Voyage en PALESTINE du 13 au 23 Octobre 2022

dimanche 5 mars 2023

« Nous n’avons pas le luxe du désespoir, mais un espoir inébranlable et un engagement profond à créer un avenir meilleur pour toutes les générations à venir » Dr Abdelfattah Abusrour, fondateur et directeur d’Alrowwad

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Jeudi 13 : arrivée à Jérusalem

Installation à l’hôtel Rivoli et dîner à Jérusalem Hôtel

Vendredi 14 : visite de Jérusalem avec notre guide Sabri

Découverte du patrimoine de la vieille ville. Vue de l’esplanade des mosquées (Al Aqsa, Dôme du rocher) et du mur occidental du temple hérodien (mur al Bouraq, mur des lamentations) visite du souk mamelouk des cotonniers, du couvent franciscain et de l’église de la flagellation, du saint-Sépulcre et ses sanctuaires.
En 1840 : 100% des ha de Jérusalem habitent à l’intérieur de la vieille ville, autour c’est la campagne. En 1911 sous les Ottomans 50% sont à l’extérieur, la ville s’étend vers l’ouest.
Sous le mandat britannique 1917 -1938 : 300.000 juifs européens arrivent en Palestine, avant 1900 on comptait seulement 5% de juifs autochtones arabes.
Après une phase d’occupation de la vieille ville par la Jordanie de 1948 à 1967, la mairie de Jérusalem devient israélienne en 1967. Le quartier de l’Hôtel Rivoli a été construit en dehors de la muraille dans les années 50-60.
Les murailles de la vieille ville datent du XVIè siècle, époque Ottomane. On y accède par plusieurs portes : la porte d’Hérode ou porte de la rose, porte de Damas très animée, porte de Jaffa , porte des marchands de coton.
Jérusalem est la ville de pèlerinages des 3 religions monothéistes avec de nombreuses fondations religieuses dans des bâtiments prestigieux.
La vieille ville à l’intérieur des remparts compte environ 35 000 habitants dont 32 000 palestiniens, les autres sont des juifs, 1000 à 2000 dans le quartier juif , les autres disséminés qui ont implanté des colonies sous des prétextes fallacieux. On interdit aux palestiniens de mettre le drapeau palestinien alors que chaque colonie aussi petite soit-elle expose son drapeau.
Il y a beaucoup d’édifices religieux. Un chemin de croix jalonne la voie Dolorosa.
Nous avons visité l’église de la Flagellation dans le complexe acquis et administré par les franciscains. C’est la deuxième étape du chemin de croix. L’église construite au temps des croisés a été restaurée en 1930. Le complexe abrite un musée archéologique avec des chapiteaux, un ossuaire juif, une carte de l’époque d’Hérode, des fouilles et une présentation multimédia de la via Dolorosa.
L’accent est mis sur l’ancienneté du site et les multiples civilisations qui s’y sont succédées.
Jérusalem est un lieu de brassage aux références multiples qui enrichissent le site et sont à l’origine de la naissance des grandes religions. Il ne peut y avoir de confiscation de l’histoire par un seul peuple.
Du toit de l’hospice autrichien, il y a une vue magnifique sur la vieille ville.
On y trouve des bâtiments Mamelouks, dynastie militaire (1250-1517) d’anciens esclaves expulsés d’Egypte qui chassèrent les croisés et renforcèrent l’établissement de l’Islam.
En 1860 l’autorisation a été donnée aux étrangers d’acquérir des terres et les institutions européennes se sont installées à Jérusalem. La vue panoramique permet de voir les nombreux établissements religieux, institutions avec leurs drapeaux, seul le drapeau palestinien est interdit... nombreuse mosquées et minarets mamelouks, toits en dôme ,zaouia afghane, ouzbeck
Cinq d’entre nous ont assisté à une manifestation dans un quartier de Jérusalem Sheikh Jarrah. Les isaréliens veulent récupérer ce quartier et ont commencé à expulser et déplacer les palestiniens qui y vivent. Chaque vendredi a lieu une manifestation. Ce vendredi 14 il y avait beaucoup de monde car la veille il y avait eu des heurts violents. Des ONG, des juifs antisionistes participaient à cette manifestation. Nous avons assisté au comportement provoquant des israéliens qui hurlaient leur haine. Nous sommes fiers d’avoir soutenu ces habitants.

