En Cisjordanie, les permis de circuler, outil de clientélisation pour Israël

mercredi 3 août 2022

Des témoignages d’anciens conscrits israéliens, recueillis par l’ONG Breaking the Silence, montrent comment l’Etat hébreu distribue dans la plus grande opacité des autorisations de circuler afin d’obtenir la collaboration de certains notables palestiniens.

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En 2020, quand il a débarqué au sein de l’administration civile israélienne, le bras de l’armée qui gère les affaires courantes des Palestiniens, en Cisjordanie occupée, Nadav Koenig a vite compris que, pour être un bon officier, il lui fallait un Bnei siakh. En hébreu, ce terme signifie « interlocuteur ». « Un euphémisme qui désigne en réalité les collaborateurs » palestiniens, précise l’Israélien de 24 ans, qui a quitté l’armée en 2021.

En poste à Bethléem, dans le centre de la Cisjordanie, l’une de ses principales prérogatives consistait alors à distribuer des permis pour Israël, hors des canaux officiels, à ces collaborateurs et à leurs proches, en échange de leur loyauté. « C’est l’une des pratiques qui illustrent le plus la corruption de l’administration civile, affirme-t-il. Ce qui devrait être le droit élémentaire de chaque personne [circuler librement] devient le privilège d’un petit nombre. »

Son témoignage ainsi que ceux de plus d’une cinquantaine d’anciens soldats affectés au coordinateur des activités du gouvernement dans les territoires (Cogat), administration chargée de la Cisjordanie occupée et subordonnée à l’armée, ont été publiés par l’ONG de vétérans israéliens Breaking the Silence, dans un nouveau rapport intitulé « Régime militaire », sorti lundi 1er août.

Il offre un aperçu inédit de la bureaucratie de l’occupation israélienne et de ses pratiques arbitraires, dont le recours aux Bnei siakh. Ces derniers sont recrutés parmi les notables locaux : maires ou chefs de communauté, dignitaires religieux, responsables sécuritaires ou encore hommes d’affaires qui ont des intérêts avec Israël. A Bethléem et dans les environs, les Israéliens visent aussi les chrétiens qui sont « vus par les militaires comme des Occidentaux à qui on peut parler, note Nadav Koenig. Ils ramènent beaucoup d’argent à la ville. »

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