Ces paysages qu’Israël voudrait cacher : une exposition à voir à Tel Aviv

lundi 6 septembre 2021

Deux photographes israéliens ont contourné les impératifs sécuritaires et exposent à Tel-Aviv des vues aériennes de leur pays. Un acte aussi audacieux qu’instructif, décrypte le quotidien de gauche Ha’Aretz.

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Durant l’opération militaire israélienne de mai dernier dans la bande de Gaza [contre le mouvement palestinien Hamas], journalistes et chercheurs ont essayé d’obtenir des photos satellite de ce territoire. Mais ils se sont heurtés à une situation qui semblait provenir d’une époque révolue : des images granuleuses de faible définition. Bien que les photos satellitaires de Gaza et d’Israël fournies par les services gratuits de Google aient été récemment mises à jour, leur qualité reste nettement inférieure à celle des images d’autres parties du monde, y compris la Corée du Nord. L’explication réside dans une loi adoptée par le Congrès américain dans les années 1990 et qui limite la qualité et la disponibilité des images satellite commerciales de la région.
Des photos spectaculaires

Le musée d’Art de Tel-Aviv accueille actuellement une exposition qui illustre de manière frappante les effets de cet accès restreint à des photographies en haute définition. Anti Mippouï [“anticartographie”], de Miki Kratsman et Shabtaï Pinchevsky, propose des photos spectaculaires qui offrent une alternative aux outils officiels de cartographie, évidemment aux mains de l’État.

Des années durant, ces deux photographes [israéliens] ont sillonné le pays et accumulé de la documentation sur des lieux disputés, au sens propre comme au sens figuré, à la fois sur le terrain et dans la conscience collective israélienne : les villes et villages palestiniens détruits en 1948 [lors de la première guerre israélo-arabe (1948-1949), qui a fait suite à la création d’Israël], les villages bédouins non reconnus du Néguev [établis dans cette région semi-désertique du sud du pays, ils n’ont pas d’existence légale, ne figurent sur aucune carte et n’ont pas accès aux services publics comme l’eau ou l’électricité] et une série de lieux contigus au tracé de la ligne verte [la ligne d’armistice de 1949, qui a servi de frontière de facto jusqu’en 1967].

Grâce à plusieurs technologies innovantes, le tandem a créé une “anticartographie” détaillée d’Israël, c’est-à-dire une cartographie exhaustive des endroits que l’État tente depuis longtemps d’effacer, d’isoler ou de dissimuler.

Des drones pour remplacer les satellites

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