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Le reste du groupe a poursuivi la visite de la vieille ville Arrêt devant la bibliothèque Al Khalidi, du nom d’une très vieille famille de Jérusalem qui depuis le 11°s a collecté des manuscrits arabes. La bibliothèque a été crée en 1900 dans un bâtiment mamelouk du 14°s. En 1967 le quartier voisin des maghrébins a été détruit, des écoles juives ont été construites sur le toit de la bibliothèque. En 1989 une association a été créée pour sauver les documents et rénover le lieu. C’est un témoignage vivant exceptionnel des revendications historiques des palestiniens sur Jérusalem.
Traversée d’un quartier juif, les maisons ont été reprises par des financiers pour les revendre. Le comité d’habitation peut refuser un habitant arabe « pour ne pas rompre l’équilibre ». Nous accédons au site du mur des lamentations. L’espace situé devant le mur a été dégagé en 1967 en détruisant le quartier des maghrébins et expulsant ses habitants. De nombreuses familles juives s’y pressent, juifs orthodoxes en tenue traditionnelle qui célèbrent la fête de Soukoth et brandissent des palmes. Nous poursuivons vers le quartier du St Sépulcre. Les lieux saints ont été partagés en 1852 entre les différentes communautés chrétiennes et leur gestion est très codifiée, deux familles palestiniennes gardent les clés.
NB : Sabri nous fait remarquer que le découpage qu’on trouve dans tous les guides ;
quartiers chrétien, arménien, juif, musulman, n’existe pas pour les palestiniens qui connaissent les anciens noms arabes de ces quartiers.
Nous sortons de la vieille ville par la porte de Damas, ancienne porte de la colonne (bab el hammout).

Samedi 15 : Rencontre avec Michel Warshawski :journaliste, écrivain, juif israélien,anticolonialiste, fils du rabin de Strasbourg.

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« Jérusalem est une ville pauvre et dure. Pour la population israélienne dite de gauche, la question palestinienne s’est marginalisée ces dernières années. Israël
s’est normalisée par rapport aux autres pays. C’est un petit pays performant et riche, le déséquilibre s’accroît au détriment des palestiniens. Face à eux, les palestiniens ne
lâchent rien, sans une vraie solution les conflits persisteront.
En Israël il y a une montée de l’extrême droite avec un gouvernement d’extrême droite. Le bloc de Netanyahu risque d’obtenir une majorité absolue aux prochaines
élections. Pourtant l’opinion publique israélienne est à peu près stable avec un léger glissement à droite. La moitié de la population est modérée, très consommatrice et se désintéresse de la politique. La jeunesse diplômée part à l’étranger, Berlin et USA.
Quelles perspectives ? À court terme cette situation peut durer mais cela peut aussi exploser dans les territoires occupés ou dans les pays arabes.
Relations avec l’extérieur :
Sans les USA, Israël n’existe pas, soutien politique, 3 milliards d’aide militaire, projets communs.
L’Europe n’a aucune influence.
La Chine va certainement jouer un rôle important.

