Photo Raed Bawayah, l’œil sensible de la Palestine
Rien ne prédestinait Raed Bawayah à devenir photographe. Né en Cisjordanie occupée dans une famille de paysans, il est berger dans son enfance puis ouvrier du bâtiment et homme de ménage. Puis se lance à l’âge de 29 ans dans la photographie en s’affranchissant de sa condition sociale et culturelle.
Raed Bawayah naît en 1971 à Katana, un village palestinien proche de la « Ligne verte », à 12 kilomètres de Jérusalem. Enfant, après l’école, il fait brouter ses chèvres dans les collines au-dessus du village. Pendant les vacances scolaires, il fait la cueillette des cerises dans la coopérative agricole Shoresh, près de Jérusalem. Et tout l’été, il va chaque jour dans la Vieille Ville vendre les belles grappes de raisin qui poussent à foison sur le terrain familial. En 1980, il est encore facile de rejoindre la capitale en bus. Pour étoffer le maigre budget familial et ne pas attiser la colère de sa mère, il doit vendre plusieurs cagettes de raisin à chaque voyage.
Une fois sa tâche accomplie, il fait du lèche-vitrines dans les rues sinueuses de Jérusalem-Est. Devant les devantures de magasins, les hordes de touristes et de pèlerins, le pas chaloupé des promeneuses en cheveu, blondes, rousses, brunes, il sent le désir monter dans ses veines. Au moins ici il se passe quelque chose. Et surtout son œil s’accroche à cette petite boîte magique noire pendue au cou des passants, qui cliquette sans cesse. Il voudrait bien la saisir dans la main, l’explorer sous toutes ses coutures.