Israël. Crise politique, démocratie, colonisation

lundi 10 avril 2023

Avec ce « focus Israël », Orient XXI commence la publication d’une série d’articles inédits qui traitent des conséquences du mouvement d’opposition aux projets du gouvernement de Benyamin Nétanyahou, provisoirement suspendus lundi 26 mars 2023.

Par Alain Gresh
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Les défilés sont impressionnants par leur nombre, leur durée, la détermination de celles et ceux qui y participent. Le mot d’ordre est clair et unificateur : stopper la réforme constitutionnelle promise par la coalition d’extrême droite suprémaciste juive au pouvoir en Israël. Des officiers et des soldats se sont engagés dans le mouvement. Des centaines de réservistes de l’armée de l’air ont annoncé qu’ils ne participeraient plus aux périodes d’entraînement qu’ils faisaient régulièrement jusque-là. Des vétérans des services de sécurité intérieure (Shin Beth) ont manifesté devant la résidence d’un de leurs anciens chefs, le ministre de l’agriculture Avi Dichter. Des membres des commandos d’élite de l’armée israélienne (Sayeret Matkal) se sont joints aux protestations. Même les travailleurs des industries de l’information, dans lesquelles Israël excelle, ont condamné les réformes en cours. Et Benyamin Nétanyahou a été forcé le 26 mars au soir de suspendre ses réformes judiciaires, non sans avoir accordé au ministre fasciste Itamar Ben Gvir le droit de créer une milice à sa botte. Mais, pour l’instant le mouvement se poursuit.

Ceux qui tuent sans état d’âme

Comment ne pas s’en réjouir ? Pourtant, pour qui prend un peu de distance, ce qui frappe aussi c’est l’aveuglement de ce mouvement et le refus de voir les causes de la dérive autoritaire à l’œuvre qui n’a pas commencé avec le gouvernement de Benyamin Nétanyahou. Ces pilotes ne sont-ils pas les mêmes que ceux qui bombardent Gaza sans aucun état d’âme ? Les recrues des Sayeret Maktal se sont illustrées avant tout par l’assassinat de cadres palestiniens à l’étranger, comme les trois dirigeants de l’Organisation de la libération de la Palestine (OLP) à Beyrouth en 1972 ou celui du numéro deux du mouvement à Tunis, Abou Djihad (Khalil Al-Wazir) en 1988. Quant au Shin Beth, il se consacre depuis des décennies à la chasse aux militants palestiniens dans les territoires occupés et à leur « neutralisation » et, comme l’armée, il « couvre » des pogroms, comme celui qui s’est déroulé à Huwara. Et que dire de ces travailleurs des industries de haute technologie qui ont affiné les instruments de contrôle des Palestiniens avant de les exporter pour aider les dictatures à travers le monde ?

Si demain la réforme était définitivement rejetée, ils se réjouiraient tous de continuer à « faire leur devoir » — on peut même penser que l’immense majorité continuera à le faire, même si Benyamin Nétanyahou impose ses vues. Quant à la Cour suprême, il est bon de rappeler que, si elle est une garantie pour la majorité juive, elle s’est dans l’essentiel des cas rangée du côté des autorités quand il s’agissait de la colonisation et des droits des Palestiniens.

« Quel malheur c’est pour un peuple que d’en asservir un autre ! »

Réfléchissant sur l’oppression ........

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