Les palestiniens vivent des réalités différentes. Ils sont divisés, division activée par le colonialisme.
Ils ont des aides, européennes, Nations Unies, Europe, ce qui leur permet de garder la tête hors de l’eau. Ce n’est pas pour autant un peuple assisté : les gens travaillent souvent pour un salaire de misère. C’est un peuple digne à qui on ne permet pas de se développer et que les colons agressent régulièrement. »

Tour en bus sur le territoire de Jérusalem Est occupé et annexé, en 1967.
Ce territoire fait 70km2 .35/% est occupé par les colonies, 22% par les infrastructures de la municipalité (routes, tunnels), sur le reste du territoire palestinien 30% n’a pas de plan d’urbanisme et n’est pas constructible. Toute construction sans permis peut être détruite (plus de 15000 logements palestiniens). Les habitants de Jérusalem ne peuvent pas non plus aller habiter à l’extérieur de la municipalité sous peine de se voir retirer leur statut de résident et de ne plus pouvoir venir travailler à Jérusalem. Le mur construit en2002 2004 fait 146 km, il sépare des quartiers palestiniens et crée des enclaves entre la limite de la municipalité et le mur, 100000 personnes y sont bloquées, dépourvues de tout service municipal.
Le but poursuivi par Israël est de faire partir la population palestinienne et de la remplacer.

Pour le repas de midi nous avons été accueillis par le comité des femmes de Nabi Samuel. Nous avons rencontré Nawel Barakat, la présidente, et sa famille dans le village de Nabi Samuel. Le village qui comptait 2000 ha a été occupé en 1967. En 1971 la partie haute du village a été détruite et le village a été déclaré zone naturelle et parc archéologique avec construction d’un mur qui isole le village de la Cisjordanie et de Jérusalem. Le seul accès se fait par un checkpoint, les habitants de Cisjordanie n’ont pas le droit d’entrer dans le village, les achats se font dans les villages environnants ou nécessitent une autorisation, dans la zone il est interdit de construire, de clôturer, de planter, il n’y a pas de transport public, pas de service médical, l’ambulance ne peut pas rentrer.

Nawel a créé le comité des femmes pour les inciter à étudier, faire des formations, de la réhabilitation des maisons. Fin août des protestations statiques avec pancartes ont été organisées à l’entrée du village. Les villageois ont été agressés par les colons, l’armée est intervenue, il y a eu 9 arrestations. Le mari de Nawel est resté 2 mois en prison, un de ses fils y est encore, l’autre fils est recherché et se cache comme 90% des jeunes du village. Depuis l’armée israélienne vient régulièrement le soir fouiller les maisons.
A la sortie du village nous trouvons le site archéologique et le sanctuaire dédié à Samuel visité ce jour là par des familles éthiopiennes...

Dimanche 15 : Visite sur l’esplanade des mosquées – Hébron – Bethléem

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Certains d’entre nous ont profité de la possibilité d’aller tôt le matin à l’esplanade des mosquées.
Une fois traversé l’espace devant le mur des lamentations où les juifs célébraient le dernier jour de la fête de Soukoth, nous sommes montés par la passerelle jusqu’à l’esplanade où sont édifiés le Dôme du Rocher troisième lieu saint de l’Islam et la mosquée El Aqsa.

Départ pour Hébron
Visite de la vieille ville, placée en zone controlée par les israéliens et qui a perdu toutes ses activités à cause de l’implantation de 5 colonies et 500 colons très agressifs. Visite de la Mosquée d’Ibrahim ou « tombeau des patriarches » qui abrite les cénotaphes des patriarches. Repas dans une famille du quartier enclavé et isolé de Tell Rumeida, chez une dame veuve d’un militant mort des suites d’un étouffement dû aux gaz lacrymogènes lors d’une manifestation. Sa maison est d’un
accès difficile, il faut traverser des terrains en friche, les colons vivent au-dessus de sa maison et provoquent en permanence.
Cette dame a choisi de rester dans sa maison avec ses enfants, comme le souhaitait son mari, c’est un acte de résistance. Elle milite pour que les palestiniens puissent rester là où ils vivent depuis toujours, elle incite les familles à faire faire des études à
leurs enfants. Elle a des difficultés pour aller faire ses courses, il n’y a pas de centre de soin près de chez elle. Il faut passer un cheik point pour rentrer chez elle, parfois il est fermé ou on ne les laisse pas entrer.
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Accueil à l’Université d’Hebron, fondée en 1971 où l’on a été reçu par un professeur de français qui nous a demandé de former des petits groupes pour parler avec ses élèves.....et deux d’entre nous sont passés à la radio en français de l’Université.
De Jérusalem à Hébron on emprunte une route qui va vers le sud. On peut y voir des maisons palestiniennes abandonnées et de nombreuses colonies. Des tunnels sont construits ainsi que des routes pour contourner les villages palestiniens en facilitant le passage des colons.
Nuit au camp de réfugiés d’Aïda. Installation dans la guesthouse construite en 2016 par l’association Alrowwad

