Accord de gouvernement en Israël : derrière le Covid-19, l’annexion et l’apartheid

mercredi 29 avril 2020

L’accord de gouvernement scellé le 20 avril entre les deux rivaux d’hier, Benyamin Netanyahou et Benny Gantz, sous prétexte d’union nationale contre le Covid-19, va plus loin que les trahisons et reniements dont la politique israélienne nous donne régulièrement le spectacle, et dont Benny Gantz est le dernier et pitoyable acteur.

JPEG - 177.8 ko

Cet accord prévoit en effet que les seules lois qui seront votées dans les six premiers mois de ce gouvernement ne concerneront que la lutte contre le Covid-19… à une seule exception près : l’annexion par Israël de la Vallée du Jourdain et du territoire des colonies israéliennes en Palestine occupée, qui pourra être présentée à la Knesset (le parlement israélien) à partir du 1er juillet. Si l’on y ajoute le renoncement par Benny Gantz à toute modification de la loi d’apartheid dite « loi État nation du peuple juif », tous les masques sont maintenant tombés.

Quant à la priorité affichée par Israël pour la lutte contre l’épidémie de Covid-19, il faut souligner le manque de moyens alloués à la population des Palestiniens d’Israël, les entraves délibérées des forces israéliennes à l’action des services de santé palestiniens notamment à Jérusalem Est et les exactions des colons qui attaquent la population et cherchent, de manière monstrueuse, à lui transmettre l’épidémie.

En pleine crise mondiale du Covid-19, et alors que de nombreuses voix appellent partout dans le monde aux valeurs de justice, de solidarité, et de paix, l’État d’Israël et la plus grande partie de sa classe politique ont fait le choix inverse : la mise en œuvre de leur projet de conquête territoriale au détriment du peuple palestinien et la perpétuation d’un régime d’apartheid, y compris sur le plan sanitaire.

Même si le projet d’annexion est dans le droit fil du « plan Trump », ce sont des décennies de lâcheté et de renoncement de l’ensemble de la « communauté internationale » qui ont amené à cette situation. Le danger est imminent pour le peuple palestinien, pour ce qui restait encore des perspectives de paix, pour les principes mêmes du droit international, celui qui nous protège de la loi du plus fort, celui qui évite que nous tombions dans la loi de la jungle. Ce sont aussi nos valeurs fondamentales qui sont en jeu.

L’Association France Palestine Solidarité appelle toutes les personnes de conscience à se mobiliser contre les projets iniques du futur gouvernement israélien, et prendra des initiatives dans ce sens avec ses partenaires. Elle appelle le président de la République, le gouvernement français, les institutions et dirigeants européens, à condamner de manière claire le « plan Trump » et à prendre des mesures concrètes contre le gouvernement israélien tant qu’il n’aura pas renoncé à ses projets d’annexion.

Le Bureau national de l’AFPS, 21 avril 2020
JPEG - 13.4 ko

Voir aussi
la position de l’UJFP (Union Juive Française pour la paix

Inquiétant mais pas surprenant !

Modèle de lettre à envoyer aux élus, députés (adresses sur le site de l’assemblée nationale), sénateurs (adresses sur le site du sénat) :

Madame la députée, Monsieur le député, (ou sénateur, sénatrice)
Permettez-nous d’attirer votre attention sur la situation gravissime créée par la perspective de constitution d’un nouveau gouvernement israélien ouvertement annexionniste.

La Palestine s’efforce, avec détermination mais des moyens extrêmement limités, de faire face à la pandémie de Covid-19 et tente pour ce faire de coopérer avec les autorités sanitaires israéliennes, en dépit de provocations quotidiennes des colons israéliens et de l’armée qui sont chaque jour documentées par des ONG israéliennes et palestiniennes.
C’est en invoquant cette crise sanitaire que Benyamin Netanyahou et Benny Gantz ont conclu un accord pour constituer un gouvernement. Pendant les six prochains mois censés être consacrés à l’urgence sanitaire, une seule décision politique est prévue : l’annexion des colonies israéliennes et notamment de la Vallée du Jourdain, programmée à partir du 1 er juillet. D’ici là, ils travailleront, en pleine coopération avec les Etats-Unis, à la préparer techniquement en précisant dans le détail les terres concernées.
Nous vous demandons, (Madame… Monsieur), d’intervenir auprès du gouvernement et du Président de la République pour que la France agisse pour faire barrage à cette violation du droit international qui bafoue la Charte de l’ONU et serait un nouveau pas dans la pérennisation de la situation d’apartheid.
Josep Borrell, Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, avait clairement averti que l’UE ne laisserait pas sans réaction une décision d’annexion. Et Benny Gantz avait été, en vain, invité par ces mêmes canaux européens à ne pas participer au jeu annexionniste dans un nouveau gouvernement.
La France, qui doit reconnaître sans plus attendre l’Etat de Palestine sur l’ensemble des territoires occupés en 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale, doit en même temps s’opposer à cette violation du droit avec tous les moyens dont elle dispose, en portant au sein du Conseil Européen des mesures de rétorsion économiques et politiques en cas d’annexion et en annonçant qu’elle suspendra toute coopération avec l’Etat d’Israël dans ce cas. Elle doit en tout état de cause donner un signal fort de l’exigence du respect du droit international en se prononçant pour l’interdiction de l’entrée de notre territoire aux produits des colonies israéliennes.
Dans cette attente, nous vous prions de croire (Madame, Monsieur) en notre profonde considération.