Retour des violences au Proche-Orient : "Il y a une volonté de de marginaliser la question palestinienne"

vendredi 22 avril 2022

Depuis le 22 mars, Israël est en proie à une escalade de la violence. Quatre attentats en quelques semaines et plus d’une dizaine de blessés font craindre un nouvel embrasement entre l’État hébreu et la Palestine. Agnès Levallois, maître de recherches à la Fondation pour la recherche stratégique et co-pilote de l’Observatoire sur le monde arabo-musulman et le Sahel apporte son éclairage sur les causes de ce regain de violences, en pleine période de fêtes religieuses. Entretien.

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TV5 MONDE : Comment expliquer le regain de violence des dernières semaines ?

Agnès Levallois, maître de recherches à la Fondation pour la recherche stratégique :
La question palestinienne a été complètement mise de côté depuis plusieurs années. Il y a régulièrement des poussées de violences, en réaction au fait que les Israéliens, les Américains, et beaucoup d’acteurs, notamment arabes, engagés dans le processus de normalisation avec Israël, considèrent que cette cause palestinienne n’existe plus. Or, les Palestiniens existent encore, et il y a une volonté de leur part de montrer qu’ils sont encore là, même si leurs revendications ne sont plus prises en compte par personne.

Je pense notamment au sommet du Néguev (qui a réuni le secrétaire d’État américain, Antony Blinken et les chefs de la diplomatie d’Israël, d’Égypte, de Bahreïn, des Émirats arabes unis et du Maroc ndlr), il y a quelques jours qui a lieu au moment de la commémoration de la journée de la Terre, qui est une journée importante pour les Palestiniens (ils commémorent les mobilisations historiques de 1976, face à l’annexion de plus de 2 500 hectares de terres en Galilée par le gouvernement israelien ndlr).

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Ce sommet peut être considéré comme une gifle, parce que la question palestinienne n’a pas du tout été abordée. Israël voulait montrer qu’ils étaient capables d’accueillir un sommet avec des ministres des affaires étrangères, et il y a une volonté de la part des acteurs aujourd’hui de marginaliser complètement cette question palestinienne.

Malheureusement, elle se rappelle régulièrement au bon souvenir des uns et des autres, parce que vous ne pouvez pas faire disparaître cette revendication nationaliste simplement avec la volonté de normaliser les relations entre les pays de la région.

TV5 MONDE : La question de la Palestine est-elle aujourd’hui considérée comme un souci propre à Israël, et qui ne concerne que l’État Hébreux ? Les États-Unis par exemple, semblent se désintéresser de la question.

Agnès Levallois : Pendant la période Trump, le président a considéré qu’il pouvait acheter la paix avec les Palestiniens, en proposant de mettre de l’argent sur la table, en échange de quoi les Palestiniens renonçaient à toute revendication nationaliste. Ce qui est frappant, c’est que lorsque Biden arrive au pouvoir, il ne remet pas en question la politique mise en oeuvre par Trump. Il n’est pas revenu sur la décision de déplacer l’ambassade de Tel Aviv à Jérusalem, et il n’a pas remis en question le fameux "deal du siècle" (les accords d’Abraham, qui signent le début de la normalisation des relations entre Israël, les Émirats arabes unis et Bahreïn ndlr).

Lire l’interview complète ICI.