Lundi 17 : Bethléem (guide Jawad)

Rencontre avec l’association socioculturelle al-Rowwad (Directeur Abdelfattah Abusrour).
« Alrowwad a été créé en 1998 pour sauver des vies et inspirer l’espoir et donner aux enfants, aux jeunes et aux femmes la possibilité de s’exprimer de manière créative, belle et pacifique à travers les arts de la scène et les arts visuels, l’éducation et la culture, pour construire la paix, pour être des bâtisseurs de paix dans leur communauté et dans le monde, penser vivre plutôt que de mourir pour leur pays et d’apporter un changement dont nous tous pouvons être fiers. »
C’est une organisation indépendante à but non lucratif. La troupe de théâtre se produit à l’étranger (festival d’Avignon)
Le camp d’Aida abrite des déplacés de 1948, il compte 6200 habitants dont les 2/3 ont moins de 24 ans sur une surface de 4ha .
Dans ce camp les maison sont construites illégalement. Ce devait être provisoire. Les tentes de 1949 (la Nakba) ont été remplacées par des maisons dans les années 80. Les gens survivent grâce à l’aide des Nations Unies, puisque les habitants sont considérés comme des étrangers dans leur propre pays. Pas d’accès à l’eau, citernes sur les toits.
Ensuite rencontre avec le centre Badil, pour le droit à la résidence et les droits des réfugiés palestiniens (Leïla, avocate)
Cette ONG existe depuis 1998, elle travaille pour tous les réfugiés où qu’ils soient et quelque soit la date. Depuis 2006 elle a un statut consultatif aux Nations Unies.
66% de la population palestinienne a été victime de déplacements forcés soit 9,1millions de personnes, réfugiés ou déplacés internes. Actuellement déplacements indirects avec le régime des permis, la confiscation des terres, la ségrégation et le racisme institutionnalisés.
BADIL propose des formations aux jeunes sur leurs droits, droit au retour, droit à la résistance et fait le lien avec les luttes d’autres peuples opprimés (peuples indigènes, ouigours...)

Visite de Béthléem
- grotte de lait, vue sur la ville de la terrasse d’un fabricant d’objets en bois d’olivier, église de la nativité.
Découverte du mur qui enferme la ville et des dessins satiriques, graffitis, portraits qui le couvrent.
Visite d’un espace dédié aux artistes palestiniens et au mur The Walled Off Hotel « les murs ont la parole ».
Nous avons assisté à une manifestation pour que les Israéliens rendent le corps d’un martyr, ainsi qu’un soutien aux prisonniers en grève de la faim. Se cotoyaient le maire, un évêque catholique, un imam et un patriarche orthodoxe.
Visite du mur et du musée attenant, fresques de Bansky.

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Mardi 18 : Wadi Qelt

Arrêt au monastère Saint-Georges de Choziba, héritage vivant du monachisme byzantin florissant en Palestine. Bâtisse impressionnante. Nous avons fait une randonnée de 6 km jusqu’à Jéricho, à travers un paysage désertique extraordinaire par un sentier muletier dans le wadi qelt

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Jéricho : La ville de Jéricho est en zone A mais les terres très fertiles qui l’entourent, sont en zone C et exploitées par les Israéliens. Jéricho est l’agglomération la plus basse sur terre (270m sous le niveau de la mer) et une des plus anciennes cités du monde.

