De Gaza à Marseille : l’art comme arme de résistance

lundi 15 novembre 2021

RENCONTRE
Le collectif Palestine en Résistance organise ce lundi une conférence-débat avec deux artistes venus de Gaza : Raed Issa et Mohammed Al Hawajri, sur le thème « quelle création dans une prison à ciel ouvert ».
Comment travaille-t-on son art depuis un territoire sous embargo ? Les artistes Raed Issa et Mohammed Al Hawajri sont invités par le collectif Palestine en Résistance à prendre la parole sur le sujet depuis la librairie Transit. Les deux hommes sont les co-fondateurs du groupe Eltiqa, créé en 2002 par sept plasticiens du camp de réfugiés de Bureij, situé dans la partie centrale de la bande de Gaza.
Ici, à Marseille, ils ont un but précis : « Donner une autre image de Gaza que celle qui est véhiculée par les médias », explique Mohammed Al Hawajri, artiste spécialisé dans l’art digital. « C’est difficile d’être dans les camps, la vie est en gris. Alors, dans mes peintures, j’essaie de mettre de la couleur », lance Raed Issa, peintre. Tous deux se disent inspirés par la mer, le soleil, les humains et l’amour. Bref, la vie. Pourtant, « on ne peut pas fermer les yeux sur ce qu’il se passe autour de nous », souligne Raed Issa.
« Notre engagement est de continuer à lutter contre les conditions très dures et les obstacles, en utilisant les plus belles couleurs et le langage le plus simple », est-il ainsi écrit sur le site du collectif Eltiqa. L’art est pour eux un moyen de s’exprimer, de témoigner des conditions de vie dans les camps et surtout de résister. « Pour que Gaza soit libre comme ici », martèle Raed.
Car en tant qu’artistes, palestiniens, vivants dans la bande de Gaza, leur activité est directement impactée par les restrictions imposées par Israël sur la population palestinienne et le blocus qui dure depuis plus de quinze ans. Les artistes doivent composer quotidiennement avec le manque de matériel : « Avec nos ressources limitées, nous avons réussi à composer un corps afin de nous entraider et faire évoluer cette idée par nos propres moyens, malgré les conditions très difficiles dans lesquelles nous vivons ».
« On ne trouve pas ça ailleurs en Europe »
Les deux artistes ont passé quelques jours à Marseille durant lesquels ils ont été accueillis par le collectif Palestine en Résistance. « Nous avons visité Paris et d’autres villes européennes mais Marseille est celle qui se rapproche le plus de Gaza », témoigne Mohammed, « le soleil, la mer et la gentillesse des gens, on ne trouve pas ça ailleurs en Europe », ajoute-t-il. « J’aimerais bien rester », s’amuse Raed, avant de reprendre : « Nous serions ravis de passer quelques mois ici, dans une résidence d’artistes ». Avec un but : « Rapprocher les sociétés civiles palestiniennes et marseillaises ». L’appel est lancé.
Laureen Piddiu
*La rencontre est ce lundi à 18h à la librairie Transit :51, bd de la Libération à Marseille