Les Réfugiés palestiniens N° 20, février-mars 2022

dimanche 20 mars 2022

Lettre d’information réalisée par le groupe de travail Réfugiés de l’AFPS

Cette lettre veut se faire l’écho de l’actualité sur la question des réfugiés palestiniens – dans ses diverses dimensions – traitée par les médias et sites spécialisés français et étrangers. Elle fait connaître également les analyses et points de vue d’ONG ou d’organisations gouvernementales ou internationales.

Les textes sélectionnés n’engagent que leurs auteur·e·s.

JPEG - 43.5 ko Jardins hydroponiques sur certains toits du camp d’Aida, en partenariat avec le centre Lajee, visant à renforcer le concept d’une économie palestinienne résistante et le boycott des produits israéliens. (Projet Initiative Jeunesse, mis en œuvre par Badil.)

CISJORDANIE

Montée des tensions au camp de Jénine
Shatha Hammad, Middle East Eye, le 10 février 2022
Les habitants du camp de Jénine craignent qu’à tout moment le camp ne soit attaqué par l’armée israélienne ou les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne […] en vue de l’arrestation d’une vingtaine de jeunes hommes accusés de se livrer à des actes de résistance contre les soldats israéliens. […] En juin, un échange de tirs avec l’armée d’occupation a fait trois morts, dont Jamil al-Amuri, membre des Brigades al-Qods, et deux officiers de l’AP. Au cours d’un raid en août quatre Palestiniens ont été tués par l’armée israélienne.

La détention de Amal Nakhleh prolongée jusqu’à la mi-mai
Unrwa, le 1er mars 2022, en anglais
Amal Muamar Nakhleh, du camp de Jalazone, près de Ramallah, a passé la dernière année de son enfance en détention administrative. Détention renouvelée pour la troisième fois trois jours avant son 18e anniversaire – jusqu’au 18 mai 2022 – bien qu’il n’y ait toujours pas de charges contre lui. Amal souffre d’une maladie auto-immune rare et grave et nécessite un suivi médical étroit. Il a contracté le Covid-19 après avoir été transférée dans la section pour adultes de la prison israélienne d’Ofer, le 16 janvier, au lendemain de son 18e anniversaire, ce qui lui fait courir un risque médical aggravé. Témoignages de son père, d’une responsable du service de protection de l’Unrwa, du médecin qui l’a soigné avant son arrestation, d’un de ses amis, d’une juriste de Addameer…
Pétition pour qu’une pression publique et internationale s’exerce afin de contraindre le gouvernement israélien à le libérer.

Cinq initiatives menées par des jeunes pour améliorer l’accès à la terre
Badil, 24 février 2022, en anglais
Dans le cadre du projet Initiative Jeunesse, mis en œuvre par Badil et en coopération avec les membres du Réseau mondial des réfugiés palestiniens à travers la Palestine mandataire, trente jeunes participants ont mené à bien cinq initiatives communautaires axées sur le droit d’accès à la terre et le droit au retour, à travers leur identité palestinienne commune, avec une approche transversale incluant le genre, après une série d’ateliers, des formations et des visites de terrain organisées tout au long de l’année 2021. Leurs initiatives ont attiré 2500 participants au total, des enfants, des jeunes et des femmes, ainsi que des communautés locales et des entreprises privées.

LIBAN

Le Conseil de la choura annule le décret du ministre du travail
Libanews, le 11 février 2022
Suite à un appel présenté par la Ligue maronite, le Conseil de la choura a annulé le décret pris le 8 décembre par le ministre du Travail, Mustapha Hussein Bayram, autorisant aux réfugiés palestiniens nés au Liban l’exercice de nombreuses professions précédemment réservées. Les dirigeants chrétiens ont estimé que cette décision violait à la fois le code du travail et la constitution libanaise, et induisait une naturalisation voilée des réfugiés palestiniens présents au Liban.

Annual Operational Report 2020
Beit Atfal Assumoud, fichier pdf 38 pages, en anglais
La détérioration économique du Liban a poursuivi son déclin radical en 2020, éliminant les espoirs de changements positifs. L’émergence de la pandémie Covid-19 a intensifié la crise. Le rapport souligne l’augmentation du nombre de victimes de violences sexistes en plus des crimes causés par le vol et les conflits familiaux. Les crises en cascade ont lourdement pesé sur les communautés de réfugiés palestiniens au Liban, comme en témoignent l’abus de drogues et le tabagisme, les dépressions intenses et les troubles mentaux, ainsi que l’aggravation des problèmes domestiques conduisant à des divorces et à la désintégration des familles.

