Réfugiés palestiniens (lettre d’information) décembre 2021 - janvier 2022

jeudi 17 février 2022

Lettre d’information réalisée par le groupe de travail Réfugiés de l’AFPS

Cette lettre veut se faire l’écho de l’actualité sur la question des réfugiés palestiniens – dans ses diverses dimensions – traitée par les médias et sites spécialisés français et étrangers. Elle fait connaître également les analyses et points de vue d’ONG ou d’organisations gouvernementales ou internationales.

Les textes sélectionnés n’engagent que leurs auteur·e·s.

JPEG - 101 ko Manuels scolaires des enfants parmi les effets personnels de la famille Salhiya éparpillés sur le sol boueux sous la pluie après la démolition de leur maison dans le quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem-Est par les forces israéliennes le 19 janvier 2022. © 2022 UNRWA Photo Dana Dodeen

UNRWA

L’Unrwa a besoin de 1,6 milliard de dollars en 2022
L’Orient le Jour/AFP, 18 janvier 2022
Son commissaire général Philippe Lazzarini a lancé mardi 18 janvier un appel à la communauté internationale en vue de récolter 1,6 milliard de dollars cette année, afin de faire face au déficit budgétaire chronique qui menace la continuité des programmes dans les trois activités principales de l’Office des Nations unies pour l’aide aux réfugiés palestiniens (Unrwa), l’éducation, la santé et la protection sociale.

Budget 2022.
Unrwa, 18 janvier 2022, en anglais
Dans un contexte de crises régionales aiguës, […] la détresse et le désespoir sont devenus la norme parmi les réfugiés palestiniens, dont beaucoup, à Gaza, en Syrie et au Liban, se disent prêts à utiliser tous les moyens pour tenter d’émigrer hors de la région. « La communauté internationale doit accorder à l’Unrwa un financement suffisant et prévisible afin que nous puissions continuer à fournir aux réfugiés palestiniens le sentiment de sécurité et de normalité qu’ils méritent », avertit M. Lazzarini.

L’UE et l’Unrwa signent une déclaration de partenariat
Union européenne, le 18 novembre 2021
Le renouvellement de cet accord marque cinquante ans de partenariat UE-Unrwa. L’Union européenne s’engage pour la période 2021-2024 à continuer à soutenir l’Office sur le plan politique et à garantir des ressources financières prévisibles et pluriannuelles afin de lui permettre d’accomplir son mandat et de fournir ses services essentiels aux réfugiés palestiniens.

L’ONU salue la décision des États-Unis de reprendre leur aide aux Palestiniens
TV5 Monde, mise à jour le 24 décembre 2021
L’ONU salue la décision prise par les États-Unis en avril de reprendre, contre l’avis d’Israël, leur aide aux Palestiniens suspendue par l’ancien président en 2018. Washington a réaffirmé son soutien à une solution à deux États, une position éloignée de celle adoptée précédemment par Donald Trump.

LIBAN

La lutte pour la survie
Unrwa, 19 janvier 2022, en anglais
Texte complet de l’appel d’urgence lancé par l’Unrwa, en concertation avec l’ambassadeur de Palestine Ashraf Dabbour. Les fonds collectés par cet appel permettront de fournir une aide vitale aux réfugiés palestiniens du Liban (PRL) et aux réfugiés palestiniens de Syrie (PRS) au Liban, touchés par les profondes crises socio-économiques et le Covid-19.

L’Unrwa lance un appel spécial pour venir en aide aux réfugiés palestiniens au Liban
L’Orient le Jour, 19 janvier 2022
« Alors que la crise actuelle affecte tout le monde au Liban, les réfugiés palestiniens endurent des difficultés particulières vu qu’ils sont déjà marginalisés dans le pays, a déclaré Claudio Cordone, directeur des affaires de l’Unrwa au Liban. Ils luttent pour survivre et leurs besoins ont augmenté de façon spectaculaire, avec des taux de pauvreté atteignant 87 % parmi les réfugiés palestiniens de Syrie. » Dans une période où les abus et la violence au sein de la famille et de la communauté sont de plus en plus fréquents, l’Office réclame également une aide pour ses activités de protection, souligne la nécessité d’un programme d’assistance renforcé et soutenu pour assurer une vie digne à tous.

Tension et grève dans le camp de Bourj el-Chemali
L’Orient le Jour/AFPS, le 13 décembre 2021
Accusé d’avoir tué trois membres du Hamas lors des obsèques d’un membre du mouvement tué dans une explosion le 10 décembre dans le camp de Bourj al-Chemali, près de la ville de Tyr, un Palestinien a été remis à l’armée libanaise. Le Hamas avait appelé à « livrer les assassins aux autorités libanaises et les traduire en justice », et invité la population des camps palestiniens du Liban à la grève lundi en signe de protestation. L’appel à la grève a été respecté à Bourj el-Chemali, mais inégalement suivi dans les autres camps du Liban.

