Comment Israël est devenu un outil indispensable à la domination états-unienne au Proche-Orient

mardi 16 mars 2021

Cet article a été écrit en septembre, avant la défaite de Trump. Il vient d’être publié dans « L’idée libre » (pages 29 à 33).

Sionisme et impérialisme : des affinités précoces

Le sionisme apparaît à la fin du XIXe siècle quand un antisémitisme féroce devient hégémonique dans de nombreux pays d’Europe. Mais le sionisme n’a pas combattu l’antisémitisme. Les sionistes ont partagé dès le départ avec les antisémites l’idée que les Juifs formaient une race et surtout l’idée que Juifs et non Juifs ne pouvaient pas vivre ensemble. Parce qu’il est favorable au fait que les Juifs quittent l’Europe, le sionisme recevra une sympathie certaine de la part d’antisémites dont c’est le rêve.

En cette période, le colonialisme est en plein essor. Pour les antisémites, les Juifs sont des parias asiatiques inassimilables. Le sionisme propose de les transformer en colons européens en Asie.

Le protecteur britannique

Balfour était un antisémite, influencé par les Chrétiens sionistes pour qui les Juifs doivent « revenir » en terre sainte afin de favoriser le retour du Christ. Sa déclaration (1917) promet aux sionistes une terre que l’impérialisme britannique n’a pas encore conquise et celui-ci sera le premier protecteur du sionisme. Le « mandat » donné par la Société des Nations (proposé en 1920 et établi en 1923) est théoriquement provisoire : le colonisateur est invité à aider la Palestine à devenir « majeure ». Le premier haut-commissaire de la Palestine mandataire, Herbert Samuel, est sioniste. Il permet aux dirigeants sionistes de fonder, des années avant l’indépendance, un véritable État avec son système d’enseignement, ses hôpitaux, ses universités, ses entreprises, sa poste et même son armée (la Haganah).

Tous les sionistes n’ont pas joué la carte britannique. Les « révisionnistes » de Vladimir Jabotinsky, dont les héritiers sont aujourd’hui au pouvoir en Israël, préféraient faire alliance avec l’Italie fasciste.

Les sionistes et l’armée britannique réprimeront ensemble avec une grande férocité la révolte palestinienne de 1936. Cette alliance sera rompue en 1939 quand le colonisateur britannique, soucieux de maintenir sa domination sur le Proche-Orient et de ne pas s’aliéner les masses arabes, diminuera considérablement l’immigration juive.

D’un protecteur à l’autre

Certains groupes armés sionistes continueront à combattre les Britanniques pendant toute la guerre, alors que l’extermination nazie décime plus de la moitié de la population juive en Europe.

Après la guerre, il y aura un véritable consensus parmi les dirigeants des pays vainqueurs pour en finir avec la « question juive » sur le dos des Palestiniens. Il ne s’agit pas d’un sentiment de culpabilité après le génocide, mais plutôt d’une façon de se débarrasser des Juifs : « maintenant, vous avez un pays, vous partez quand vous voulez ». Le camp stalinien jouera aussi ce jeu. Les sionistes gagneront la guerre de 1948 avec des armes tchèques et l’URSS sera un des premiers pays à prôner la partition de la Palestine, puis à reconnaître Israël.

Israël choisira le pseudo « monde libre » au moment de la guerre de Corée (1950-53). En 1956, il y aura une alliance Israël /France /Grande-Bretagne pour attaquer l’Égypte de Nasser. À cette époque, les liens avec les États-Unis ne sont pas ce qu’ils sont aujourd’hui et c’est une motion commune des deux grandes puissances (États-Unis et URSS) qui obligera Israël à évacuer le Sinaï et Gaza.

Le rôle de la France

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