En Israël, le retour des fantômes du massacre de Kfar Qassem

vendredi 5 août 2022

Des transcriptions, récemment déclassifiées, du procès des soldats ayant abattu en 1956 cinquante Palestiniens d’Israël font voler en éclat la thèse jusque-là retenue d’une bavure isolée.

Nul n’ignore le massacre de Kfar Qassem en Israël. La tuerie de 1956, lors de laquelle cinquante Palestiniens d’Israël ont été abattus par des soldats pour avoir enfreint un couvre-feu dont ils ignoraient l’existence, a même fait l’objet d’excuses officielles de la part des autorités israéliennes. Elle est gravée dans la mémoire collective, comme une faute indélébile, certes, mais un crime isolé, dont les auteurs ont été jugés et punis.

Mais la publication, le 27 juillet, d’une partie des 7 000 pages de transcription du procès, en 1957, de onze des militaires israéliens impliqués dans le massacre, révèle une autre réalité. Les documents montrent que les soldats pensaient devoir aider à la mise en œuvre d’un plan de transfert forcé de Palestiniens citoyens d’Israël depuis le centre du pays vers la Cisjordanie voisine, alors sous souveraineté jordanienne. Le plan, baptisé « Hafarperet » (« la taupe », en hébreu), s’inscrivait dans la continuité de la Nakba, l’exode forcé de 700 000 Palestiniens à la création de l’Etat d’Israël. Il a finalement été abandonné, quelques heures avant le massacre de Kfar Qassem.

« Cette tuerie faisait partie d’un projet »



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