De la fondation d’Israël au combat pour les droits des Palestiniens, le destin de Hava Keller

samedi 8 février 2020

C’était une sacrée bonne femme, Hava Keller. Cette figure du combat pour la paix au Proche-Orient s’est éteinte à 90 ans, au tournant de l’an, le 31 décembre. Il y aurait de quoi écrire un roman sur celle qui a participé, les armes à la main, à la fondation de l’État d’Israël avant de devenir l’infatigable défenseuse des droits des Palestiniennes et des Palestiniens. Elle était une des fondatrice du mouvement féministe et pacifiste israélien Femmes en noir, qui manifeste chaque semaine contre l’occupation des Territoires.
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Le photojournaliste Oren Ziv lui a rendu hommage dans le magazine en ligne indépendant +972. La militante a également eu les honneurs du Jérusalem Post qui souligne son destin peu banal.

Née en 1929 à Łódź, en Pologne, Hava Keller fuit le pays avec sa famille, aidée par des amis allemands, en 1939, D’abord en Lituanie, puis, peu avant l’occupation nazie des Pays baltes, vers Tel Aviv. Dans ce qui est alors la Palestine, Hava Keller rejoint la Hagana, organisation paramilitaire sioniste qui est l’ancêtre, avec d’autres milices, de l’armée israélienne. Elle est arrêtée à plusieurs reprises par les Anglais, alors qu’elle colle des affiches politiques. Dans les rangs de la Hagana, elle participe notamment à la conquête de Saint-Jean d’Acre. En 2006, elle témoigne de ce qu’elle a vu :

Après l’indépendance, retour à la vie “civile” pour Hava Keller qui se marie – elle est la mère du pacifiste israélien Adam Heller, cofondateur de Gush Shalom, le “Bloc pour la paix”. La destruction du village palestinien de Sumayriyyah, près duquel elle a contribué avec son mari Ya’akov à fonder le kibboutz Sarr, provoque chez elle une prise de conscience et le rejet du sionisme, racontera-t-elle plus tard.

Féministe, engagée à gauche, Hava Keller intensifie son militantisme au début des années 80, lors de la guerre du Liban. Lorsqu’éclate la première Intifada en 1988, elle fonde les Femmes pour les prisonniers politiques, qui manifesteront toutes les semaines devant la prison de Hasharon. Son combat pour les prisonnières palestiniennes, auxquelles elle apporte aussi des vêtements chauds et autres produits de première nécessité, est alors connu loin à la ronde, y compris du “terroriste” Yasser Arafat, exilé à Tunis.

Malgré une santé défaillante, Hava Keller a continué de manifester chaque semaine, en particulier avec les Femmes en noir, à Tel Aviv, mais également lors de rassemblements en Cisjordanie ou, en Israël, pour plus de justice sociale.

À sa demande, Hava Keller a été incinérée. Ses cendres ont été dispersées au large t

JPEG - 9.3 ko Emmanuelle Robert

Après des études de lettres et un parcours de journaliste, Emmanuelle Robert a travaillé dans la coopération au développement. Désormais active dans la communication, elle est aussi coach professionnelle et passionnée de course à pied.

Source :le Temps (journal Suissse)