien Ronen Bergman, dans lequel le rôle de l’État hébreu est une fois de plus mis en exergue dans le massacre perpétré dans les camps palestiniens de Sabra et Chatila au sud de Beyrouth, les 16, 17 et 18 septembre 1982. Des médias locaux ont publié de larges extraits de ce rapport, basé sur des archives du gouvernement israélien.

Sabra et Chatila : de l’imprudence à la préméditation
Dominique Vidal, Médiapart, le 14 septembre 2022
Si l’identité des tueurs – phalangistes – du terrible massacre dans les camps palestiniens de Sabra et Chatila, laissés sans protection par le retrait de la Force multinationale, est connue, la responsabilité d’Israël a longtemps fait débat. Et pourtant les preuves se sont accumulées : Ariel Sharon lui-même avait annoncé son intention d’en finir avec ces « terroristes ».

Sabra et Chatila : des rescapés racontent l’horreur qu’ils ont vécue
Paul Khalifeh, Middle East Eye, le 15 septembre 2022
Chaque récit recueilli à Sabra et Chatila confirme et complète le précédent. La propension à aller dans les détails montre à quel point cet événement reste vivant dans l’esprit des habitants quarante ans après. Malgré tout ce qui a été écrit et révélé, les milliers de morts et de survivants du massacre n’ont pas obtenu justice. Jamais personne n’a été condamné pour ce crime.

Sabra et Chatila 1982. Ce que l’art vient faire dans l’histoire
Sandra Barrère, Orient XXI, octobre 2019
Le vaste champ de l’art et de la littérature jette une lumière nouvelle sur les événements qui ont enténébré les camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila en septembre 1982. C’est ce que révèle Sandra Barrère dans ses travaux au sujet d’une tragédie qui, bien que fortement médiatisée n’en demeure pas moins entourée de silence. Sa thèse Écrire une histoire tue. Le massacre de Sabra et Chatila dans la littérature et l’art, présentée en juin 2019, s’intéresse aux fonctions politiques de la poétique.
Voir aussi : à propos du film Massaker. Sabra et Chatila par ses bourreaux, un entretien de Sandra Barrère avec les cofondateurs de UMAM Documentation & Research, Monika Borgmann et Lokman Slim, assassiné le 4 février 2021 au sud du Liban.

TERRITOIRE PALESTINIEN OCCUPÉ

Jabalia bombardé le 6 août
Unrwa, le 7 août 2022, en anglais
Cinq réfugiés palestiniens ont été tués dans le camp de Jabalia (Bande de Gaza) le 6 août, dont deux enfants qui fréquentaient les écoles de l’Unrwa. L’Office exprime ses plus sincères condoléances aux familles des personnes touchées par les dernières frappes aériennes de l’armée israélienne. La pénurie d’électricité et de carburant est très préoccupante, en particulier pour la continuité du fonctionnement des hôpitaux et des établissements médicaux et le dessalement de l’eau. Les habitants de Gaza ont reçu en moyenne quatre heures d’électricité par jour au début août.

Bande de Gaza : un tiers des habitants ont besoin d’un soutien psychosocial
ONU Infos, le 4 septembre 2022
17 enfants palestiniens ont été tués à Gaza en août. Les attaques israéliennes ont fait payer un lourd tribut à tous les jeunes de la bande de Gaza, selon Adele Khodr, directrice régionale du Fonds de l’ONU pour l’enfance (l’Unicef) pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (Ocha) signale une augmentation des troubles mentaux parmi la population de la bande de Gaza, en particulier chez les enfants. « Les symptômes courants sont la dépression et l’épilepsie, et d’autres cas liés à des maladies physiques chroniques sont d’origine psychologique », a déclaré le le Dr Yousef Shahin, chef du programme de prévention et de contrôle des maladies de l’Unrwa.

2022 est déjà l’année la plus meurtrière depuis 7 ans
AFPS, source Hagar Shezaf, Haaretz, le 0 mai 2022
C’est peu dire que la situation en Palestine est tendue. C’est peu dire aussi que ce qui s’y déroule est passé sous silence par la quasi-totalité des grands médias. Les jeunes Palestiniens sont particulièrement ciblés lors d’incursions nocturnes et brutales dans les camps de réfugiés et les villages alentours.
Voir AFPS :« En direct de Palestine », et voir (en anglais) les rapports hebdomadaires du PCHR (Palestinian Centre for Human Rights).

Le président du Freedom Théâtre de Jénine, Bilal al-Saadi, arrêté
Palestine 13, le 11 septembre 2022
Le président du Freedom Theatre de Jénine, Bilal al-Saadi, a été arrêté au checkpoint Zaatar sur sa route de retour de Ramallah où il a participé, avec Mustafa Sheta, le directeur du théâtre, à l’assemblée générale du réseau des arts vivants de Palestine. Communiqué du Freedom Theatre : « Cette arrestation arrive après des mois d’incursions, d’arrestations et d’attaques israéliennes redoublées dans le camp de réfugiés de Jénine et dans toute la Palestine. Elle met également en lumière la stratégie israélienne consistant à cibler les artistes et les personnes impliquées dans des organisations culturelles dans le but de détruire l’identité palestinienne et de mettre fin à l’utilisation de la culture comme forme de résistance. »

Kafr Kassem, 1956. Derrière le massacre, un plan d’expulsion
Baudouin Loos, journaliste à Bruxelles, Orient XXI, le 7 septembre 2022
Des archives longtemps censurées confortent ceux qui lient le sort des quelque cinquante victimes arabes israéliennes du massacre de Kafr Kassem en 1956, en Israël, à « un plan officiel secret annulé trop tard ». Le plan voulait forcer par la violence les Palestiniens israéliens de la région dite du « triangle » à fuir vers la Jordanie. La ténacité d’Adam Raz, un jeune historien de l’Institut Akevot de recherche sur les conflits israélo-palestiniens (et qui a révélé le massacre de Tantura), a finalement prévalu, cinq années après le lancement de sa requête en annulation de censure.

