Le patrimoine culturel de Gaza à explorer virtuellement grâce à la plateforme Kanaan

lundi 19 avril 2021

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Après de nombreuses guerres et destructions en tout genre, on parle rarement du patrimoine culturel de Gaza. Un site internet Kanaan souhaite le mettre en valeur et montrer qu’il existe de nombreuses richesses en Territoires palestiniens.

De notre correspondante, Alice Froussard

La richesse culturelle de Gaza est immense, parfois détruite en partie ou complètement. Mais elle ne doit pas être oubliée. C’est ce qui a inspiré Nesma Al Sallaq, une architecte de Gaza, fervente défenseure de l’histoire culturelle de cette bande de terre côtière. Elle a lancé en 2015, Kanaan, un site interactif qui permet de voyager virtuellement dans l’enclave côtière sous blocus israélien. Bâtiments historiques, sites archéologiques, et même musées gazaouis peuvent donc ainsi être visités, de chez soi.

Changer les idées reçues sur Gaza

76 sites historiques, et près de 1204 bâtiments historiques sont disponibles à une balade virtuelle. Par exemple, le monastère Saint-Hilarion, qui remonte à la fin de l’Empire romain, un site important du patrimoine chrétien - ou encore les archives de la mosquée al-Omari, une église byzantine transformée ensuite en mosquée par le calife Omar Ibn al-Khattab. Gaza a en effet connu une série de civilisations très variées - des Grecs, des Byzantins, des Romains, puis des musulmans - et, il y a des milliers d’années, les Cananéens, ce qui a inspiré le nom du site - Kanaan. Gaza, c’était donc une porte entre l’Afrique et l’Asie, avant de devenir l’un des endroits les plus surpeuplés de la planète, avec un taux de chômage exponentiel.

Un projet ardu en raison du blocus israélien

Au début, l’équipe était réduite. Seule la fondatrice, Nesma, architecte et un ingénieur civil travaillait à l’élaboration de Kanaan. Tout prenait du temps. Puis, l’équipe a reçu un prix local en 2016 et des photographes, des graphistes, des experts se sont greffés au projet. Il y a désormais un site web - qui n’est pas encore fini- et une application, qui a besoin de mises à jour.

Mais les plus gros problèmes sont les restrictions israéliennes : le fait de ne pas pouvoir s’approcher trop du mur de séparation par exemple, ou encore les restrictions des biens à l’entrée : Israël n’autorise pas les Palestiniens de Gaza à avoir une imprimante ou un appareil photo tridimensionnel par exemple.

Quant à filmer avec des drones, là aussi, c’est compliqué. L’essentiel toutefois, pour les responsables du projet, c’est de faire découvrir cet héritage culturel, trop souvent oublié, tant par les habitants, que par la communauté internationale.

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La plateforme Kanaan