BANDE DE GAZA

Des réfugiés syriens bloqués dans une « prison » depuis dix ans
La Croix/AFP, le 14 décembre 2021
Comme une quarantaine de familles syriennes, Imad al-Hisso a rejoint la bande de Gaza avec son épouse début 2012 par les tunnels souterrains entre l’Égypte et le territoire palestinien sous blocus israélien, convaincu qu’il pourrait faire le chemin inverse sans difficulté…

LA NAKBA CONTINUE

Épuration ethnique à Jérusalem et dans le Néguev

Une base de données pour les personnes déplacées
Heba Salim, The Electronic Intifada, traduction AFPS, le 23 décembre 2021
L’initiative Kushan Baladi (littéralement : initiative du titre foncier) pour créer un registre officiel de la propriété foncière palestinienne à l’intérieur des frontières de 1948 de la Palestine historique, aujourd’hui Israël, est une « réponse aux affirmations israéliennes selon lesquelles la Palestine était une terre sans peuple indigène », selon son fondateur Akram Jouda. « Israël veut faire croire qu’une fois que "les personnes âgées meurent, les jeunes oublient". Il veut faire croire que Sheikh Jarrah est un conflit immobilier. » Impliquant à la fois les jeunes et les Palestiniens de la diaspora, une équipe de soixante personnes a jusqu’à présent rassemblé des documents datant de l’époque où la Palestine était sous administration britannique et – avant cela – faisait partie de l’Empire ottoman.

Résistance à Sheikh Jarrah
Ramzy Baroud, Middle East Eye, traduction Chronique de Palestine, le 4 janvier 2022
Les résidents palestiniens de Sheikh Jarrah, à Jérusalem, sont des réfugiés palestiniens de Jaffa, du district de Jérusalem et d’autres régions de la Palestine mandataire, dont le droit au retour est refusé par l’État israélien depuis 1948. […] La résistance populaire à Sheikh Jarrah s’est heurtée à une violence israélienne extrême, impliquant des colons armés, la police israélienne et les forces d’occupation. La guerre israélienne [contre Gaza en mai 2021] avait pour but de détourner l’attention des événements qui se déroulent à Jérusalem-Est. Mais les Palestiniens de Ramallah, Naplouse, Hébron, Haïfa et de nombreux autres villes, villages et camps de réfugiés palestiniens ont défilé en solidarité avec Sheikh Jarrah et Gaza, mettant en avant un discours politique qui, pour la première fois, était dépourvu de références à des factions politiques.
Lire également Nouvelle tentative d’expulsion d’une famille à Sheikh Jarrah au profit des colons, AFPS (sources Wafa, délégation de l’UE en Palestine et sources locales), le 17 janvier 2022

La famille Salhiya expulsée de Sheikh Jarrah
Sami Boukhelifa, RFI, le 19 janvier 2022
Mercredi 19 janvier à l’aube, la police israélienne a pris tout le monde de court et a procédé à l’expulsion de la famille Salhiya à Sheikh Jarrah. La maison a été rasée dans la foulée. Les forces de l’ordre israéliennes avaient déjà tenté en début de semaine, de démolir l’habitation, mais face à la mobilisation de militants anti-occupation et de diplomates internationaux, elles avaient renoncé. Finalement, le sursis a été de courte durée.

La résistance d’Al-Naqab défie l’occupant israélien
Al-Mayadeen, traduction Chronique de Palestine, 17 janvier 2022
Par divers moyens, l’occupation israélienne a tenté d’annexer encore plus de terres palestiniennes et de déplacer ses habitants. Maintenant Al-Naqab a subi à son tour les assauts et la violence de l’occupant israélien. Ses bulldozers ont pris d’assaut le village de Sa’wah, effectuant des opérations de rasage en vue de l’annexion, et ont kidnappé une centaine de personnes en moins d’une semaine. La population d’Al-Naqab a riposté aux attaques israéliennes, et toutes les tentatives de l’occupant ont échoué.
Lire également Résistance unitaire à l’écoblanchiment dans le Naqab, par Yara Hawari, Al-Jazeera, traduction Chronique de Palestine, le 28 janvier 2022

« An Ongoing Displacement »
Visualizing Palestine publie « An Ongoing Displacement ». Le graphique fait référence à l’image iconique de la « Palestine en voie de disparition », en ajoutant une couche de détails qui cataloguent quantitativement les multiples dimensions du déplacement des Palestiniens et de la perte de leurs terres. Légendes en anglais.
VP publie sous licence Creative Commons, qui permet l’utilisation et la distribution gratuites de ses ressources.

Soutien à Salah Hamouri dans son combat contre son expulsion de Jérusalem
AFPS, le 21 janvier 2022
Comme toutes les Palestiniennes et tous les Palestiniens de Jérusalem victimes du régime d’apartheid israélien, Salah Hamouri a besoin de notre soutien, y compris financier, pour mener à bien son combat, leur combat.

