Un gouvernement d’extrême-droite avec Netanyahu à sa tête ne dérangera nullement l’Occident

lundi 14 novembre 2022

L’État Israël n’est pas soudainement devenu plus raciste. C’est plutôt qu’il craint de moins en moins que le monde entier ne voit son racisme.

JPEG - 64.1 ko Jérusalem - Forces israéliennes d’occupation s’acharnant sur un manifestant palestinien - Photo : Archives

Ce qui est le plus inquiétant dans le résultat des élections générales israéliennes de cette semaine n’est pas le fait qu’un parti ouvertement fasciste ait remporté le troisième plus grand nombre de sièges, ni qu’il soit sur le point de devenir la cheville ouvrière du prochain gouvernement. C’est le peu d’effet que cela produira en Israël ou à l’étranger.

Certes, la politique israélienne sera encore plus impudente, brutale et intransigeante maintenant que le Sionisme religieux est au cœur du gouvernement. Mais cela ne changera rien au suprémacisme ethnique qui guide la politique israélienne depuis des décennies.

Israël n’est pas devenu soudain un État plus raciste. Il est simplement de plus en plus sûr qu’il n’a plus besoin de cacher son racisme au reste du monde. Et le monde – ou du moins la partie du monde qui se définit avec arrogance comme la Communauté internationale – se prépare à lui confirmer qu’il a parfaitement raison d’en être sûr.

De fait, l’attitude de l’Occident à l’égard du prochain gouvernement de coalition israélien ne sera pas différente de celle qu’il a adoptée à l’égard des gouvernements supposés moins corrompus qui l’ont précédé.

En privé, l’administration Biden aux États-Unis a fait savoir aux dirigeants israéliens qu’elle n’appréciait pas que les partis fascistes occupent une place aussi importante au sein du gouvernement, surtout parce que leur présence risque de mettre en lumière l’hypocrisie de Washington et d’embarrasser les alliés du Golfe. Mais il ne faut pas compter que Washington fasse quoi que ce soit de concret.

Il n’y aura pas de déclarations appelant à ostraciser le gouvernement israélien et à le traiter en paria, ni de démarches visant à le sanctionner ou à couper le flux des milliards de dollars d’aides que les États-Unis lui accordent chaque année.

Dans un Washington encore marqué par les retombées des émeutes du 6 janvier, personne n’osera dire que la démocratie israélienne a été sabotée de l’intérieur.

De même, on n’exigera pas d’Israël qu’il s’engage à mieux protéger les Palestiniens qui vivent sous son régime militaire, et on ne relancera pas les efforts pour forcer l’État hébreu à s’asseoir à la table des négociations.

On traînera un peu les pieds et on refusera peut-être symboliquement de rencontrer les ministres des partis fascistes, et puis les affaires continueront comme d’habitude – l’”habitude” étant l’oppression et le nettoyage ethnique des Palestiniens.
Mort et enterré

Il ne faut minimiser l’importance des résultats. Meretz, le seul parti juif qui affirme préférer la paix aux droits des colons israéliens, semble ne pas avoir réussi à franchir le seuil électoral. Le minuscule camp de la paix israélien semble désormais mort et enterré.

L’extrême droite laïque, l’extrême droite des colons et la droite religieuse fondamentaliste ont obtenu 70 des 120 sièges du Parlement, même s’ils ne sont pas tous prêts à siéger ensemble du fait de querelles intestines. Cela suffira, cependant, pour garantir le sixième retour au pouvoir de l’ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu, un record.

Il est pratiquement certain qu’Itamar Ben-Gvir aura une position centrale dans le nouveau gouvernement, son parti représentant l’héritage brutal et ouvertement suprématiste du célèbre rabbin Meir Kahane, qui souhaitait expulser les Palestiniens de leur patrie.

Netanyahu sait qu’il doit son retour en force à l’étonnante ascension de Ben-Gvir et des kahanistes – et il lui faudra les récompenser.

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