Palestine : pour en finir avec les idées reçues

jeudi 8 septembre 2022

La Palestine, les journalistes en parlent uniquement quand il se passe quelque chose de dramatique sur place. Ils ne prennent jamais ou rarement le temps de « contextualiser », comme si le passé n’avait jamais existé en Palestine. Par exemple, ils oublient de rappeler que c’est l’occupation illégale de leur terre par l’armée israélienne depuis maintenant 55 ans qui poussent certains Palestiniens au désespoir. Ils omettent également de rappeler les nombreuses résolutions onusiennes non respectées par « la seule démocratie du Moyen-Orient », comme aiment le scander les gouvernements occidentaux.
Quand c’est calme, la Palestine disparaît des radars médiatiques. Et c’est pour cela que nous avons décidé aujourd’hui d’en parler. Posément. On a eu une grande discussion avec Anne Tuaillon, vice-présidente de l’association France Palestine Solidarité (AFPS), une énorme organisation qui regroupe près de 5 000 adhérents, organisés en une centaine de groupes locaux en France.
Avec Anne Tuaillon, nous avons tenté de répondre à toutes les questions que se posent celles et ceux qui s’intéressent à la Palestine. C’est aussi un bon moyen, grâce à des éléments factuels, de contrebalancer la propagande pro-israélienne.

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LCDL : Le terme « conflit israélo-palestinien » est-il adapté à la situation ?

Anne Tuaillon : Non, il n’est pas adapté. Quand on parle de conflits, on fait référence à deux forces qui s’opposent sur un pied d’égalité. Il ne s’agit pas d’un conflit mais d’une situation d’oppression et de domination systématique du peuple palestinien par Israël. C’est un projet colonial de dépossession, un projet planifié qui se caractérise par le vol des terres et des richesses naturelles, par le transfert forcé de population et le nettoyage ethnique, par une colonisation de peuplement, un colonialisme agricole et industriel.

Anne Tuaillon, est-ce que pour le droit international l’occupation de la Cisjordanie par l’État d’Israël est légale ?

Selon le droit international, l’occupation doit être temporaire. Elle doit être également justifiée par une nécessité militaire et par l’intérêt du peuple occupé. On n’est bien évidement pas dans cette situation en ce qui concerne l’occupation militaire de la Cisjordanie par Israël qui dure depuis 1967. Déjà, on ne peut pas dire que 55 ans d’occupation militaire soit une occupation temporaire ! La nécessité militaire ne tient pas non plus la route quand l’occupant possède une des armées les plus puissantes du monde. Quant à l’intérêt du peuple occupé … L’intérêt du peuple palestinien passe par la reconnaissance de ses droits fondamentaux et nationaux, par la fin de l’occupation de ses terres, par l’arrêt de la colonisation et du régime d’apartheid.

Il faut également ajouter que, non content d’occuper illégalement la Cisjordanie, l’État d’Israël ne respecte quasiment aucunes des règles de la guerre, définies dans la quatrième convention de Genève et par le règlement des conférences de la paix de La Haye (NDLR : Elles constituent le droit de la guerre au sens strict du terme, c’est-à-dire l’ensemble des règles que doivent observer les belligérants dans la conduite des hostilités).

Pour citer quelques-unes de ces règles : il ne doit pas y avoir conquête de territoire, la puissance occupante doit assurer l’hygiène et la santé publique à la population occupée, l’approvisionner en vivres, les transferts forcés de personnes civiles et les peines collectives ainsi que la confiscation des biens privés par l’occupant sont interdites, les biens culturels doivent être respectés…

Qu’est-ce qu’on appelle la Nakba ?

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