LIBAN

La lente reconstruction du camp de Nahr el-Bared
Billet Retour, reportage de Sofia Amara (en 2019), France 24, 16 minutes 25
En mai 2007, le camp de réfugiés palestiniens a été quasiment rasé par l’armée libanaise quand des membres du Fatah al-Islam sont venus s’y cacher après une attaque contre des militaires libanais. L’armée pénètre alors dans le camp, […] les combats durent plus de 100 jours et le camp de Nahr el-Bared est quasiment détruit. Une décennie plus tard, seulement la moitié des réfugiés sont revenus sur place, dans un camp encore à reconstruire. Un grand nombre de familles, « doublement réfugiées », attendent toujours dans des préfabriqués à l’extérieur du camp, dans des conditions très précaires.

UNRWA

L’UE annonce une aide de 261 millions d’euros (sur trois ans)
Commission européenne, Bruxelles, le 9 août 2022
Conformément à la déclaration commune UE-Unrwa pour la période 2021-2024, la Commission européenne a adopté une contribution pluriannuelle de 261 millions d’euros pour la fourniture de services essentiels aux réfugiés palestiniens. En spécifiant toutefois que « l’UE soutient l’Unrwa afin de faire progresser les réformes internes visant à garantir une base financière saine et durable, notamment par un recentrage sur les services de base destinés aux populations les plus vulnérables ».

L’UE confirme une contribution de 97 millions d’euros pour 2022
UNRWA, le 16 août 2022, en anglais
Le représentant de l’Union européenne en Cisjordanie et à Gaza, M. Sven Kühn von Burgsdorff, et des représentants d’autres États membres de l’UE ont visité le 16 août l’école préparatoire de l’Unrwa dans le camp de réfugiés de Beach Palestine. Cette visite a coïncidé avec la signature de la contribution annuelle de l’UE au budget de l’Office pour 2022. La délégation a été reçue par le Directeur des affaires de l’Unrwa à Gaza, Thomas White, et ses équipes. Au cours de la « récente escalade », 48 Palestiniens ont été tués, dont 17 enfants, et quelque 450 personnes ont été déplacées, certaines trouvant refuge dans des écoles de l’Unrwa.

L’UNRWA rejette les rapports fallacieux d’IMPACT-se
Badil, le 28 juillet 2022, en anglais
Badil (Resource Center for Palestinian Residency and Refugee Rights) félicite l’Unrwa d’avoir rejeté les fausses allégations d’IMPACT-se (Institute for Monitoring Peace and Cultural Tolerance in School Education) selon lesquelles l’Office « utilise sciemment du matériel éducatif en dehors des valeurs de l’ONU ». La Commissaire générale adjointe de l’Unrwa, Leni Stenseth, a déclaré qu’IMPACT-se, organisme ayant des liens étroits avec le gouvernement israélien, est bien connu pour ses rapports sensationnalistes. De son côté, l’Institut Georg Eckart juge qu’ils sont d’IMPACT-se « marqués par des conclusions généralisées et exagérées basées sur des lacunes méthodologiques ». Ses études sur les manuels scolaires palestiniens sont truffés d’insinuations visant à contraindre la communauté internationale des donateurs à faire pression sur l’Autorité palestinienne et sur l’Unrwa, pour qu’ils modifient le programme enseigné aux étudiants palestiniens.

Un don d’un million de dollars de la Chine
Agence Xinhua, le 14 septembre 2022
L’Unrwa a annoncé avoir reçu un don d’un million de dollars de la Chine au profit de l’éducation des enfants en Cisjordanie. Ce don vise à fournir aux petits réfugiés un accès à « une éducation de base de qualité, inclusive et équitable », permettant d’éduquer cette année environ 9 200 élèves dans 19 écoles de Cisjordanie pendant deux mois.

Genèse, activités et défis actuels de l’UNRWA
Marie Colonna Renucci, Diploweb, le 11 août 2022
Synthèse d’une conférence du 2 juin 2022 sur la genèse de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (Unrwa), co-organisée par le GRAM (Groupement de recherche sur l’action multilatérale) et l’AFNU (Association française pour les Nations unies).
Les propos tenus sont de la responsabilité de leurs auteurs.

CULTURE

La cuisine, une cible de la conquête coloniale
Joseph Massad, Middle East Eye, le 14 juillet 2022
De nombreux Arabes s’indignent à juste titre de la transformation des plats palestiniens en « cuisine israélienne » dans les pays occidentaux. Alors que le falafel, le houmous, le taboulé, le maftoul, le mélange d’épices zaatar à base d’hysope palestinienne, la salade paysanne fallahi, le knafeh nabulsi et d’autres spécialités ont été repris – ou plus exactement volés – par les colons juifs d’Israël au fil des décennies, tout un tas de justifications ont vu le jour dans la presse occidentale.