Face à la gronde populaire, l’Autorité palestinienne choisit la répression

mardi 20 juillet 2021

Depuis le décès de l’opposant Nizar Banat le 24 juin 2021, battu à mort par les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne (AP), la Cisjordanie vit au rythme des manifestations demandant le départ du président Mahmoud Abbas. Déjà critiquée pour son immobilisme en mai 2021, l’AP n’est plus qu’un régime autoritaire arabe sans État, collaborant avec les autorités d’occupation.

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La mort de l’activiste Nizar Banat le 24 juin 2021 après son arrestation par les services de sécurité palestiniens a suscité une vague de manifestations dans la rue palestinienne, réclamant le départ du président de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas. Ce meurtre — qui arrive après une tentative d’assassinat à laquelle Banat avait échappé quelques semaines plus tôt — a fait basculer les protestations du monde virtuel vers la rue. L’événement a été un catalyseur contre l’AP, mettant à nu son échec tant sur les plans social, économique que politique. De plus, les pratiques du gouvernement palestinien sont marquées depuis quelques années par des discours et des politiques sécuritaires dont la violence est en contradiction flagrante avec les attentes des acteurs sur le terrain. En retour, les formes de résistances émanant d’une société palestinienne sous occupation ont également évolué.

Les espaces sociaux palestiniens étaient principalement jusque-là un lieu d’expression contre le colonialisme israélien. Mais le contexte des dernières années les a fait évoluer, notamment avec la division interne et la mise en place de deux autorités en conflit : l’AP en Cisjordanie et le Hamas dans la bande de Gaza. Depuis, ces espaces sociaux ne cessent d’être traversés par des affrontements sur des questions comme l’opposition aux négociations et à la coordination sécuritaire avec Israël, les arrestations politiques et les atteintes à la liberté d’expression et aux libertés publiques.

Ces divergences croissantes marquent un fossé qui s’est creusé entre les politiques menées par les deux pouvoirs de Ramallah et de Gaza, et une partie conséquente de la société palestinienne. Cet abîme apparaît également dans les politiques visant à contenir les protestations en les institutionnalisant et en les récupérant, à travers l’apparition de nouvelles formes de censure afin de monopoliser ces espaces sociaux et de les occuper avec les discours et les pratiques des appareils du pouvoir. Ces tentatives de contrôle et de récupération s’inscrivent dans une conception officielle de ce que doit être la « représentation palestinienne », imposée comme la seule voie à même de susciter une quelconque solidarité mondiale. À cela il faut ajouter une neutralisation de la confrontation avec la politique coloniale israélienne et la réduction du combat palestinien à son aspect juridique et symbolique.

Or, depuis le début de la pandémie de la Covid-19, les scandales et les protestations contre les politiques de l’AP se succèdent. Pour contenir leur propagation, le gouvernement a eu recours au confinement, à un durcissement sécuritaire et à des discours moralisateurs. Mais la pandémie a mis à nu la fragilité des structures sanitaires palestiniennes. L’arrivée des doses de vaccin a été tardive et la campagne de vaccination a été entachée d’accusations de népotisme et de clientélisme. Nizar Banat avait d’ailleurs critiqué dans nombre de ses publications sur les réseaux sociaux le transfert des vaccins entre l’AP et Israël. Après une tentative d’assassinat à son encontre, ordre a été donné de l’arrêter.

Le pouvoir confisqué

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