Femmes arabes dans le piège des images

mercredi 29 septembre 2021

Des créatures faibles et opprimées disparaissant sous un tchador ou une burqa. Telle est l’éternelle représentation des femmes arabes que proposent les médias occidentaux, en mélangeant allègrement les contextes et les nationalités. Ces femmes seraient-elles donc hors de l’histoire ? Et si elles ne le sont pas, comment expliquer la grande régression qu’ont connue leurs droits au cours des dernières décennies ?

C’est bien connu : dans la culture arabe comme dans beaucoup d’autres, la femme incarne le sexe faible, l’autre sexe, le sexe inégal, le sexe qui n’hérite de rien, pas même de son nom de famille, le sexe qui peut apporter descendance ou déshonneur. Ma famille accueillit ma naissance avec des larmes. J’étais une fille, la cinquième de la famille, soit la cinquième déconvenue et, pour ma mère, la cinquième défaite. A côté de l’épouse de mon oncle, qui avait triomphalement donné le jour à dix inestimables garçons, elle faisait figure de femme maudite. Elle avait beau être plus belle, plus intelligente et plus digne que ma tante (et que les autres femmes de la famille), tous la considéraient comme la moins féconde, celle qui ne pouvait pas porter de bons fruits.

J’ai hérité de ces préjugés et de ces théories. Depuis l’enfance, je ne cesse d’entendre qualifier les filles — de la famille, du quartier et du monde entier — d’êtres impuissants, sans défense, condamnés par la nature à rester irrémédiablement faibles.

Il y a quelques mois, cependant, ma petite sœur a découvert que j’étais le seul membre de la grande famille Khalifa à figurer dans l’encyclopédie palestinienne. Avec un soupir d’aise, elle a souligné : « L’encyclopédie ne mentionne ni mon père, ni mon frère, ni mon oncle et ses dix fils miraculeux, ni aucun autre homme de la famille ; il n’y a que toi ! »

En tant que femme arabe, je suis passée par différentes phases. J’ai été transformée par certaines influences et j’ai contribué aux évolutions de la société. Même les familles arabes les plus conservatrices envoient maintenant leurs filles à l’école. Une fois formées, celles-ci deviennent enseignantes, médecins, ingénieures, pharmaciennes, écrivaines, journalistes, musiciennes ou artistes. Beaucoup semblent désormais indispensables à la collectivité, plus fortes, plus créatives et plus importantes que les hommes.

Pourtant, les médias occidentaux nous représentent comme d’horribles créatures enveloppées dans leurs tchadors, affublées de masques de cuir, telles les captives d’un harem dissimulées derrière leur voile. Je me demande pourquoi ils nous voient ainsi, figées dans une réalité univoque et immuable. Croient-ils vraiment qu’on nous a créées différentes du reste du genre féminin, incapables de changer ?

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