L’art palestinien est une victoire remarquable contre ceux qui essaient de nous effacer

mardi 7 septembre 2021

Par Rami Younis, le 16 août 2021

Le réalisateur de Hollywood, Hany Abu-Assad, partage ses pensées sur les difficultés à faire des films palestiniens s’il s’agit d’histoires sur l’occupation, et pourquoi c’est un « miracle » que l’art palestinien soit vivant.

JPEG - 126.6 ko Des Palestiniens regardent un film projeté sur le mur israélien de séparation, dans le cadre d’un festival, camp de réfugiés d’Aïda, 29, août 2008. (Anne Paq/Activestills)

Ce n’est pas une mince affaire pour un cinéaste arabe que de travailler dans la capitale mondiale du divertissement, a fortiori s’il fait des films sur la Palestine. Mais c’est exactement ce qu’a fait Hany Abu-Assad, qui a 59 ans. Né à Nazareth et résidant aux Pays Bas, il a 11 films à son actif et a travaillé avec quelques-unes des plus grandes stars d’Hollywood, dont Idris Elba, Kate Winslet et Mickey Rourke. Deux de ses films les plus célèbres -“Paradise Now“ de 2005 et “Omar” de 2013 — ont été nominés aux Oscars pour le prix du meilleur film étranger, comme représentant de la Palestine dans un des événements les plus largement suivis de l’année.

Pour autant, ce palmarès impressionnant, n’a pas rendu le travail d’Abu-Assad du tout plus facile. Parmi les cercles supposés progressistes de Hollywood, de nombreux producteurs et beaucoup de studios qui autrement soutiendraient toute une série de films politiques sont toujours « effrayés de traiter de quoi que ce soit impliquant des Palestiniens » m’a-t-il dit lors d’une interview il y a quelques mois. Même si des producteurs américains n’avaient pas d’affinités pour Israël ni de points de vue racistes sur les Arabes, ils ne considèreraient pas des films palestiniens comme des opportunités financièrement attractives et ne se sont donc pas intéressés à investir dans ces films, a-t-il dit.

Mais face aux freins mis par cet environnement, Abu-Assad croit que les Palestiniens devraient prendre la mesure de leurs immenses réussites culturelles. « Y a-t-il un autre endroit où on puisse trouver de tels artistes et un art aussi accompli qui ont vu une guerre menée contre eux pendant 70 ans ? C’est une histoire unique » dit-il.

Les paroles de Abu-Assad offrent un peu de réconfort et d’énergie à des artistes comme moi. Quand j’ai parlé avec lui en octobre dernier, mon projet était de marquer le vingtième anniversaire du début de la deuxième Intifada en m’adressant à un artiste qui m’avait inspiré pour entrer dans le monde du cinéma et de m’engager dans l’activisme culturel et artistique. Mais entre le COVID-A19, les accords de normalisation d’Israël avec des régimes arabes et mes combats personnels pour retourner m’établir en Israël-Palestine depuis les États-Unis, j’ai eu le sentiment qu‘il ne faisait pas de sens de publier l’interview, le militant culturel en moi avait renoncé.

Le soulèvement palestinien peut changer tout cela. Les derniers mois ont restauré la fierté, la vie et l’unité à la lutte palestinienne. Les médias et le public international s’est davantage intéressé non seulement à notre histoire politique mais aussi à notre art. Les défis de la réalisation cinématographique palestinienne n’ont pas changé, mais Abu-Assad offre quelques pensées sur la façon de s’y confronter tout en maintenant une intégrité artistique – même si ses idées ne plaisent pas à tout le monde, y compris à moi.

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