LA NAKBA CONTINUE

Israël prévoit d’étendre un parc national sur des lieux saints chrétiens de Jérusalem-EstMiddle East Eye, le 21 février 2022
Les nouvelles limites du parc national des Murs de Jérusalem engloberaient une grande partie du mont des Oliviers ainsi que des pans des vallées du Cédron et de Ben Hinnom. Les principaux responsables des Églises et les organisations de défense des droits de l’homme estiment qu’il s’agit d’une menace pour la présence chrétienne en Terre sainte. Les opposants à cette initiative soulignent les liens entre la Direction de la nature et des parcs (INPA), promotrice du projet, et les groupes nationalistes qui s’efforcent d’accroître la présence des colons à Jérusalem-Est.

Le village d’Al-Araqeeb démoli pour la 198e fois
Wafa News Agency, le 22 février 2022
Pour la 198e fois consécutive, les autorités d’occupation israéliennes ont détruit au matin du mardi 22 février le village d’Al-Araqeeb, situé dans la région du Néguev, dans les territoires de 1948. Les forces d’occupation israéliennes avaient démoli les tentes des habitants d’Al-Araqeeb deux fois depuis le début de 2022 et 14 fois pendant l’année de 2021…

De nouvelles habitations détruites au sud d’Hébron
Wafa News Agency, le 23 février 2022
Au sud de la ville d’Hébron, dans le sud de la Cisjordanie, les forces d’occupation israéliennes ont détruit le 23 février quatre habitations dans le village de Lasifa, abritant trente personnes, en plus d’une baraque des moutons. […] Et quatre habitations dans le village de Shaab Al-Butm à l’est de Yatta, laissant quarante Palestiniens sans abri, afin d’étendre la colonie illégale d’Avegal, adjacente au village et construite sur les terres des Palestiniens. Lire aussi.

La loi israélienne sur la propriété des absents empêche les Palestiniens d’avoir accès à leur maisonMustafa Abu Sneineh, Middle East Eye, le 21 janvier 2021
Avec plus d’une douzaine de pages et 39 articles, la loi sur la Propriété des absents, l’un des textes fondateurs d’Israël, accorde à l’État le pouvoir de confisquer et de saisir les propriétés et les biens que les Palestiniens ont été forcés de laisser derrière eux en 1948. Cette loi, qui ne s’applique qu’aux Palestiniens, est draconienne et est restée une politique stable pour de nombreux gouvernements israéliens au fil des ans, ont déclaré des experts juridiques à Middle East Eye. Israël a utilisé cette loi pour justifier l’expulsion de la famille Salhiya et la démolition de leur maison dans le quartier occupé de Sheikh Jarrah à Jérusalem-Est.
Traduction AFPS, source en anglais.

APARTHEID

Israël contrôle même le simple droit de délivrer des cartes d’identité palestiniennes
Muhammed Shehada, Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme, le 30 janvier 2022
Chaque carte d’identité palestinienne indique si son titulaire appartient à Gaza ou à la Cisjordanie. L’Autorité palestinienne ne peut pas modifier le canton désigné par Israël pour un Palestinien, et elle ne peut ajouter aucun des quelque six millions de réfugiés palestiniens de la diaspora à son registre de population s’ils tentent de retourner dans les territoires sous son contrôle nominal. Seul Israël détient exclusivement ces pouvoirs.

DROIT AU RETOUR

Déclaration du Conseil œcuménique des Églises
Chrétiens de la Méditerranée, le 16 février 2022
Le Conseil œcuménique des Églises alerte sur certains événements survenus dans les derniers mois en Israël-Palestine, « signe d’une aggravation de la situation » qui « fait obstacle à l’instauration d’une paix juste entre les peuples de Terre Sainte ». […] La reconnaissance d’un « droit au retour » des exilés palestiniens chassés de leurs habitations et de leurs propriétés en 1948 et au fil des années est une des conditions de l’établissement d’une paix juste en Israël-Palestine. L’État d’Israël n’a jamais voulu même l’étudier.
Pour rappel : Le droit au retour, clef pour la paix en Palestine, Orient XXI, par Ilan Pappe, Uri Davis, Tamar Yaron, le 22 juillet 2020.

