Une résolution attendue par le peuple palestinien

vendredi 4 novembre 2022

Entretien avec Jean-Paul Lecoq, député communiste et auteur d’une résolution condamnant l’institutionnalisation par Israël d’un régime d’apartheid
à l’encontre du peuple palestinien.

JPEG - 106 ko

Nos Révolutions : Vous avez déposé mi-juillet à l’Assemblée nationale un projet de résolution évoquant une situation d’apartheid de l’État israélien à l’encontre du peuple palestinien. Qu’est-ce qu’une résolution parlementaire ? Quel est votre objectif et pourquoi l’avoir déposé à ce moment ?

Jean-Paul Lecoq : Je suis engagé dans le combat pour la liberté de la Palestine et des Palestiniennes et des Palestiniens depuis le début de mon engagement politique autour de mes 15 ans.

Depuis ce temps-là, j’entends des colonisations illégales, des guerres, des destructions, des violations de droits humains, des emprisonnements et des dépassements du droit international de la part d’Israël. De l’autre côté, je vois un peuple qui souffre et qui tente de résister avec le peu de moyens dont il dispose.

Plus récemment, l’été 2018, avec le vote à la Knesset de la loi « État-nation du peuple juif » qui modifie le texte fondamental, effaçant l’idée d’une autodétermination du peuple palestinien, qui lui dénie le droit d’exister, j’ai été choqué par ce nouveau pas dans l’indécence et dans le mépris des Palestiniens d’Israël et de Palestine.

Les accords d’Abraham ont amplifié cette mise à l’écart des besoins des Palestiniens pour se concentrer uniquement sur des accords économiques, inutiles pour qui se bat pour la liberté d’un peuple.

Enfin, depuis plusieurs années, l’expression « d’apartheid » monte, les ONG, les associations, les partis politiques sur place ne font que constater que la situation empire jour après jour, et qu’aujourd’hui, une situation de séparation en droit est mise en place, et que cette séparation place les citoyens juifs d’Israël au-dessus, en droit, des autres citoyens.

Des routes réservées aux Israéliens, des check-points obligatoires pour les Palestiniens, un tribunal militaire pour les Palestiniens, un tribunal civil pour les autres, et je pourrai dérouler ces exemples encore très longtemps. Malheureusement.

Par conséquent, l’objectif était de mettre en lumière ce terme, et, ayant entendu les nombreux appels à dénoncer cette situation, j’ai pris les devants et j’ai rédigé cette résolution, afin de clamer haut et fort ce problème.

En ce mois de mai 2022, quand j’ai déposé la résolution, il était question dans tous les médias de sanctions justifiées à l’égard de la Russie qui ne respectait pas le droit international. Ça pose la question du « deux poids deux mesures » en matière de droit international.

La proposition que j’ai portée est donc une résolution, c’est-à-dire un texte parlementaire visant à demander quelque chose au gouvernement. Ce texte n’est donc pas une loi à proprement parler, mais s’il est mis à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale, il devra être examiné dans l’hémicycle au même titre que n’importe quel autre texte juridique.

Cette proposition ne s’arrête pas à dénoncer uniquement l’apartheid. Elle réaffirme l’importance d’une solution à deux États, demande à sanctionner les responsables des crimes contre les Palestiniens, exige du gouvernement qu’il reconnaisse l’État de Palestine, et qu’il arrête, conformément à la jurisprudence française, de déclarer illégal le boycott exigé sur les produits issus des colonies israéliennes illégales. C’est un travail complet de réflexion sur le conflit israélo-palestinien.

Lorsque l’on est parlementaire, l’un des devoirs que l’on a, c’est de dire les choses, y compris à ceux dont les comportements doivent être dénoncés. Donc j’ai considéré avec mes collègues du groupe de la gauche démocrate et républicaine, qui est composé de députés communistes et de députés d’Outre-Mer qu’il fallait désormais utiliser le mot « apartheid », et l’assumer comme un tournant dans la situation israélo-palestinienne.

NR : Le recours au terme « d’apartheid », mot utilisé pour décrire la situation qu’a connu l’Afrique du Sud jusqu’en 1992, a fait beaucoup discuter et a même suscité de violentes attaques. Comment expliquez-vous ces reproches ?

Lire l’article complet ICI.