Visite du palais Hisham (Khirbet al Majfar) du calife omeyade du 8°s. Une restauration du site a été réalisée récemment par le Japon, on peut y voir de superbes mosaïques uniques (le célèbre arbre de vie).

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Route vers le camp de réfugiés d’Aqabat Jaber, rencontre avec l’association de femmes du camp. Nuit à l’association.
L’association des femmes du camp a été fondée en 1997. Le gîte Beit al Tin a été reconstruit en 2012 avec des méthodes traditionnelles et peut accueillir des groupes. Nous sommes reçus par Djamila la directrice et la trésorière. L’association propose des formations à différents métiers aux femmes du camp, fait de l’agriculture biologique, des actions de lutte contre les violences domestiques, de la prévention de la consommation de drogues auprès des jeunes. Un groupe de femmes a pu partir en Suisse et en France dans le cadre d’un jumelage.
Le camp d’Aquabat Jaber qui date de 1948 est le plus grand de Cisjordanie(2km500). Il a accueilli les habitants de 30 villages. En 1967 une partie des habitants a fui en Jordanie. Actuellement la population est de 11.000 personnes. L’aide apportée par les Nations Unies est en nette diminution pour les services de santé, éducation, propreté. Il y a régulièrement des descentes de l’armée israélienne la nuit dans le camp avec arrestation de jeunes.

Mercredi 19 : Vallée du Jourdain – Sabastya (guide Quassan Muadi)

La vallée du Jourdain a été un passage pour toutes sortes de civilisations. Des camps militaires contrôlent tout le Jourdain. D’immenses palmeraies sont exploitées par les Israéliens qui ont accaparé l’ accès à l’eau.
Nous avons déjeuné dans une communauté bédouine. Dans ce secteur vivent 116 personnes, 16 familles. Le chef de famille nous a expliqué comment est appliquée la politique de colonisation et le transfert des populations bédouines. En 90 ils ont eu un espoir de paix, mais ils ont été trompés par la communauté internationale mais aussi par l’autorité palestinienne. Les bédoins pensaient qu’ils pouvaient se défendre devant la justice contre l’occupation, c’est impossible. Ils apprennent donc aux jeunes à résister en restant là où ils sont installés.
Dès 67, début de la colonisation, le Jourdain a été une des cibles israéliennes. 15 % des terres agricoles étaient cultivées le reste était en pâturage.
Israël a voulu faire partir les bédouins de différentes façons :
- création de zones limitées (zones militaires) avec amendes
- ont mis des animaux en quarantaine pour les confisquer et faire payer des amendes pour les récupérer
Parole de notre ami bédouin « C’était comme une femme enceinte qui a du mal à accoucher et quand cela arrive c’est pour donner les accords d’Oslo »

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Les bédoins sont toujours là. Israël détruit régulièrement les campements, 32 fois dans celui-ci, les bédoins se réinstallent. Israël a mis en place des colons bergers protégés par l’armée et la police ce qui provoque tensions et affrontements. Ils sont privés de l’eau des sources détournée par les Israéliens. Les puits creusés par les bédouins sont pollués par les eaux usées des colons.
Ils n’ont pas le droit d’avoir une école, les enfants sont obligés de se lever très tôt pour prendre un bus éloigné de leur campement. Pas de dispensaire non plus sous prétexte de sécurité. Il faut acheter l’eau aux Israéliens 1m3 = 30 schekels (8€)
La convention de Genève n’est pas appliquée en Palestine. Les aides des Nations Unies permettent de survivre mais ne permettent pas les investissements.
Notre hôte est allé devant le parlement européen de Strasbourg pour exposer la situation de leurs communautés..
Route vers Sabastya, nuit à la maison d’hôtes Mosaic Guesthouse, très belle et sereine maison fondée par une association aidée par des fondations étrangères.
Visite des vestiges de cette petite ville (l’ancienne Samarie), différentes civilisations apparaissent : cananéenne, romaine, byzantine, arabe, au milieu de magnifiques oliviers.

