Le 9 août, date anniversaire du décès du grand...

mardi 10 août 2021

Le 9 août, date anniversaire du décès du grand poète palestinien Mahmoud Darwich.
En lien, un article du monde de 10 janvier 1983

https://www.lemonde.fr/archives/article/1983/01/10/mahmoud-darwich-poete-de-la-blessure-palestinienne_2839342_1819218.html

Poète et militant, le Palestinien Mahmoud Darwich exprime l’angoisse d’un peuple errant, mutilé. D’un peuple sans existence.

Par PATRICE BARRAT.

MAHMOUD DARWICH, qui a quarante ans, a quitté son village natal, Al Barwa, près de Saint-Jean-d’Acre, en 1948, pour un premier exil au Liban avec sa famille. Il revient à Nazareth, en Israël, où il fait ses études secondaires. Ses écrits, littéraires ou journalistiques, lui valent trois emprisonnements : en 1961, 1965 et 1967. Il choisit l’exil, de nouveau, en 1970, et découvre Le Caire avant de s’installer à Beyrouth. Il y restera dix ans, jusqu’à la fin de l’été 1982. Depuis, il vit sans domicile fixe entre différentes capitales, dont Paris.

Auteur d’une dizaine de recueils et de deux ouvrages en prose, il fait figure, avec Samih Al Qassim et Tawfiq Az-Zayad, de chef de file de la poésie palestinienne. Il est un des poètes les plus lus dans le monde arabe. La vente de ses livres a atteint le million d’exemplaires. Des extraits de son œuvre ont été traduits en français par le poète marocain Abdellatif Laâbi (1). L’UNESCO s’apprête à publier une anthologie de tous ses écrits, et Publisud éditera, au printemps, un livre d’entretiens.

Ici, Mahmoud Darwich parle de la " poésie de combat ", de la souffrance, de la guerre du Liban, d’Arafat, de la conscience européenne, de la difficulté d’être et du jeu...

" Quand vous parlez de votre enfance, vous évitez la " nostalgie du paradis perdu ". Pourquoi ?

- Mon enfance, ce n’est pas seulement la mienne, c’est une enfance collective. Son lieu n’évoque pas l’Andalousie (2), car celle-ci a été perdue pour toujours. L’Andalousie n’est plus un lieu, c’est un état psychologique. Quant à la Palestine, c’est mon enfance, c’est un paradis réalisable, pas un paradis perdu. Quand j’en parle - et j’en parle beaucoup, - c’est pour remettre la main sur ce qui a été l’origine de mon existence. En ce sens, la Palestine n’est pas un souvenir, mais bien plus une existence, non pas un passé mais un avenir. La Palestine, c’est l’esthétique andalouse, c’est l’Andalousie possible.

- Comment faites-vous pour concilier une rhétorique militante et l’esthétisme du poète ?

- Je ne sais pas si j’y réussis. Je ne suis pas suffisamment masochiste pour dire qu’en elle-même la lutte est belle. Un militant palestinien se meut dans un beau rêve.

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