L’existence de l’Unrwa est la preuve vivante de l’échec des Nations unies
Ramona Wadi, Palestine Chronicle, le 5 mars 2022
l’ONU a gâché des décennies de mobilisation politique en ce qui concerne les droits politiques des réfugiés palestiniens. L’Unrwa, bien qu’absolument nécessaire, fonctionne parce que les priorités de l’ONU tournent autour du plan de partage de 1947, et non de la résolution 194 de l’Assemblée générale des Nations unies. Il est donc peut-être temps d’examiner comment cette résolution mal venue et non contraignante, qui conditionne le droit au retour des réfugiés palestiniens à l’acceptation de la colonisation sioniste, est également un outil grâce auquel les Palestiniens sont restés déplacés.
Article original en anglais, Middle East Monitor. Traduction Chronique de Palestine.

Accord-cadre USA-Unrwa : Assistance ou sécuritisation ?
Badil, le 10 janvier 2022, en anglais
Le Centre de ressources Badil souligne la nature problématique du « Cadre de coopération entre l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient [Unrwa] et les États-Unis d’Amérique [USA] » 2021-2022. Présenté par ses promoteurs comme une réaffirmation du soutien des États-Unis au travail de l’Unrwa (soutien financier de 135,8 millions de dollars pour l’exercice 2021-2022), Badil relève que cet accord applique des règles dites de lutte contre le terrorisme qui conditionnent ce financement à la mise en place de mécanismes de vérification et de filtrage conformes aux exigences des États-Unis. Cette pression, influencée par les Israéliens, exercée sur le travail de l’Unrwa ne lui permet de servir les personnes dans le besoin que si elle ajuste ses critères de ciblage ou exclut certains groupes de réfugiés de la liste des bénéficiaires. Au final, cela modifie le statut des réfugiés palestiniens éligibles pour l’assistance et les programmes de l’Office.

[La sécuritisation est un concept utilisé en théorie des relations internationales, en particulier par les Critical Security Studies pour insister sur la façon dont certains objets, thèmes ou entités sont constitués en tant qu’enjeux de sécurité requérant des mesures spécifiques et parfois extraordinaires afin de les défendre. Concept notamment forgé afin de critiquer l’approche essentialiste qui considère que les enjeux liés à la sécurité (internationale ou nationale) sont fixés objectivement. (Wikipédia)]

CULTURE

Fadia’s Tree (L’Arbre de Fadia), une méditation poétique sur l’exil et le retour
Selma Dabbagh, Charleroi pour la Palestine, le 17 février 2022
Film dirigé par Sarah Beddington (2021), L’Arbre de Fadia est le point culminant de plus de dix années de travail par deux amies qui auraient tout aussi bien pu ne jamais se rencontrer, Sarah Beddington, artiste visuelle qui a grandi en Angleterre rurale, et Fadia Loubani, mère de deux enfants devenue veuve à 19 ans, qui vit au camp de réfugiés de Bourj al-Barajne, dans la banlieue de Beyrouth, au Liban, où elle dirige une crèche. L’omission des massacres perpétrés en 1948 par la Haganah puis par l’armée israélienne dans le but chasser les Palestiniens de Sasa, le village d’origine de la famille de Fadia, émousse quelque peu l’impact politique potentiel du film.
Publié le 4 février 2022 sur The Electronic Intifada. Traduction Jean-Marie Flémal.

Gaza. Quand l’art est inspiré par le quotidien
Iyad Alasttal, Gaza Stories, saison 3, épisode 34, 2 minutes 20
Les boîtes de sardines de Mohammed Jahlash, descendant d’une famille palestinienne d’Isdūd (إسدود), appelée aujourd’hui Ashdod et située à moins de trente kilomètres au nord de la bande de Gaza.
Commentaire de Michel Ouaknine (UJFP).
Pour soutenir Gaza Stories

SOLIDARITÉ

Jénine, demande d’aide face à l’augmentation des cas Covid
AFPS Savoie, le 5 février 2022
Le camp de réfugiés de Jénine est frappé depuis peu par un nombre très important de cas de Covid. L’Unrwa et l’Autorité palestinienne n’ont aucun moyen financier pour aider les familles cloîtrées dans leur maison. Les salaires des fonctionnaires sont même amputés de 30 % par l’AP de peur de ne pouvoir les assurer dans les mois à venir. Najet, coordinatrice du Centre des Femmes, appelle à financer une aide alimentaire, comprenant masques et produits désinfectants, pour cent familles à raison d’un colis de 50 € par famille (5 à 8 personnes) pour un mois, soit 5 000 €.

Journée dédiée aux réfugiés palestiniens à Ground Control
AFPS, le 26 janvier 2022
En clôture d’une semaine dédiée aux migrations et aux réfugiés organisée par l’association Causons dans ce vaste lieu près de la Gare de Lyon, à Paris, la journée le 23 janvier, consacrée à la Palestine, a été animée par l’AFPS Paris-centre.