Chloe Sharrock, lauréate du zoom presse 2018 pour La nuit tombe sur Gaza

mardi 25 décembre 2018

A l’occasion de l’édition 2018 du Salon de la Photo, les Zooms ont salué le talent de Chloé Sharrock (Presse) et Cédric Roux (Public). Les photographes exposeront leur travail aux salons de la photo de Paris et Yokohama.

Depuis 2010, le Salon de la Photo remet « LES ZOOMS », deux prix de photographie décernés, l’un par la presse spécialisée, l’autre par le public à deux photographes professionnels émergents. Cette année, ils ont récompensé le talent de Chloé Sharrock (Presse) et Cédric Roux (Public). Les photographes exposeront leur travail aux salons de la photo de Paris et Yokohama.

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C’est l’histoire d’une nuit, celle de de Gaza quand « l’hiver a raccourci les jours, qu’Il n’est que six heures du soir, et que bientôt ce sera l’obscurité totale… ou presque ». Un récit photographique en clair-obscur que Chloé Sharrock, la jeune lauréate du prix Zoom Presse 2018 du Salon de la Photo a intitulé « La Nuit Tombe Sur Gaza ». « Depuis des mois, Gaza connaît une pénurie d’électricité. Parfois un peu de courant, des feux et brasiers ici et là, des bougies aux flammes chancelantes... Les gazaouis sont pris en otage, silencieusement ; c’est que j’ai voulu montrer au fil de l’obscurité et au travers de mes images - ce piège. Silencieux et oublié ».

Le long des ruelles sombres de Gaza photographiées par Chloé, on croise des hommes recroquevillés autour d’un feu illuminant avec beauté des visages pourtant exténués, des marchands de rue désemparés, un fil électrique et un halo lumineux incertains au-dessus de leurs étals, ou encore des enfants se réchauffant au brasier comme dans un jeu. La lauréate dit aimer « écrire avec la lumière » y compris cette vie quotidienne de misère, de désespoir et de résilience. Ses images aux violents clairs-obscurs se jouant des couleurs, des ombres et des contre-jours auront séduit le jury de professionnels de ce Zoom 2018 par la force qui s’inscrit subtilement dans ce reportage sur la survie et la résilience.

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Elle a commencé la photographie en 2016
Chloé Sharrock naît il y a 26 ans d’une mère artiste-peintre et d’un père photographe de montagne. « A 8 ans, j’ai trouvé un vieil appareil à la cave. C’était un Ricoh. Ce fut d’abord un jouet, puis un moyen d’expression ! » s’amuse Chloé qui avoue l’utiliser encore…. Etudiante, elle choisit le cinéma documentaire, et aussi « l’histoire de l’art et des Grands Maîtres du XVIIIème et XIXème siècles dont le jeu et la modulation des lumières m’inspirent ». La photo la rattrape au printemps 2016 lors des manifs Place de la République à quelques pas de chez elle. A l’écart de la violence, armée de son appareil, elle raconte les heurts au travers des lacrymogènes. Son travail est rapidement repéré sur les réseaux sociaux ; elle rejoint finalement l’agence Pictorium en août 2018. « En bas de chez moi, c’était « l’actualité ». J’ai alors réalisé que je voulais raconter mais aussi rapporter, et m’engager. Donner une direction journalistique à mon travail ».

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S’en suit un premier voyage au Liban, puis des séjours dans la région. Jusqu’à Gaza où elle débarque à l’hiver 2018, il y a quelques mois, pour en rapporter ces fresques d’une intense beauté décrivant la vie quotidienne au crépuscule, cette nuit qui n’en finit par pour une population qui paie le prix exorbitant d’un conflit oublié. Autre point fort de Chloé qui aura impressionné le jury : son engagement. Chloé fait des fresques sociales hors des champs de bataille, loin des images choc. Elle vient à la rencontre de ses sujets, et ne les abandonne pas le reportage fini. « Je ne veux pas seulement passer mais m’engager » avoue-t-elle. Quelques mois après son premier voyage au Levant, elle lance l’association, « Alhawiat » afin de promouvoir et documenter le rôle et la résilience des femmes dans la reconstruction de sociétés éclatées. Elle entame alors un large projet photographique au Pays du Cèdre auprès des femmes libanaises, syriennes et palestiniennes – un projet encore en cours aujourd’hui.
A 26 ans la photographe comme cette tragédie oubliée bénéficient d’une belle mise en lumière.

Voir le site de Chloé Sharrock
et celui de son agence

Source : Paris Match