Compte rendu de la soirée "témoignage" à Martigues

mardi 29 novembre 2016

Invitée par le Collectif Palestine et le café associatif Le rallumeur d’étoiles, Claudette Castan se rend régulièrement en Cisjordanie pour participer à la récolte des olives aux côtés de familles palestiniennes.

La présence de ressortissants étrangers tempère l’usage de la violence dans une région où l’implantation de colonies israéliennes se poursuit à un rythme effréné.

« En octobre, je suis allée pour la huitième fois en Palestine, c’est un geste de solidarité pour conjurer la colère que j’ai de voir la situation des Palestiniens qui empire d’année en année » : Claudette Castan fait partie de ceux que les Palestiniens appellent les « Internationaux », ces personnes de différents pays qui choisissent de mener des actions de solidarité non violentes. Ainsi, chaque année, Claudette Castan se rend sur place « pour montrer aux paysans qui se sentent abandonnés par la communauté internationale qu’ils ne sont pas seuls ». Cette présence sur le terrain de militantes (« c’est essentiellement féminin », témoigne-t-elle) venues d’Angleterre, d’Islande, de Suède, du Canada… est d’autant plus importante que les oliviers sont « régulièrement arrachés, tronçonnés ». L’olivier comme symbole de paix échappe manifestement à l’armée israélienne et aux colons...

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Claudette Castan considère cette action comme « un geste de solidarité pour conjurer la colère ». Photo J.-F.A.

« On va vers une annexion complète »

« C’est aussi la seule production annuelle, c’est vital pour les familles car il n’y a que quelques endroits où on peut faire du maraîchage », précise Claudette Castan. Au fil des ans, elle a pu constater « la progression hallucinante » du nombre de colonies en Cisjordanie : « Pendant qu’on y était, le ministre de l’Education s’est permis une saillie du style "dépêchons-nous de tout prendre", on va vers une annexion complète et les colons sont très violents. C’est problématique parce que certains champs sont proches des colonies ou à l’intérieur d’elles. »

La présence des « Internationaux », ressortissants de pays qui ne sont pas directement engagés dans le conflit, a aussi le mérite d’avoir un effet dissuasif sur l’usage de la violence. « En Cisjordanie nous rejoignons une ONG anglaise (International Women Peace Service) qui est présente sur des périodes de deux fois quatre mois : contrairement à ce que l’on croit, il est très facile d’aller en Palestine, en passant par Tel Aviv plutôt que par la Jordanie, mais il ne faut jamais dire qu’on va en Cisjordanie », poursuit-elle.

De ces missions, Claudette Castan a ramené des centaines de photos et des cartes de l’ONU éditées par un organisme pour les affaires humanitaires. Elles « témoignent » à leur manière de l’inexorable grignotage de la Cisjordanie par les colonies... et de la perspective des deux Etats qui s’éloigne. Et ce n’est probablement pas l’élection de Donald Trump, auteur de déclarations à la gloire de Benjamin Netanyahou, qui ouvrira une nouvelle fenêtre sur l’espoir.

Jean-François Arnichand
agmartigues@lamarseillaise.fr
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