CULTURE

Une image qui contient toutes les images de l’apocalypse à la fois
Libération, le 27 novembre 2021
Oliver Rohe, écrivain, sur une photo emblématique du siège de Yarmouk. « Nous ne savons pas à qui nous devons cette image. Nous savons seulement qu’elle a été diffusée en premier par l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient. Il est très probable qu’elle soit l’œuvre d’un travailleur distribuant la nourriture ce 31 janvier 2014... »

Un trou de mémoire à Jérusalem
Patrick Boucheron, France Inter, le 30 janvier 3022, 36 minutes
Au pied du mur. Vie et mort du quartier maghrébin de Jérusalem (1187-1967). Contre la thèse officielle, le livre de Vincent Lemire, historien spécialiste du Proche-Orient, établit que la destruction du quartier maghrébin a été programmée et planifiée par les Israéliens dans la nuit du 10 au 11 juin 1967. Éd. Le Seuil, 2022, 25 €.

Tantura confronte Israël au massacre présumé de Palestiniens en 1948
Géo, avec AFP, le 26 janvier 3022
Dans son documentaire Tantura (2022, 1 h 25 min), le cinéaste israélien Alon Schwarz revient sur un massacre présumé de Palestiniens par l’armée israélienne en mai 1948. Son film se base sur le travail de Theodore Katz, qui avait déclenché une polémique nationale en 2000. Il a été projeté pour la première fois mi-janvier au festival de Sundance, aux États-Unis. L’Autorité Palestinienne a appelé à la création d’une commission internationale pour enquêter sur les crimes et massacres qu’auraient commis les forces israéliennes en 1948. Le quotidien Haaretz a demandé la création d’un groupe de travail pour enquêter sur l’affaire de Tantura et « excaver et déterminer si les restes d’une fosse commune sont en effet situés » près de Dor Beach.
Lire également Israël, 1948. Le massacre de Tantura a bien eu lieu. Sylvain Cypel, OrientXXI, le 2 février 2022

L’épuration ethnique de la Palestine mûrie et planifiée de longue date
Palestine 48, bande annonce sur Vimeo, 3 mn 20
Le film-documentaire de François-Xavier Gilles (2021, 1 h 40 mn) Palestine 48 redécouvre les traces de villages et le nettoyage ethnique effectué méthodiquement par les milices sionistes, puis par l’armée israélienne. Umar al-Ghubari, chercheur palestinien, et des écrits de l’historien palestinien Walid Khalidi, nous guident dans ce voyage. al-Tantura fait partie des dix villages visités ; Ilan Pappe y explique dans le détail les événements qui ont conduit au massacre de 200 Palestiniens. Contact Palestine.katinfo.

Voix du théâtre en Palestine
UJFP, le 23 janvier 3022
Avant-propos du livre de Jonathan Daitch, Voix du théâtre en Palestine. 50 artistes témoignent (Riveneuve, 2021, 25 €). « … Je me suis impliqué dans l’accompagnement de la troupe théâtrale du Centre Alrowwad, dans le camp de réfugiés d’Aïda à Bethléem, lorsqu’elle est venue en France, en juin 2011, pour une tournée de trois semaines avec la pièce Handala, écrite et mise en scène par Abed [Abdelfattah Abusrour] et basée sur le personnage de bande dessinée du même nom du dessinateur palestinien Naji al-Ali. Pendant deux semaines, je suis devenu conducteur du bus et technicien officieux de la tournée, un militant pro-palestinien, pas un fan de théâtre… »
À Ramallah existe le Tantoura Puppets Theatre, ainsi nommé en mémoire de la ville de Tantoura et ses habitants par Nidal et Mysoun Khatib, les fondateurs, précise Jonathan Daitch.

SOLIDARITÉ

Les principes de droit universels ne s’appliquent pas à Israël
AFPS, le 10 décembre 2021
Communiqué de l’AFPS sur le droit au retour des réfugiés : « Nous demandons instamment à la France de faire appliquer le droit international et d’imposer des sanctions à Israël tant qu’il ne s’y conforme pas, dans toutes ses dimensions y compris le droit au retour des réfugiés palestiniens. »

Conférences, projections et débats en Dordogne
En novembre et décembre 2021, de Bergerac à Périgueux, Boulazac, Le Buisson-de-Cadouin, Terrasson, Trélissac, Thiviers…, le Comité Dordogne-Palestine et le Collectif Dordogne pour la Palestine ont animé plusieurs soirées consacrées à la Palestine, et notamment aux réfugiés avec la présence de Léa Desplanques, de l’AJPF.

Le rond-point de Jénine à La Chapelle-sur-Erdre (44)
Jénine est l’une des trois localités jumelées avec la cité de Loire-Atlantique. La clé de l’exil et de l’espérance des réfugiés palestiniens de Jénine, installée sur un rond-point de La Chapelle-sur-Erdre, a été forgée par Pierre Bertin, artisan à Notre-Dame-des-Landes ! Lors d’une soirée, Kifah Alhanon et Najet Banighorra, animatrices de la Maison chaleureuse du camp de Jénine, ont témoigné de la vie quotidienne sous occupation des Palestiniens. Des initiatives de l’AFPS 44 dont Ouest-France s’est fait l’écho.