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Les Israéliens ont décidé de faire leurs propres fouilles, une manière de s’approprier d’avantage le passé. L’archéologie est une arme.
Visite d’un moulin à huile. En fin de journée l’activité est au maximum avec les olives qui viennent d’être récoltées.

Jeudi 20 : Naplouse est bloquée par l’armée israélienne, impossible d’y aller.

Nous nous dirigeons alors vers Tulkarem, en chemin visite d’un atelier de céramique à Nisf Jubeil, créé par Mosaïc guest et qui fournit du travail à des palestiniennes.
Beaucoup de céramiques ont pour motif la grenade dont la fête est associée à celle de la croix le 17 septembre, date où les pluies devraient arriver. C’est à ce moment que commence la récolte des olives. Le résidu des olives pressées est utilisé comme matériau de chauffage ou pour amender la terre.

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Arrêt à Burqa à 15km de Naplouse. La Municipalité nous a reçus. Une colonie israélienne s’était implantée, en 2005 Sharon les a fait évacuer. Les palestiniens auraient dû reprendre leurs terres, ce qu’ils ont commencé à faire. En 2007, quelques colons sont revenus, la municipalité a fait un recours devant la cour suprême qui donne raison aux palestiniens, mais cela est resté lettre morte.
La cinquantaine de maisons en face de la colonie est régulièrement attaquée, sous surveillance de l’armée israélienne. Si les palestiniens ripostent c’est la prison. Un groupe d’une dizaine de colons peut désorganiser l’infrastructure palestinienne. L’un des représentants de la municipalité qui accompagnait une délégation des droits de l’homme a été sauvagement attaqué par les colons.
Les enfants sont en totale insécurité.
La municipalité compte 9 membres dont 2 femmes. Les élections ont lieu
tous les 4 ans.

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A Tulkarem rencontre avec le collectif pour les arts et la culture, Dar Qandeel.
Déjeuner avec le collectif.
Cette petite ville est connue pour sa chaleur et ses agrumes. Elle possède un petit centre ancien.
Le collectif pour les arts et la culture est installé dans une ancienne maison qu’il loue mais les propriétaires veulent récupérer leur bien qui a pris de la valeur.
C’est un lieu d’accueil, de rencontres d’artistes palestiniens et étrangers.
Ils font un travail artistique avec les enfants(peu d’initiation à l’école). L’expression artistique est plus libre qu’académique. C’est un endroit où les deux sexes peuvent se rencontrer sans contrainte, des mariages ont eu lieu.
D’autres activités que la peinture se pratiquent : La musique : un groupe est issu de cet endroit et est très connu en Palestine
Le théâtre : quelques représentations mais surtout de l’initiation
Vidéos, créations artistiques à partir de matériaux de récupération.
Expositions temporaires d’oeuvres palestiniennes et de Gaza.

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Le fonctionnement dépend de donations aléatoires. Les œuvres sont vendues, mais cela reste insuffisant. Les débuts ont été difficiles dans cette région conservatrice, ils ont dû faire face à une grande méfiance. Une animatrice s’occupe d’enfants handicapés. Parfois les écoles font appel au centre et les enfants du quartier viennent y faire des activités. Il y a aussi du soutien scolaire, des camps pour jeunes, la journée du patrimoine.

