Nos gouvernements, complices des crimes en Palestine

lundi 13 juin 2022

Par Daniel Vanhove

On a beau vivre dans un monde inondé d’images, toujours plus envahissantes tant dans la sphère publique que privée – photos, magazines, cinéma, télés, pubs, clips, selfies,… – il en est certaines qui sont plus difficiles à digérer que d’autres, et qui demandent un certain temps pour y revenir. Tant le choc qu’elles provoquent vous met KO. Ainsi du meurtre de la journaliste Shireen Abu Akleh, puis de l’hommage funéraire que lui a rendu le lendemain la population palestinienne chrétienne comme musulmane.

JPEG - 48.6 ko Shireen Abu Akleh était une journaliste éminemment respectée qui depuis 1997, travaillait pour Al Jazeera - Photo : Al-Jazeera

Les tentatives obséquieuses de certains responsables politico-médiatiques insinuant le doute d’une balle perdue tirée par la résistance palestinienne ajoute encore à l’abjection du geste et du régime qui l’autorise, quand la localisation par GPS ne laisse aucun doute et permet d’établir l’impossibilité d’une telle hypothèse.

Et pourtant, les autorités israéliennes persistent à refuser toute enquête extérieure sur les faits. Ce qui peut laisser penser à la responsabilité de hauts placés à protéger dans la sinistre hiérarchie de ce régime d’assassins dont on sait qu’il s’évertue par tous les moyens à taire et cacher ses crimes.

Comme si cela n’avait pas suffi, il a fallu ensuite assister à la barbarie de la soldatesque israélienne s’en prenant au cortège funèbre qui avec dignité et sans rendre les coups portait le cercueil de la victime jusqu’à sa dernière demeure.

Ce que ce régime à bout de souffle – ainsi de ceux qui le soutiennent – ne comprend pas, c’est que de telles images sont finalement bien plus mortelles pour lui que n’importe quel missile qui lui serait destiné. Et referment la tombe sur cette sinistre colonie où se réfugient tous les demeurés qui y revendiquent leur lieu de vie au nom d’une judéité plus qu’ambiguë, sans voir que ce pourrait bien être leur lieu de mort.

Suivre les sites alternatifs et locaux d’informations – parce que les merdias habituels et leurs journaleux de service se gardent bien d’en parler – pour avoir des éléments fiables sur ce qui se passe en Palestine occupée finirait presque par habituer le citoyen aux horreurs devenues quotidiennes sous l’étendard de ce régime colonial présenté comme « la seule démocratie de la région ».

Mais en tant qu’êtres humains nous ne pouvons en aucun cas tomber dans ce piège d’être blasés et blindés par l’insoutenable. Les images qui nous arrivent de ce territoire exigu et les drames qui s’y déroulent ne peuvent jamais nous trouver hermétiques à ce qu’elles véhiculent.

Nous devons en priorité garder le sens de la justice et préserver notre humanité, notre esprit de compassion, d’empathie et de solidarité qui fait de ces opprimés palestiniens, des frères et des sœurs auxquels nous avons le devoir de solidarité.

L’on ne peut passer en revue toute l’horreur des crimes quotidiens de ce régime qui se manifeste à tous les niveaux.

L’horreur des blessures infligées volontairement à la jeunesse palestinienne pour l’handicaper à vie ; celle des maisons détruites à coup de bulldozers et leurs habitants jetés à la rue ; celle des check-points où s’entassent les travailleurs en pleine nuit pour tenter d’arracher à l’aube quelque boulot leur permettant d’assurer le minimum vital pour la famille ; celle du déracinement d’oliviers parfois centenaires par des colons tarés à peine arrivés ; celle de ces tentes misérables démantelées pour la énième fois où vaille que vaille survivent quelques familles bédouines ; ou encore celle du camp concentrationnaire qu’est devenue la bande de Gaza maintenue sous un blocus féroce depuis près de 15 ans, etc, etc…

Toutes, insupportables, sans même aborder celle des dommages psychologiques sur plusieurs générations que cette barbarie provoque. Mais l’assassinat de la journaliste Shireen Abu Akleh – s’ajoutant à celui d’autres journalistes systématiquement « liquidés » – aux abords du camp de réfugiés de Jenin, filmé en direct par la résistance palestinienne ne laisse plus aucune doute.

Ce crime délibéré s’ajoute à ceux qui pavent l’enfer de ce que vivent les Palestiniens depuis la Nakba de 1947 et qui ne s’est jamais arrêtée. Et devra s’ajouter à ceux du dossier instruit à la CPI.

Comment nos États, claironnant à tous vents leurs critères indépassables en termes de « droits humains », peuvent-ils accorder une telle impunité aux responsables de ces atrocités incessantes et espérer rester crédibles ?! C’est précisément à cause de cet octroi d’impunité que ce régime se permet tout, perpétue ses crimes et s’enfonce dans l’innommable.

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