« Crime et châtiment dans la colonie de Homesh en Cisjordanie », par Gideon Levy

mercredi 29 décembre 2021

Meurtre d’un colon israélien, en Cisjordanie occupée. Alors là, les médias se réveillent. Il y a eu 9 morts palestiniens et de nombreux blessés dans les semaines précédentes, attaqués par des colons ou par l’armée d’occupation, parce qu’ils résistaient pacifiquement au vol de leurs terres. Mais cela, motus, n’a intéressé personne. Le journaliste israélien, Gidéon Levy, résume bien la situation dans le quotidien Haaretz.

JPEG - 38.2 ko Attaque de colons dans le Nord de la Cisjordanie

« Des soldats israéliens se tiennent entre des Palestiniens et un colon juif à la suite d’une attaque de colons contre le village cisjordanien de Burqa, vendredi. Le crime est Homesh, le meurtre de Yehuda Dimentman est la punition. La plupart des Israéliens voient les choses différemment, car c’est ce qu’on leur dit : un beau jour, un étudiant de yeshiva (école religieuse juive NDLR) est assassiné sans que ce soit sa faute, uniquement parce qu’il était juif et que ses tueurs assoiffés de sang étaient nés pour tuer. Les Palestiniens sont toujours dans le rôle des méchants ; les Juifs sont toujours les victimes.

C’est une version réconfortante, mais elle n’a aucun lien avec la réalité. S’il y a un endroit en Cisjordanie où une attaque n’est pas venue de nulle part, sans raison ni contexte, Homesh est cet endroit. S’il y a un endroit où les Palestiniens n’ont aucun moyen de récupérer leurs terres, sauf par la violence, Homesh est cet endroit. Et s’il y a un endroit où les colons, la droite, le gouvernement et l’armée font tout ce qu’ils peuvent pour provoquer cette effusion de sang, Homesh est cet endroit. Le sang de Dimentman est aussi sur leurs mains.

« Pourquoi, pourquoi, pourquoi ? » a déploré le colon Ariel Danino de Kumi Uri sur Twitter. Kumi Uri est un avant-poste dont les habitants attaquent également les soldats et la police. Et voici pourquoi : Le gouvernement israélien a décidé d’évacuer Homesh lors du désengagement de Gaza en 2005. Huit ans plus tard, la Haute Cour de justice a ordonné à l’État d’annuler les ordonnances d’appropriation et de fermeture de la zone émises contre les Palestiniens. Les colons, soutenus par l’armée, le gouvernement et la droite, y ont établi une yeshiva.

Pendant des années, nous avons essayé d’approcher Homesh à plusieurs reprises. Des colons armés et masqués sortaient toujours de cette « pure maison de la Torah » et nous chassaient avec des menaces. Leur rabbin regardait de loin et n’intervenait pas. Quand nous sommes arrivés là-bas après la décision de la Haute Cour avec quelques propriétaires terriens de Burqa, ils n’ont pas osé sortir de leur voiture.

Je n’ai jamais vu de Palestiniens aussi effrayés que ce groupe d’agriculteurs, qui depuis 35 ans n’ont pas été autorisés à entrer sur leurs terres. Pendant un instant, on espérait que justice serait faite tardivement.

Lire l’article complet ICI.