Palestine : la prochaine étape de la lutte anti-apartheid sera la plus difficile

vendredi 25 mars 2022

Lorsque Nelson Mandela a été libéré de sa prison de Robben Island le 11 février 1991, ma famille, mes amis et mes voisins ont suivi l’événement avec un vif intérêt alors qu’ils étaient réunis dans le séjour de mon ancienne maison du camp de réfugiés de Nuseirat, dans la bande de Gaza.

JPEG - 50.8 ko 18 février 2022 - Les Palestiniens continuent de protester dans le quartier de #SheikhJarrah, à Jérusalem, où les résidents palestiniens sont menacés d’expulsion au profit des colons israéliens - Photo : Oren Ziv / Activestills

Cette scène émouvante s’est déroulée des années avant que Mandela ne prononce sa célèbre phrase “notre liberté est incomplète sans la liberté des Palestiniens”. Pour nous, Palestiniens, Mandela n’avait pas besoin de réaffirmer la solidarité du peuple sud-africain avec la Palestine, quelle que soit la formule employée, car nous le savions déjà.

L’émotion ressentie était forte ce jour-là ; des larmes ont été versées, des supplications ont été adressées à Allah pour que la Palestine soit bientôt libre elle aussi. Tous les présents ont murmuré “Inshallah”, si Dieu le veut, avec un optimisme sans précédent.

Bien que trois décennies se soient écoulées sans atteindre cette liberté tant convoitée, quelque chose est enfin en train de changer pour le mouvement de libération de la Palestine. Toute une génération de militants palestiniens, qui ont grandi depuis ou sont même nés après la libération de Mandela, a été influencée par ce moment important : la libération de Nelson Mandela et le début du démantèlement officiel du régime raciste d’apartheid d’Afrique du Sud.

Même la signature des accords d’Oslo en 1993 entre Israël et certains responsables de l’OLP – qui a constitué une fracture majeure dans le mouvement de libération populaire en Palestine – n’a pas complètement mis fin à ce qui est finalement devenu une lutte anti-israélienne résolue contre l’apartheid en Palestine.

Oslo, le prétendu “processus de paix”, et la désastreuse “coordination de la sécurité” [collaboration répressive] entre l’Autorité palestinienne (AP) et Israël, ont fait dérailler les énergies palestiniennes, ont fait perdre du temps, ont approfondi les divisions entre les organisations et ont semé la confusion chez les partisans palestiniens à travers le monde.

Mais heureusement sans occuper tous les espaces politiques disponibles pour l’expression et la mobilisation des Palestiniens…

Avec le temps et, en fait, peu après sa création en 1994, les Palestiniens ont commencé à réaliser que l’AP n’était pas une plateforme de libération, mais un obstacle à celle-ci. Une nouvelle génération de Palestiniens tente aujourd’hui de définir un nouveau discours de libération basé sur l’inclusion, le militantisme de base et communautaire, soutenu par un mouvement de solidarité en pleine expansion à l’échelle mondiale.

Les événements dramatiques du mois de mai de l’année dernière – les manifestations de masse dans toute la Palestine occupée et la guerre israélienne contre Gaza qui s’en est suivie – ont mis en lumière le rôle de la jeunesse palestinienne qui, grâce à une coordination élaborée, une campagne ininterrompue et l’utilisation des plateformes de médias sociaux, a réussi à présenter la lutte palestinienne sous un jour nouveau, débarrassé du langage archaïque de l’AP et de ses dirigeants cacochymes.

Elle a également dépassé, dans sa pensée collective, tous les discours démobilisateurs concernant les organisations et leur approche autocentrée.

Et le monde a réagi comme il se devait. Malgré une puissante machine de propagande israélienne, des campagnes hasbara coûteuses et un soutien quasi total à Israël de la part des pouvoirs occidentaux et des médias dominants, la sympathie pour les Palestiniens a atteint un niveau record.

Par exemple, un important sondage d’opinion publié par Gallup le 28 mai 2021 a révélé que “… les pourcentages d’Américains considérant (la Palestine) favorablement et disant qu’ils sympathisent davantage avec les Palestiniens qu’avec les Israéliens dans le conflit, ont atteint des sommets historiques cette année.”

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