Israël-Palestine : les (dé)raisons de l’escalade

samedi 8 avril 2023

Le lycée Saint-Exupéry de Mantes m’a invité hier à donner une conférence à ses étudiants, dont les candidats à l’Institut d’études politiques de Paris. Le hasard a voulu que cette rencontre intervienne en pleine crise en Israël, deux jours après le premier recul de Benyamin Netanyahou. D’où ces réflexions à vocation pédagogique sur « les (dé)raisons d’une escalade ».

Par Dominique Vidal.

Trois mois d’un mouvement de protestation inédit ont contraint Benyamin Netanyahou à un premier recul. Mais la crise est loin d’être terminée. D’autant que l’année 2023 marque d’ores et déjà une escalade de violences sans précédent depuis près de vingt ans. Depuis le 1er janvier, 90 Palestiniens ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, et 14 Israéliens dans des attaques palestiniennes. Pourquoi cette explosion ? Quatre grands facteurs l’expliquent, que j’exposerai maintenant tout en rappelant au passage les grandes dates de l’histoire du conflit :

Le gouvernement le plus à droite de l’histoire d’Israël
Une jeunesse palestinienne qui se défend à nouveau par les armes
Une communauté internationale attentiste
Une impasse stratégique

J’évoquerai ensuite les obstacles à cette dérive, qui expliquent sans doute la « pause » annoncée lundi dans la réforme.

Le gouvernement le plus à droite de l’histoire d’Israël

Le premier facteur de l’escalade actuelle, c’est le nouveau cabinet israélien investi par la Knesset fin décembre 2022, suite aux élections législatives du 1er novembre[1] – les cinquièmes organisées en quatre ans par Netanyahou afin de reconquérir le pouvoir et d’échapper aux procès pour corruption qui pourraient l’amener en prison. Sa nouvelle coalition forme, selon l’ancien Premier ministre Ehoud Barak, un « gouvernement aux valeurs fascistes[2] ».

Autour d’un Likoud radicalisé (32 sièges sur 120), allié à deux partis ultra-orthodoxes plus théocratiques que jamais (18 sièges), il comprend, pour la première fois, trois partis suprémacistes, racistes et homophobes alliés au sein du Sionisme religieux (14 sièges). Aux dirigeants de ces derniers, Netanyahou a offert des ministères essentiels : à Itamar Ben Gvir la Sécurité nationale, à Bezalel Smotrich les Finances mais aussi la Cisjordanie et à Avi Maozl’Identité juive nationale[3]…

PNG - 102.1 ko Une de Haaretz, 10 février 2023

C’est à ces trois personnages que pense l’historien israélien des années 1930 Daniel Blatman en affirmant : « Cela rappelle vraiment l’Allemagne en 1933. » D’ailleurs, Smotrich lui-même n’a-t-il pas reconnu : « Je suis un fasciste homophobe[4] » ? Même la nièce de Netanyahou, la professeure Ruth Ben-Artzi, a rompu un long silence pour déclarer : « Ma famille promeut le fascisme[5] »…

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