Gaza : « Il vaut mieux mourir la tête haute »

mercredi 30 mai 2018

Les Gazaouis ont encore subi une attaque sans précédent depuis 2014. Les frappes israéliennes et les explosions ont résonné toute la journée hier dans la Bande de Gaza. L’armée dit avoir frappé trente cinq cibles militaires différentes, affirmant répondre à une attaque que le porte-parole de l’armée israélienne Jonathan Conricus attribue « au Hamas et au Jihad islamique ». Dans la matinée, le territoire israélien a essuyé « le plus important barrage de tirs d’obus de mortier et de roquette » depuis 2014 a assuré le lieutenant-colonel. Les 28 tirs d’obus de mortier n’ont cependant été revendiqués par aucun groupe armé même si le Hamas a publié un communiqué affirmant que « ce que la résistance a mené ce matin fait partie du droit naturel à défendre notre peuple ».

Si trois soldats israéliens ont été légèrement blessés et si aucune victime n’est à déplorer côté palestinien, les événements ont évidemment fait ressurgir le spectre d’un nouveau conflit sur un territoire étouffé par des années de blocus et déjà ravagé par trois guerres entre Israël et le Hamas depuis 2008.

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Un bateau de protestataires arraisonné

Une situation insupportable qui a motivé de nombreuses mobilisations sur le territoire de Gaza depuis le 30 mars dénonçant une prison à ciel ouvert. Intitulée « la grande marche du retour », cette révolte a donné lieu à des violences meurtrières le long de la frontière avec Israël qui ont fait 121 morts chez les Palestiniens.

Le Haut Comité national de la grande marche du retour (National Higher Committee for the Great Return March - NHCGRM) a lancé hier une opération en mer pour dénoncer le blocus maritime, aérien et terrestre imposé par Israël depuis 10 ans. Un vieux bateau de pêche pavoisé aux couleurs palestiniennes, transportant des étudiants empêchés de sortir de Gaza et des blessés en attente de soins, a pris la mer dans le port de Gaza sous les yeux de centaines de spectateurs.

« Il vaut mieux mourir la tête haute »

Il était accompagné de quelques dizaines d’embarcations de différentes tailles. La flottille s’est approchée des neuf milles nautiques (environ 16 km) au-delà desquels la marine israélienne veille. En vue des bâtiments israéliens chargés de faire respecter le blocus, le gros des troupes a fait demi-tour mais le plus gros bateau a poussé plusieurs milles au-delà de la limite avant d’être intercepté.

L’armée a indiqué avoir remorqué le bateau, après l’avoir fouillé, jusqu’à la base navale d’Ashdod, près de la bande de Gaza. Les 17 Palestiniens à bord seront renvoyés à Gaza après enquête et après avoir reçu des soins médicaux pour ceux qui en auraient besoin, a-t-elle précisé dans un communiqué. « C’est le premier bateau palestinien à atteindre une telle distance depuis les accords d’Oslo » a commenté Adham Abou Salmiya, une des porte-parole du mouvement. Ces Accords datant de 1993 avaient en effet autorisé les pêcheurs de Gaza à pouvoir travailler jusqu’à 20 milles. Israël a restreint les distances, les abaissant à neuf milles au maximum ces dernières années, en invoquant la nécessité de contenir le mouvement islamiste Hamas, qui dirige l’enclave.

La manifestation imaginée par ce mouvement anti-blocus intervient alors qu’Israël vient de se lancer dans la construction d’une nouvelle barrière maritime, une digue fortifiée surmontée de barbelés, que le ministre israélien de la Défense, le faucon insensé Avigdor Lieberman, a qualifié d’« infranchissable ». Cette première en Méditerranée est une nouvelle provocation d’un peuple meurtri. Hier, au départ de la flotille, Ehab Abou Armanan, un des passagers, a interpellé la foule : « Nous sommes une nation, nous méritons mieux ! Il vaut mieux mourir la tête haute qu’à genoux devant l’occupant ».

A.S. avec AFP - source La Marseillaise 30 mai 2018


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