Israël - Palestine, la troisième intifada a-t-elle commencé ?

vendredi 21 avril 2023

Ce mardi 4 avril, la police israélienne est violemment intervenue sur l’esplanade des mosquées, lors d’une nuit marquée par des affrontements, alors que des fidèles palestiniens s’y trouvaient pour Itikaf, une retraite spirituelle pendant le mois du Ramadan. Ce type de violences se répète chaque année à Jérusalem-Est depuis 2021. Dans la journée, ce jeudi 6 avril, l’armée israélienne a bombardé le territoire libanais pour la première fois depuis avril 2022, après que plusieurs dizaines de roquettes ont été tirées en direction d’Israël, depuis un camp palestinien. Selon l’État hébreu, le Hamas serait responsable de ces tirs de missiles. Les violences se sont également propagées à la bande de Gaza, bombardée par l’armée israélienne, après l’envoi de roquettes contre Israël.

Voir l’image ICI.

En parallèle, ces derniers mois, la Cisjordanie a été le théâtre d’affrontements entre l’armée israélienne et de nouveaux groupes armés palestiniens, surtout à Jénine et Naplouse. Les actions violentes des forces israéliennes et des colons contre les civils palestiniens s’intensifient, de même que les attentats fomentés par des Palestiniens contre des cibles israéliennes. Ces éléments peuvent laisser penser que le territoire serait à la veille d’une troisième intifada.

Dans un podcast publié le 1er décembre 2022 par Haaretz, Amos Harel affirmait, d’un ton grave, « je pense qu’il est temps de parler de l’avènement d’une troisième intifada » [1]. L’analyste sécurité pour le média israélien n’est pas le premier à mettre en garde. Déjà, dans une étude publiée en septembre 2018, « Jérusalem, ou l’Intifada rampante » [2], le chercheur Nicolas Dot-Pouillard affirmait que la convergence américano-israélienne sur la ville sainte durant la présidence Trump alimentait « la colère de la rue palestinienne » et préparait peut-être « une nouvelle Intifada ». Hormis durant l’épisode des confinements liés à la Covid-19, les cycles de violences se multiplient et s’intensifient depuis 2018, en particulier dans les Territoires palestiniens, faisant craindre l’avènement d’une Intifada, un soulèvement généralisé. L’année 2022 a été particulièrement meurtrière.

Des violences en hausse

Publié en juin 2022, l’article de la journaliste Clothilde Mraffko, « La Cisjordanie occupée, une hécatombe silencieuse » [3], documente l’intensification des raids israéliens en Cisjordanie après une série d’attaques meurtrières en Israël. Ces raids font régulièrement des victimes palestiniennes, des combattants, mais aussi des civils non armés, faisant de l’année 2022 la plus meurtrière pour les Palestiniens depuis la fin de la seconde Intifada [4]. Cette même année, le meurtre de la journaliste palestinienne Shireen Abu Akleh, dont une enquête réalisée par CNN révèle qu’elle aurait été tuée par un tir de sniper israélien, est devenu le symbole de cette « hécatombe silencieuse ».

En parallèle, les violences commises par les colons israéliens, dont la plupart éclatent à proximité des avant-postes, ont augmenté en 2022 selon un rapport de l’ONU : « Au cours de la dernière décennie, les Nations unies ont recensé 3372 incidents violents commis par des colons, qui ont blessé 1222 Palestiniens (…). En 2022, les violences commises par les colons ont atteint le niveau le plus élevé jamais enregistré » [5].

Dans ce contexte, les attaques palestiniennes meurtrières contre des cibles israéliennes militaires et civiles se multiplient en Cisjordanie incluant Jérusalem-Est, et en Israël. Fin janvier, 7 Israéliens ont été tués dans un attentat à Jérusalem-Est, fomenté, selon la police israélienne, par un Palestinien. Cette attaque est « la plus meurtrière depuis près de dix ans » [6] selon le chercheur David Khalfa.

Ce nouveau chapitre de violences survient à l’heure où les forces sont redéfinies de chaque côté. En Israël, l’extrême droite suprémaciste juive a réussi sa conquête du pouvoir en entrant dans le gouvernement Netanyahou VI. En Cisjordanie, des groupes armés palestiniens, qui marquent leur opposition à la politique de Mahmoud Abbas, affrontent les forces israéliennes, dans un contexte où les institutions palestiniennes et leurs représentants perdent en popularité.

La convergence de ces dynamiques marque certainement les prémices d’une troisième intifada.

L’extrême droite israélienne au pouvoir

Lire l’article complet ICI
En décembre 2022, l’arrivée au gouvernement d’Itamar Ben-Gvir ....