Jérusalem-Est : transferts forcés et colonisation à Sheikh Jarrah
Le 2 mai prochain, quatre familles palestiniennes, soit 30 personnes, risquent l’éviction de leurs maisons dans le quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem-Est. Trois autres familles devraient subir le même sort le 1er août. Ces évictions et l’installation consécutive de colons dans les biens volés aux Palestiniens font partie du plan développé par Israël pour consolider la majorité juive dans la ville. Aujourd’hui, la mise en œuvre de ce plan s’accélère.
Un arsenal législatif colonial
En 1948, la création de l’Etat d’Israël entraine ce que les Palestiniens appellent la Nakba, c’est-à-dire la catastrophe. Plus de 750 000 Palestiniens se retrouvent chassés de chez eux et empêchés d’y revenir par un arsenal législatif mis en place par Israël. Ainsi, la loi sur la propriété des absents adoptée en 1950 permet à Israël de saisir les propriétés des réfugiés palestiniens, alors même que ceux-ci sont empêchés d’y revenir.
Dans le quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem-Est, une partie de la population est réfugiée. C’est le cas de la famille Al Kurd, menacée d’expulsion le 2 mai prochain. En 1956, un accord passé entre l’UNRWA (l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens) et la Jordanie, alors la puissance administrant Jérusalem-Est, permet en effet à 28 familles de réfugiés palestiniens de recevoir un logement à Sheikh Jarrah. En contrepartie, ces familles doivent abandonner leur statut de réfugiés. Il leur est promis qu’endéans les trois ans, elles recevront des titres de propriétés. Il n’en sera jamais rien. Aujourd’hui, ces 28 familles se sont développées pour atteindre environ 72 foyers et 550 personnes, dont une majorité d’enfants.
En 1967, suite à la guerre des Six Jours, Israël annexe illégalement Jérusalem-Est. En violation du droit international humanitaire, il commence alors à y appliquer ses propres lois, dont la loi sur la propriété des absents. En 1970, une autre loi est promulguée par Israël, la loi sur les questions juridiques et administratives, qui permet aux Juifs israéliens – mais pas aux propriétaires palestiniens – de faire valoir leurs droits sur des propriétés qui leur appartiendraient dans la partie orientale de la ville, propriétés qui ont été perdues pendant la guerre de 1948 et transférées sous contrôle jordanien.