Quand être pro-Palestinien devient la norme

samedi 6 novembre 2021

JPEG - 86.1 ko Rashida Tlaib, à droite, (représentante américaine du 13e district du Congrès du Michigan) prend la parole lors d’un rassemblement de soutien à la Palestine organisé par New Generation for Palestine à Dearborn le 16 mai 2021. Tlaib a parlé des injustices auxquelles les Palestiniens sont confrontés et a critiqué le président Biden pour son soutien aux forces israéliennes. Elle a également abordé les efforts qu’elle-même et The Squad (un groupe de six membres démocrates de la Chambre des représentants des États-Unis) déploient au Congrès pour faire avancer les droits humains des Palestiniens - Photo : Antranik Tavitian/Detroit Free Press

Par Ramzy Baroud

Il y a un changement indéniable dans la politique américaine en ce qui concerne la Palestine et Israël, un changement qui s’inspire de la façon dont de nombreux Américains, en particulier les jeunes, considèrent la lutte palestinienne et l’occupation israélienne.

Si cette évolution ne s’est pas encore traduite par une diminution tangible de l’emprise d’Israël sur le Congrès américain, elle promet d’être lourde de conséquences dans les années à venir.

Les événements récents à la Chambre des représentants des États-Unis illustrent clairement cette réalité sans précédent. Le 21 septembre, les représentants démocrates ont rejeté avec succès la proposition d’accorder à Israël un milliard de dollars de financement militaire dans le cadre d’un projet de loi de dépenses plus large, après les objections de plusieurs membres progressistes du Congrès.

L’argent était précisément destiné à financer l’achat de nouvelles batteries et d’intercepteurs pour le système de défense antimissile israélien Iron Dome.

Deux jours plus tard, le financement a été réintroduit et, cette fois, il a été adopté, et à une écrasante majorité, par un vote de 420 contre 9, malgré les plaidoyers passionnés de la représentante américano-palestinienne, Rashida Tlaib.

Lors du second vote, seuls huit démocrates se sont opposés à la mesure. La neuvième voix d’opposition est venue un membre du parti républicain, Thomas Massie, du Kentucky.

Bien qu’elle ait été l’une des voix qui ont bloqué la mesure de financement le 21 septembre, la représentante démocrate, Alexandria Ocasio Cortez, a changé son vote à la toute dernière minute par la mention “présente”, créant une certaine confusion et soulevant la colère de ses partisans.

Quant à Massie, son refus du consensus républicain lui a valu le titre d’ “antisémite de la semaine” décerné par une organisation lobbyiste pro-israélienne notoire appelée “Stop Antisemitism”.

Malgré l’issue du bras de fer, le fait qu’un tel épisode ait même eu lieu au Congrès est un événement historique qui mérite d’y revenir. Cela signifie que dénoncer l’occupation israélienne de la Palestine n’est plus un tabou pour les élus américains.

Il fut un temps où s’exprimer contre Israël au Congrès générait une réaction massive et bien orchestrée du lobby pro-israélien, en particulier de l’American Israel Public Affairs Committee (AIPAC), qui, par le passé, mettait fin à des carrières politiques prometteuses, même celles de politiciens chevronnés.

Une combinaison de tactiques de dénigrement et diffamation dans les médias, de soutien à des rivaux et de menaces directes a souvent scellé le sort des quelques membres dissidents du Congrès.

Si l’AIPAC et ses organisations sœurs persistent dans leurs vieilles tactiques, la stratégie plus générale n’est plus aussi efficace qu’autrefois. Les membres du Squad – les jeunes représentants qui s’expriment souvent contre Israël et en faveur de la Palestine – ont pris leur fonction au Congrès en 2019. À quelques exceptions près, ils sont restés largement cohérents dans leur position en faveur des droits des Palestiniens et, malgré les efforts intenses du lobby israélien, ils ont tous été réélus en 2020.

La leçon historique ici est que le fait de critiquer Israël au Congrès américain ne garantit plus une défaite électorale. Au contraire, dans certains cas, c’est tout à fait le contraire qui se produit.

Le fait que 420 membres de la Chambre des représentants [une des deux instances du Congrès, l’autre étant le Sénat] aient voté en faveur de l’octroi de fonds supplémentaires à Israël – qui s’ajoutent aux 3,8 milliards de dollars de fonds annuels – reflète la même lamentable réalité que par le passé, à savoir que, grâce à la couverture médiatique mensongère et incessante des entreprises de presse, la plupart des électeurs américains continuent de soutenir Israël.

Cependant, le relâchement de l’emprise du lobby sur le Congrès américain offre des opportunités uniques aux électeurs pro-palestiniens d’exercer enfin une pression sur leurs représentants, en exigeant responsabilité et équilibre. Ces opportunités ne sont pas seulement créées par de nouvelles voix jeunes dans les institutions démocratiques américaines, mais aussi par l’évolution rapide de l’opinion publique.

Pendant des décennies, la grande majorité des Américains ont soutenu Israël. Les raisons de ce soutien variaient en fonction du contexte politique tel que défii par les responsables et les médias américains.

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