« Jénine, Jénine » : la vérité, rien que la vérité

jeudi 28 janvier 2021

Par Gideon Levy

Si le film de Mohammad Bakri « Jénine, Jénine » est interdit de diffusion en Israël, alors tous les journaux télévisés devront également être interdits.

Dans quasiment chaque journal télévisé, il y a plus de propagande, de calomnie, d’exagération, de pression psychologique et de mensonges que dans le merveilleux, authentique et bouleversant film de Bakri. Je l’ai à nouveau regardé ce mardi. Les souvenirs du camp de réfugiés de Jénine refont surface, avec les atrocités, les larmes, la douleur et les destructions, ainsi que les crimes de l’armée israélienne.

Il faut donc remercier le groupe de réservistes israéliens qui sont sensibles à leur honorable réputation et qui, au fil des ans, ont pourchassé Bakri. Grâce à eux, le film de Bakri est vivant depuis 20 ans et connait aujourd’hui un nouveau succès. Depuis la décision du tribunal de district de Lod, lundi, le nombre de spectateurs de « Jenin, Jenin » sur le site de l’Institut du film palestinien a fortement augmenté.

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Il faut également remercier la juge Halit Silash, du tribunal de district de Lod, qui a rendu ce sombre verdict, autant que primitif, draconien et antidémocratique. Grâce à elle, la situation s’est révélée dans toute sa laideur : un tribunal israélien interdit la diffusion d’un film documentaire ! La juge Silash est chargée de statuer sur la vérité, et elle sait ce qui s’est passé et ne s’est pas passé dans le camp de réfugiés de Jénine en 2002.

Comment est situé son palais de justice a même une signification symbolique. Lod – Lydda, comme on l’appelait avant la création d’Israël – connaît une chose ou deux sur les massacres, le nettoyage ethnique, la discrimination et la dépossession. Maintenant, il y a aussi un juge à Lod qui fait taire les gens et qui capitule devant les soldats qui ont participé à une invasion criminelle et qui, dans leur grande impudence, ont osé instruire une plainte en diffamation.

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