Nouveau rapport d’Euro-Med : les abus d’Israël sont désormais filmés
L’Observatoire Euro-Méditerranéen pour les Droits de l’Homme, lundi 19 octobre 2015
Le gouvernement israélien a jusqu’ici échappé à des poursuites sérieuses pour les violations répétées des droits de l’Homme. Mais le “journalisme citoyen » - qui filme les abus des forces de l’ordre israéliennes – rend aujourd’hui ses exactions plus difficiles à cacher ou ignorer, indique un nouveau rapport de l’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’Homme, Euro-Med.
Grâce au courage des activistes, des familles et des passants, Euro-Med a pu recueillir des enregistrements vidéos et des témoignages décrivant les nombreux et énormes abus des soldats israéliens durant ces dernières semaines, qui ne sont, nous pensons, que la partie visible de l’iceberg » déclare Daniela Dönges. « Dans ce rapport, parce que ce ne sont pas que des chiffres, nous détaillons huit cas. Ce sont des êtres humains, et ils méritent d’être connus :
Les huit cas développés dans le rapport sont :
Ahmed Manasra, 13 ans, a été écrasé par un véhicule, battu avec des bâtons et des tuyaux métalliques, puis privé de soin pendant 25 minutes. Les Israéliens prétendent qu’il avait tenté d’attaquer des soldats mais les enregistrements vidéo ne mentent pas. Sur ces enregistrements, nous pouvons voir Ahmed couché sur le sol, dans une marre de sang en train de supplier qu’on l’aide.
Marah Bakri, 16 ans, a également été accusée d’avoir tenté de poignarder un soldat israélien, mais des photos qui ont été largement diffusées remettent sérieusement en question cette version. Sur une photo, neuf soldats pointant des fusils entourent la jeune fille gît sur le sol, couverte de sang. Les autorités ont refusé de produire la preuve qu’elle a commis un crime.
Israa Abed, 29 ans, est un autre présumé agresseur au couteau. En fait, cette version prête-à-l’emploi préférée des Israéliens s’applique à tous les cas que nous allons vous soumettre aujourd’hui. Des séquences de vidéo surveillance montrent seulement une jeune femme terrifiée qui a paniqué lorsqu’on lui ordonné d’enlever son voile. Elle a refusé de l’enlever, mais a levé les mains en l’air. Israa a été abattue de quatre balles.
Fadi Mustafa Alloun Samir, 19 ans, un autre prétendu agresseur à l’arme blanche, a été en réalité poursuivi par un groupe de colons israéliens furieux. La police est venue pour protéger les colons, et non pas Fadi. Les enregistrements vidéo partagés sur des sites israéliens montrent les colons poursuivant le jeune homme avant que les soldats israéliens lui tirent dessus.
Hadil Al Hashlamoun, 18 ans, passait un poste de contrôle quand l’alarme du détecteur de métal s’est déclenchée. Il y a plusieurs témoignages contradictoires quant à savoir si la jeune fille avait un couteau ou non, mais des photos et des témoignages démontrent clairement qu’elle ne présentait aucun risque. Alors qu’elle était couchée sur le sol, deux soldats lui ont tiré des balles dans les deux genoux, la cuisse droite, le bassin, l’abdomen, les deux avant-bras et la poitrine. Comment cela peut-il être considéré comme de la légitime défense ?
Muhammed Bassam Arusha, 25 ans, aussi était à un poste de contrôle quand il a été tué. Les soldats ont prétendu qu’ils avaient des photos montrant le jeune homme avec un couteau mais ont refusé de les produire.
Tha’er Abughazaleh, 19 ans, a en effet poignardé un soldat dans un acte de désespoir. Il aurait dû fuir et pousser la police à lui tirer par derrière, mais des photos suggèrent qu’on lui a tiré dans la tête, à bout portant.
Falah Hamdi Zamel Abumaria, 53 ans, a été abattu dans sa maison quand des soldats israéliens sont venus prendre son fils. Malgré l’histoire officielle selon laquelle le vieil homme a attaqué les soldats, des témoins affirment qu’il essayait de défendre son fils avec un vase. Pour cela, il a été abattu de trois balles dans la poitrine.
« Aucune personne sensée avec un cœur ne peut lire cette liste et ne pas sentir horrifiée et consternée » a affirmé Daniela Dönges. « Pourtant, jusqu’à présent, Israël a échappé à toute sorte de poursuite malgré les discours de certains. L’Observatoire euro-méditerranéen pour les droits de l’Homme demande aux autorités israéliennes de mener une enquête transparente sur ces meurtres à peine voilés. Mais parce que nous ne croyons pas qu’ils vont le faire, nous appelons également le rapporteur spécial de l’ONU sur les exécutions extrajudiciaires et le rapporteur spécial sur la situation des droits de l’Homme dans les territoires palestiniens occupés à visiter la région pour faire leur propre enquête. »