L’impact des politiques du gouvernement d’extrême droite israélien sur les Palestiniens

jeudi 13 avril 2023

Le gouvernement israélien de coalition d’extrême droite, dirigé par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, a considérablement accru les tensions dans toute la Palestine occupée depuis son entrée en fonction. Alors que cette année a vu le plus grand nombre de morts palestiniens en Cisjordanie depuis 20 ans, l’attention des médias s’est concentrée sur l’opposition de la population israélienne aux réformes judiciaires.

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Les premiers mois du gouvernement de la nouvelle coalition ont été marqués par le recours à des mesures extrêmes, destinées à affirmer la domination de Tel-Aviv sur le peuple palestinien. Le nouveau ministre de la sécurité, Itamar Ben-Gvir, a provoqué la tenue d’une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies après avoir pris d’assaut l’enceinte de la mosquée Al-Aqsa, quelques jours seulement après la formation du nouveau gouvernement. Israël a également multiplié les raids violents contre les villes et les camps de réfugiés palestiniens, et procédé à de nouvelles démolitions de maisons dans les territoires occupés.

En outre, la Knesset israélienne a approuvé une nouvelle législation qui, une fois mise en œuvre, privera les citoyens palestiniens d’Israël de leur passeport et les expulsera s’ils commettent des attentats contre des Israéliens. Le nouveau gouvernement israélien a ignoré à plusieurs reprises les appels de l’administration américaine de Biden à mettre fin à l’expansion illégale des colonies. Tel Aviv a également reconnu neuf avant-postes de colonies et approuvé la construction de milliers de logements de colons en Cisjordanie et dans la partie occupée de Jérusalem-Est. Une nouvelle législation a également fait l’objet d’un vote préliminaire à la Knesset, visant à introduire la peine de mort pour les Palestiniens accusés d’attaques contre des Israéliens.

Un autre développement politique a cependant exaspéré une grande partie de la société israélienne : les réformes du système judiciaire proposées par le gouvernement d’extrême-droite. Ces réformes visent à « éliminer le pouvoir de la Cour suprême de superviser le gouvernement » et il est « assez évident que lorsque cette réforme sera adoptée, ils l’utiliseront pour faire passer des lois anti-palestiniennes », selon le journaliste israélien et rédacteur en chef de Local Call, Meron Rapaport.

L’émergence d’une nouvelle ère d’affrontements

En mai 2021, les factions de la résistance armée palestinienne ont lancé l’opération « Saif al-Quds », ou « épée de Jérusalem », une forme de représailles après un mois d’agressions violentes contre les fidèles palestiniens dans l’enceinte de la mosquée al-Aqsa et dans l’ensemble de Jérusalem-Est occupée. La campagne de nettoyage ethnique menée par les colons israéliens avec le soutien de l’État dans le quartier palestinien de Sheikh Jarrah, ainsi que les attaques contre les Palestiniens pendant le mois saint musulman du Ramadan, ont suscité la réaction non seulement des mouvements armés de Gaza, mais aussi des Palestiniens vivant dans les territoires occupés de 1948.

À la suite de tirs de roquettes sur les colonies israéliennes entourant Jérusalem occupée, le gouvernement israélien, dirigé par Benjamin Netanyahu, a lancé l’opération « Gardien du mur », qui a entraîné le meurtre d’au moins 260 Palestiniens dans la bande de Gaza, dont la majorité étaient des civils. Cet assaut de 11 jours était la quatrième offensive majeure contre Gaza depuis le début du blocus imposé par Israël en 2006.

En mai 2021, un petit groupe de combattants armés, issus du Mouvement du Jihad islamique palestinien (MJIP) dans le camp de réfugiés de Jénine, a pris l’initiative de former ce qui a été officiellement déclaré quatre mois plus tard comme les Brigades de Jénine. En juin de la même année, le Likoud, le parti au pouvoir de Benjamin Netanyahou, a perdu le pouvoir après avoir échoué à obtenir suffisamment de sièges à la Knesset pour former une coalition. Naftali Bennet est alors devenu Premier ministre israélien, à la tête de ce qui a été qualifié de gouvernement de coalition le plus diversifié de l’histoire d’Israël, connu sous le nom de « gouvernement du changement ».

Sous l’administration Bennett, l’armée israélienne a modifié sa politique de tir ouvert en décembre 2021, autorisant les soldats de l’occupation à tirer sur les Palestiniens qui lancent des pierres sur les Israéliens, même s’ils s’enfuient et ne constituent pas une menace active. Selon Ubai Al-Aboudi, directeur exécutif du Bisan Center for Research and Development, « les chiffres parlent d’eux-mêmes » quant à l’impact de la politique de tir sur le nombre de morts en Cisjordanie. « Je pense que cette politique, qui permet aux soldats et aux colons de tirer sur les Palestiniens et de les mutiler, est préconisée par Israël depuis des années. Ce qui a changé encore plus récemment, sous le nouveau gouvernement, c’est qu’avec des ministres israéliens comme Bezalel Smotrich et Itamar Ben-Gvir, ils travaillent maintenant ouvertement à autoriser davantage ce type de violence en toute impunité », a ajouté M. Al-Aboudia.

Dror Sadot, porte-parole de B’Tselem, la principale organisation israélienne de défense des droits de l’homme, a déclaré àau média Red. que « les règles relatives aux tirs à l’air libre ne sont pas transparentes, nous ne savons pas exactement ce qui est écrit. Nous connaissons certaines lignes directrices régulières, mais nous ne savons pas exactement ce que sont les règlements sur les feux en plein air ». Mme Sadot a ajouté : « Je ne pense pas que nous parlions du règlement lui-même, mais plutôt de la politique en matière de feu ouvert », qui, selon elle, est souvent confondue avec l’autre. « Je pense qu’il s’agit de deux choses différentes, car la politique mise en œuvre par les Israéliens au fil des ans n’est pas propre au gouvernement Bennet ou à tout autre gouvernement… Il s’agit d’une politique très meurtrière qui ne considère pas la vie des Palestiniens comme quelque chose à protéger. »