L’impunité israélienne, jusqu’à quand ?

dimanche 22 mai 2022

Elle a été tuée d’une balle au visage alors qu’elle exerçait son métier. Elle était palestinienne et reporter, s’est acharnée à porter la voix des siens au monde à une époque où le monde ne voulait rien voir. Et l’annonce de son décès mercredi matin a rappelé à la fois la menace qui pèse sur les journalistes dans la région, la persistance de la tragédie palestinienne et la centralité de celle-ci – du moins à l’échelle affective –, de l’Atlantique au golfe Arabique. Shirine Abou Akleh, 51 ans, a été assassinée alors qu’elle portait un casque et un gilet pare-balles flanqué du mot « Presse ». Elle a été assassinée alors qu’elle accomplissait sa mission – celle d’informer – dans le camp de réfugiés de Jénine, aujourd’hui soumis à des raids quotidiens de l’armée d’occupation dans le cadre d’une opération dite « antiterroriste ». Figure phare de la chaîne panarabe al-Jazeera, elle était connue de dizaines de millions de téléspectateurs. Mais travailler pour un grand média ne protège de rien. Shirine Abou Akleh a été tuée presque un an jour pour jour après que l’armée israélienne a bombardé la tour abritant les locaux d’al-Jazeera et d’Associated Press dans la bande de Gaza.

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Qui a tiré sur Shirine Abou Akleh ? Et pourquoi l’État hébreu refuse une enquête internationale indépendante ?

Ces questions semblent quasi rhétoriques. Tous les regards ou presque sont tournés vers Israël, à plus forte raison qu’il a changé plusieurs fois de versions, multipliant les faux-fuyants, essayant dans un premier temps de faire porter le chapeau à des snipers palestiniens avant de se rétracter et de déclarer que la journaliste avait sans doute été tuée dans un échange de coups de feu, sans qu’il ne puisse toutefois déterminer lequel lui a été fatal.

Accidentel

Or, malgré cette communication délirante, aucun allié d’Israël dans le monde occidental ne semble prêt à lui demander des comptes. Le porte-parole du département d’État américain Ned Price s’est fendu d’un tweet où il déplore la mort de Shirine Abou Akleh et invoque quelques principes généraux relatifs à la liberté de la presse. C’est tout. Israël n’est pas mentionné. Comme si les circonstances de cet assassinat avaient été tout simplement vidées de leur substance politique, alors même que la journaliste se trouvait être aussi une citoyenne américaine. Par contraste, Ned Price n’avait pas attendu pour dénoncer, à la suite du meurtre en Ukraine du réalisateur américain Brent Renaud au cours du mois de mars, « un exemple macabre des actions indiscriminées du Kremlin », en référence à l’invasion de Kiev par Moscou le 24 février dernier. Cette retenue confirme une chose : l’État hébreu reste aux yeux des États-Unis et de l’Europe, en dépit de tout – après plus d’un demi-siècle d’occupation, de colonisation, d’expropriations –, un État de droit, la fameuse « seule démocratie du Moyen-Orient » qu’ils affectionnent tant. Quand bien même la responsabilité d’Israël dans l’assassinat de Shirine Abou Akleh serait officiellement reconnue, elle serait perçue comme accidentelle, indépendante du système israélien.

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