Palestine. Fin de partie pour le Fatah

mardi 6 juillet 2021

L’écrivain libanais engagé Elias Khoury acte dans cette tribune la fin de l’ère du Fatah, annoncée par le soulèvement qu’a récemment connu la Palestine. Il enjoint le président Mahmoud Abbas à démissionner pour laisser la place à un renouveau qui frappe à sa porte.

Même s’il ne savait pas, il le sait. Mais il fait semblant.

C’est le constat qu’appelle la position de monsieur Mahmoud Abbas face à ce soulèvement palestinien global qui s’est déclenché depuis le quartier de Cheikh Jarrah pour s’étendre à l’ensemble de la Palestine historique, et qui a atteint son paroxysme tragique avec les missiles qui pleuvaient sur Gaza, la mort de dizaines d’enfants palestiniens, et toutes ces familles décimées dans ce territoire.

Cette période est finie. Et l’histoire du gouvernement d’Oslo est désormais d’un ennui mortel.

Je ne veux pas expliquer ici les raisons qui poussent l’Autorité palestinienne à nier la fin de cette période, car elle-même n’a plus aucun poids. Elle n’est qu’un vague souvenir laissé par le temps.

Ceux qui ont transformé le Fatah en ruines n’ont pas le droit de pleurer sur les ruines du Fatah. Car les ruines ne pleurent pas sur les ruines. Ce sont les vivants, les amoureux qui ont pleuré, fait pleurer, et sorti la poésie arabe du lexique du souvenir.

La question de la division est désormais caduque. Le peuple palestinien a mis fin à la division le jour où il s’est soulevé à Al-Lydd, à Yafa, à Haïfa, en Galilée, à Naplouse, à Ramallah, à Hébron et à Jénine. À la croisée des chemins de la Nakba qui n’en finit pas — mais aussi de la résistance qui se poursuit —, il a rencontré Gaza.
Remplacer le vide par du vide

La véritable question aujourd’hui est l’incapacité des structures politiques, organisationnelles et intellectuelles à formuler les problématiques propres à cette nouvelle étape et à penser les programmes adéquats.

Analyser la politique palestinienne comme étant une lutte pour le pouvoir, c’est labourer la mer. Vous savez, n’est-ce pas, qu’il n’y a aucun pouvoir ? Même Gaza ne pourrait pas représenter un pouvoir, malgré sa résistance héroïque.

C’est pour cela que les manœuvres auxquelles nous assistons aujourd’hui, après que les ruines des bombardements ont été déblayées, ne signifient plus rien. C’est une vaine tentative de remplacer le vide par du vide.

Ce sont là les manœuvres de régimes arabes à bout de souffle, craignant pour leur stabilité, ou d’autres régimes qui pensent pouvoir payer le prix du sang, ou encore celles des Américains et des Israéliens qui imposent leurs conditions pour reconstruire ce qu’ils ont détruit.

Personne ne veut reconnaître que cette ère est arrivée à sa fin.

Les politiques actuelles en Palestine et dans la région seront incapables de se reprendre en main, car elles partent d’une conviction erronée : elles pensent que l’annonce du cessez-le-feu signifie la fin de la bataille.

Cette bataille ne s’est pas achevée avec l’arrêt du bombardement sauvage sur Gaza. Bien au contraire, l’arrêt de ce massacre sanglant marque le début d’un nouveau chapitre de cette bataille, et non sa fin.

L’échec du pragmatisme politique

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