Kanaky, Israël : le retour des violences coloniales sur la scène médiatico-politique
Nouvelle Calédonie, Palestine. On pensait que le colonialisme était mort. Pourtant, l’explosion de violences de ces derniers mois fait éclater au grand jour des situations coloniales et montre que l’anticolonialisme est toujours loin de faire consensus.
Al.Guilhem
Professeur d’histoire-géographie
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D’un côté, l’insoutenable offensive armée du Hamas le 7 octobre 2023, relançant un conflit de haute intensité entre Israël et la Palestine. De l’autre, des émeutes kanaks en Nouvelle Calédonie contre un projet de loi constitutionnelle, relançant un conflit de faible intensité avec la métropole et les caldoches. L’attention médiatique et politique est attirée sur des violences spectaculaires qui nous contraignent à regarder en face des situations coloniales héritées d’un passé que l’on aurait eu tendance à penser révolu. Leur traitement en France révèle la persistance d’une idéologie coloniale dominante.
Des violences coloniales
En Nouvelle Calédonie, le conflit oppose les loyalistes, « caldoches » issus de la métropole, aux kanak, les autochtones. Le casus belli est l’élargissement du corps électoral qui menace les kanaks d’être submergés par le poids démographique des colons récemment arrivés, élargissement que le gouvernement en métropole semble vouloir acter au plus vite. L’enjeu est l’autodétermination du peuple kanak, mais aussi de ne pas ajouter à la minorisation économique et sociale, caractéristique des sociétés coloniales très visible en Nouvelle Calédonie, la mise en minorité politique. Il ne faut pas oublier que la Nouvelle Calédonie est sur la liste de l’ONU des territoires non autonomes à décoloniser.
Décoloniser n’est pas synonyme de faire sécession et faire sécession n’est d’ailleurs pas la panacée : on peut faire sécession sans décoloniser comme ce fut le cas dans les dominion britanniques d’Afrique du Sud, de Nouvelle-Zelande et d’Australie où les indigènes ont connu des situations coloniales de minorisation et d’apartheid bien après l’indépendance accordée par les Britanniques. A l’inverse, on peut décoloniser sans recourir à l’indépendance. D’abord, en garantissant la continuité territoriale des services publics entre la métropole et le territoire d’outre-mer. Ensuite, en résorbant les inégalités entre les populations d’origine européenne et les populations indigènes impliquées par un racisme structurel et des processus d’accaparement. Enfin, en garantissant la neutralité de l’Etat.
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