l’impact caché de l’occupation sur la santé mentale des Palestiniens

mardi 2 août 2022

No Peace of Mind, un rapport publié aujourd’hui par AIDA et Médecins du Monde met en lumière l’impact souvent caché de plus d’un demi-siècle d’occupation sur la santé mentale des communautés palestiniennes. Cet impact sur la santé mentale est souvent le facteur invisible qui pousse les communautés à quitter leurs terres, ce qui constitue une grave violation du droit international.

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Le rapport s’appuie sur des entretiens menés en août et en septembre 2021 auprès de dix communautés de la zone C en Cisjordanie, et révèle que les Palestiniens sont nombreux à souffrir de problèmes de santé qui sont symptomatiques de divers troubles mentaux tels que le traumatisme, la dépression et l’anxiété. Ces troubles sont provoqués par la violation de leurs droits, qui se manifeste principalement à travers la violence des colons, l’usage excessif de la force de la part des forces de sécurité israéliennes, la confiscation de leurs terres et la démolition de leurs foyers.

Plus précisément, 60 % des personnes interrogées ont indiqué avoir souffert de maux de tête constants ou intenses pendant au moins une semaine à la suite d’un incident. Elles étaient au moins 30% à signaler des maux et des brûlures d’estomac. L’isolement et les troubles du sommeil comptent parmi les effets comportementaux les plus courants déclarés par les communautés. Toutes les catégories de participants ont fait état de troubles cognitifs, notamment une grande difficulté à se concentrer, des flashbacks, des cauchemars et des pertes de mémoire.

80 % des personnes interrogées ont indiqué avoir éprouvé des sentiments de peur et de stress extrêmes, certaines d’entre elles avouant explicitement avoir craint pour leur vie.

Les principales aspirations qui sont ressorties de ces entretiens étaient le sentiment de sécurité chez soi, la stabilité et l’accès à l’éducation. Cependant, près de 60 % des personnes interrogées ont affirmé qu’elles ne pouvaient rien faire pour protéger leur famille lorsque celle-ci subissait des attaques de la part des colons et des démolitions. 23% des participants ont déclaré qu’ils n’avaient aucun espoir pour l’avenir ou qu’ils n’envisageaient pas leur avenir.
« Je veux juste me sentir en sécurité, mais il n’y a pas un seul endroit sûr en Cisjordanie, que ce soit dans le nord ou dans le sud… Où voulez-vous que je me sente en sécurité ? », confie un homme âgé de Al Jiftlik

« Le bien-être est une chose rare pour les Palestiniens. On leur vole leur vie », a déclaré un travailleur social de Médecins du Monde. « Ce qui est parfois pris pour de la résilience par les observateurs extérieurs est l’adaptation nécessaire à un environnement stressant, dans lequel la violence fait partie du « quotidien » et le stress aigu est devenu la norme. De ce fait, il est quasiment impossible pour les Palestiniens de trouver un équilibre émotionnel et d’accéder à la stabilité. »

L’un des principaux facteurs de frein au respect des droits des Palestiniens est l’absence de coût pour les autorités israéliennes, ce qui ne les incite pas à mettre un terme aux violations du droit international. L’impunité dont jouissent depuis longtemps les colons et le gouvernement israélien est une conséquence directe de l’incapacité de la communauté internationale et des États tiers à s’engager et à agir sérieusement afin de tenir Israël pour responsable de ses actes.
Cette étude est une preuve supplémentaire de la nécessité pour la communauté humanitaire et de développement de renforcer la coordination et la dimension holistique de son approche de l’aide apportée à la Palestine en s’appuyant sur les besoins des communautés, et d’examiner les moyens de comprendre les impacts sur la santé mentale et d’en tenir compte dans l’ensemble de leur travail.

La communauté internationale doit reconnaître que le simple fait de fournir à une communauté les moyens physiques de rester sur ses terres ne constitue pas en soi un environnement sûr ou stable permettant de protéger les civils ou de préserver leur santé mentale. Le développement durable ne peut prospérer que si les violations du droit international relatif aux droits de l’homme et du droit international humanitaire ne l’entravent pas systématiquement.