Vendredi 21 : route pour Ramallah

Rencontre au centre Melkite dans la vieille ville.
Atelier de broderie de l’église orthodoxe orientale fondée après la 1ère intifada, avec 5 employées pour donner des ressources aux femmes, les hommes ayant été tués ou faits prisonniers.
Aujourd’hui 250 femmes y sont employées. La production est vendue dans les paroisses, à des associations amies en Italie en France (Palestine 13 entre autres). Les femmes sont payées immédiatement après qu’elles aient fourni leur travail. A l’heure actuelle, il y a moins de commandes locales car de nombreux ateliers nouveaux se sont installés. Ce sont souvent des musulmanes, femmes de prisonniers, veuves, mères d’handicapés.

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Après-midi visite du Musée Yasser Arafat, exposition permanente sur 100 ans d’histoire contemporaine de la Palestine. Notre guide Kassan a commenté cette exposition de façon remarquable.

Samedi 22 : Aperçu en bus du checkpoint de Qalandia,

les Palestiniens y passent journellement pour aller travailler, les contrôles y sont importants et l’on peut y voir de longues files d’attente le matin très tôt.

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Rencontre avec une association de défense des droits de l’homme AL-HAQ, laquelle vient d’être déclarée illégale parce que terroriste selon Israël. La porte a été fracturée de nuit par l’armée israélienne en zone A, des documents ont été volés.
Les militants d’Al-Haq se documentent, sur place, sur les violations des droits de l’homme. La documentation permet des publications mais elle s’adresse aussi à la cour suprême internationale.
Cela permet également de faire connaître quelles sont les entreprises étrangères qui apportent directement leur concours au développement des colonies, en violant les droits de l’homme. Pour la France Véolia, Orange, Axa sont épinglées. Cette dénonciation a permis de faire retirer le projet de Véolia pour la construction du tramway israélien. La police israélienne a interdit à Al-Haq de continuer à fonctionner. Malgré le réel danger, Al-Haq poursuit son travail, dénoncer le
système colonialiste israélien :
- occupation militaire
- implantation de colonies.

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Depuis les accords d’Oslo, le colonialisme n’a pas cessé : accaparation des terres et de l’eau. Le peuple n’a jamais cessé de résister.
113 morts depuis le début de l’année dont 7 enfants côté palestiniens.
Il y a aussi violation des droits de l’homme de la part de l’autorité palestinienne. Aucune élection n’a eu lieu depuis 2006. Tous les pouvoirs se trouvent concentrés entre les mains du président.
Les palestiniens souhaitent la présence d’étrangers solidaires pour témoigner et faire pression pour stopper l’activité économique de certaines entreprises françaises.
La politique coloniale israélienne fragmente le territoire pour empêcher l’unité, l’entité.
La population palestinienne est dispersée soit, en Jordanie, Gaza, Israël, dans les camps de réfugiés et dans les pays étrangers.
De temps en temps, comme actuellement à Alger, Fatah et Hamas se rencontrent. Mais ce n’est qu’une photo de famille qui n’aboutit à rien.
La génération plus jeune à Jénine ou Naplouse commence à s’organiser pour résister militairement.
Al-Haq intervient aussi sur le plan international par sa présence dans l’instance économique et sociale des Nations Unies. La Palestine a été acceptée uniquement comme observateur à la Cour Pénale Internationale.
Ce statut d’observateur a permis à la Cour de devenir compétente pour examiner les violations des droits de l’homme en territoire palestinien, compétence reconnue par la présidente en 2020. Les investigations ont commencé en 2021 mais un changement de procureur général rend actuellement le processus plus opaque, peu de contacts avec les ONG. Ce processus très long est primordial pour les palestiniens
Des recours sont faits auprès de la cour de Rome à propos des punitions collectives, en particulier la rétention des corps des victimes.
Al-Haq n’a pas d’appartenance politique, mais elle a un partenariat avec d’autres organisations comme la Ligue Internationale des Droits de l’Homme. C’est un acteur très important de la société civile palestinienne ce qui explique qu’elle ait été ciblée par les israéliens comme d’autres ONG.
Les israéliens envoient des virus dans les données de personnes (Salah Hamouri avec pegasus).
Il faut faire pressions sur nos gouvernants pour que l’association Israël/Europe ne puisse se réunir.
Si un seul pays s’oppose à cette union elle ne peut se faire.

