Mohammed lutte pour l’indépendance alimentaire de la Palestine
De plus en plus de Palestiniens de la diaspora reviennent dans leur pays pour prendre une part active à son développement.
Mohammed Abou Jayyab arrose ses plants de concombres. En soupirant, le trentenaire désigne du menton la colline d’en face, où une immense colonie israélienne étale ses immeubles modernes en construction. Plongée dans le vacarme du chantier voisin, la petite ferme que Mohammed a fondée en septembre 2015 dans le village palestinien de Bil’in n’en demeure pas moins, pour lui, le symbole d’une victoire.
Mohammed, dont les deux grands-pères sont morts au cours des guerres de 1948 et 1967 contre Israël, a grandi dans un camp de réfugiés de Gaza. Puis il a fait des études d’ingénieur aux Émirats arabes unis, y a rencontré une Américaine, l’a épousée et s’est envolé avec elle pour New York. « À l’époque, j’étais totalement étranger à l’agriculture. Mais j’ai hérité de la nostalgie de ma grand-mère qui ne parlait que de sa terre, à laquelle elle n’avait plus accès. »
Ingénieur aux États-Unis pendant huit ans, il décide avec sa femme d’acheter un lopin de terre dans l’État de New York et suit une formation d’agriculture biologique à Brooklyn. « Quand je suis revenu en Palestine l’été dernier, j’ai pensé : pourquoi ne pas tenter l’aventure ici, où mon projet aurait un impact plus grand qu’en Amérique ? » Le voilà donc qui cultive des légumes bio au cœur de la Cisjordanie, espérant faire un jour de son exploitation un lieu d’apprentissage pour les futurs professionnels.
Se réapproprier un territoire
Il faut dire que l’agriculture n’est plus vraiment le fort des Palestiniens, qui importent 90 % de leurs denrées alimentaires. Ce secteur concernerait désormais moins de 10 % de la population.
Dans ce contexte, pour certains Palestiniens, la quête d’une autosuffisance alimentaire est devenue un levier essentiel de la lutte contre l’occupation. « Depuis les accords d’Oslo, notre dépendance à Israël a augmenté à tous niveaux. Or, un peuple qui ne mange pas ce qu’il produit ne sera jamais indépendant », déplore Amine Abdullah, qui a passé la plus grande partie de sa vie en Californie.
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Rentré en Cisjordanie à la fin des années 1990 pour s’occuper de ses parents vieillissants, Amine a créé une ferme bio sur une terre familiale, près de Ramallah. Outre le lait et le fromage de chèvre qu’il vend à des particuliers, l’agriculteur reçoit chaque week-end l’aide d’une poignée de volontaires pour l’entretien de son vaste potager. Ils repartent ensuite avec une partie de la récolte.
Pour Mohammed, l’agriculture est plus qu’un moyen de se nourrir, elle permet aussi de se réapproprier un territoire. « Elle pourrait être une solution à notre quête identitaire. Parce que j’ai cultivé cette terre, j’ai l’impression de la comprendre, d’y avoir ma place. »
Mélinée Le Priol, à Ramallah (Palestine)
source : La Croix
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Cette huile provient de coopératives de Cisjordanie, regroupées dans « l’Union des coopératives oléicoles », qui ont signé une convention avec l’AFPS (association France Palestine Solidarité) et la Scoop Andines, qui se charge de l’importation. Actuellement, environ 1000 producteurs, concernant une population agricole de quelques 10 000 personnes sont concernés.