Le projet israélien de colonisation des eaux palestiniennes

jeudi 16 juin 2022

La saisie des rivières et des territoires palestiniens est une stratégie de domination violente d’Israël

JPEG - 49.7 ko Hydrofrontières : entre impérialisme, occupation et invasion
Période Pré-Nakba/État

Les sociétés colonisatrices dépendent d’une continuité pour accumuler des ressources et aliéner les autochtones de leurs moyens de subsistance, déracinant toute relation productive ou sentimentale avec leur terre. Le « Terracentrisme » agit méthodiquement pour assurer la permanence des sociétés colonisatrices, puisque le contrôle de la terre est allié au contrôle des conditions de survie. Le territoire visé par les colons de peuplement est considéré comme une « terre libre », sans tenir compte des communautés qui y résident déjà.

« La colonisation de peuplement est le processus systématique de transformation du territoire à travers le contrôle des terres, des ressources et des habitants pour établir une nouvelle entité politique permanente et exclusive avec une société qui remplace, exploite et contraint les espaces de subsistance autochtones. »

Dans le cas du sionisme, l’objectif était (et l’est toujours) de créer une colonisation de peuplement ethnoexclusive à travers la « nativisation » de la société des colons-immigrants. Cela s’est produit à travers la conception de continuum historiques entre la terre et les colonisateurs, évoquant des discours bibliques-religieux accompagnés d’un processus de « mémoricide », c’est-à-dire, l’effacement complet des histoires autochtones et la construction de nouvelles histoires pour les colonisateurs. De manière décisive, l’acte d’immigration en Palestine a été qualifié de « retour » à la « terre promise », dans la Bible, « Aliya » : le nom donné aux vagues d’immigration juive en Palestine.

Comme l’a écrit le sociologue Baruch Kimmerling [1], « chaque morceau de terre qui est passé sous le contrôle des Juifs, au moins jusqu’en 1947, était en possession de quelqu’un d’autre avant qu’ils ne l’acquièrent. » Le prix à payer pour la possession et la colonisation de la terre a été administré et acquis, principalement, par le Fonds national juif (FNJ), une organisation qui a rempli les objectifs d’acquisition de terres discutés lors du premier Congrès sioniste. Grâce à la culture, le sionisme a rempli les deux piliers centraux de la colonisation de peuplement : le contrôle territorial par l’appropriation de la terre natale et l’établissement d’une nouvelle communauté sociale et politique. Cela a joué un rôle idéologique important pour le sionisme, attirant davantage des immigrés-colons juifs, créant une demande de travail, de nourriture, de logement et un sentiment de communauté – des ressources vitales pour la formation d’un collectif national. Il a également établi un lien entre les colonisateurs et la terre, nécessitant la présence, l’entretien et, plus tard, la souveraineté sur la terre.

La culture est le prolongement opérationnel du mythe sioniste consistant à « faire fleurir le désert », réitéré dans la Déclaration d’indépendance et dans les déclarations de plusieurs premiers ministres israéliens. L’immigration de colons vers des terres cultivables, idéalement situées à proximité des ressources en eau, est justifiée par les arguments de modernisation et de civilisation. Cela dépend de l’hypothèse que lorsque les autochtones « existaient » pour de vrai, ils géraient mal la terre (et l’eau) et que le colonisateur blanc moderne pouvait ainsi « développer le véritable potentiel de la Terre » et « plier la nature au service de l’humanité ». Cela découle de la logique coloniale-impériale qui classe les indigènes comme inférieurs et barbares et les colonisateurs comme supérieurs et intelligents.