Rencontre avec Jamal Jewah de l’association STOP THE WALL
Cette association s’est créée début 2002 au moment de la construction du mur et de l’attaque du camp de Jénine, une campagne contre le mur s’est développée.
Cela a permis l’organisation de comités populaires, l’utilisation des médias et l’établissement de relations internationales.
C’est la première organisation qui a appelé au boycott des produits venant des colonies avec médiatisation de la confiscation des terres et des points d’eau et du total isolement de villages dû à la construction du mur.

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Ce mur met fin à l’espoir d’un Etat palestinien, crée un apartheid et met les palestiniens dans des ghettos.
Le territoire palestinien est divisé en trois zones :
Zone A : contrôlée dans sa totalité par l’Autorité Palestinienne (en principe)
Zone B : gouvernance mixte
Zone C : contrôlée par les israéliens
Dans les faits l’armée israélienne intervient dans les 3 zones.
Cette répartition, après les accords d’Oslo devait durer 5 ans, elle perdure. Il s’agit d’un nettoyage ethnique et une façon de signifier aux palestiniens qu’ils doivent partir.
Les buts immédiats sont d’augmenter le nombre de colons (100.000 au moment d’Oslo 800.000 actuellement soit 25 % de la population de Cisjordanie), de fragmenter le territoire palestinien pour empêcher les mouvements d’ensemble, de détruire l’économie palestinienne.
La fragmentation empêche l’unité, les visites des familles.
Gaza et la Cisjordanie sont séparés depuis plus de 30 ans.et ne se connaissent plus.
L’économie palestinienne a du mal à s’organiser, tout son potentiel est annihilé dans la zone C.
Tout a empiré après les accords d’Oslo :la situation d’apartheid, la séparation Gaza Cisjordanie, le nombre de colonies 198, de structures de colons sur les terres des bédouins 32, la construction du mur 800km, de route réservées aux seuls israéliens 1400 km, de points de séparation 130.
Trump a légitimé la liquidation de la Palestine en total désaccord avec les lois internationales

A plus long terme le plan israélien est de développer et judaïser la Galilée et le Neguev et de créer le grand Jérusalem.
En 1992 : après l’effondrement de l’URSS, de façon unilatérale, Israël réunit tous ses chercheurs afin de mettre en place une nouvelle stratégie. En 1997 le plan est exposé. Il vise :
- à regrouper les palestiniens dans cinq zones limitées (comme on a fait avec les amérindiens) d’où ils iront travailler dans les industries israéliennes, main d’oeuvre bon marché.
- à redéfinir les limites du grand Jérusalem :
- inclure 4 grands blocs de colonies avec 200.000 colons, exclure 225.300 palestiniens de 25 localités.
- les palestiniens qui tentent de rester subissent une telle pression physique et psychologique qu’ils finissent par partir.

D’autres projets sont en cours de façon à marginaliser la population palestinienne et poursuivre la ghettoïsation -L’Implantation de zones industrielles sur le territoire (USA – Allemagne) a échoué à l’heure actuelle.

Seule voie de sortie : LA RESISTANCE dans l’UNITE qui doit :
- s’accompagner d’un appel au boycott
- s’appuyer sur les lois internationales, sur la solidarité internationale.

Que veut le peuple palestinien ?
Obtenir ses droits humains fondamentaux

Une coalition de 170 organisations (partis politiques, syndicats) a signé une déclaration commune.
Elle se base sur la charte des droits de l’homme et les lois internationales. C’est un mouvement de solidarité pacifiste.
La Palestine a plus que jamais besoin d’être soutenue dans un contexte international difficile.
Importance du mouvement BDS.

Notre dernier repas à Ramallah avec nos guides et notre chauffeur

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