Premier Mai : après les urnes, retour dans la rue
De Marseille à Martigues en passant par Toulon, des milliers de manifestant sont rappelé les principes de justice sociale et de paix.
La Marseillaise par Alice Terrier.
À Marseille, on se mobilise aussi pour la paix entre les peuples
« El pueblo, unido jamàs será vencido », scandent les manifestants. À Marseille dimanche, cette fête internationale pour les droits des travailleurs est restée festive mais surtout combative pour beaucoup de manifestants.
À peine sortis du second tour de l’élection présidentielle, qu’il est temps de reprendre la rue. Parmi les raisons de se mobiliser, l’intersyndicale CGT-Unsa-Solidaires-FSU-Unef avec trois syndicats lycéens, la Voie lycéenne, le mouvement national lycéen et la FIDL avait pointé la paix et la solidarité internationale, notamment envers les victimes de la guerre en Ukraine, mais aussi celles des autres guerres et conflits, sans oublier les réfugiés.
Rencontrée au milieu de la foule, Martine, syndiquée à la CGT, manifeste donc en ce 1er Mai parce que : « L’heure est très grave. Il y a la guerre », avant d’expliquer les diverses répercussions politiques et économiques de cette guerre.
Au milieu des cortèges syndicaux et organisations politiques, Lili Nasser tient une banderole avec une de ses camarades, pour la libération de la Palestine, au nom du collectif Palestine 13, en compagnie de l’Union juive française pour la paix (UJFP). Sur la banderole, quatre cartes de la Palestine montrant la progression de la colonisation de l’État d’Israël. « Nous devons parler de la lutte exemplaire contre la colonisation et l’apartheid, dans une époque moderne, la plus sordide qui soit, en Palestine. Il est nécessaire de parler du Proche-Orient lorsque l’on parle de paix. Les Palestiniens ne sont jamais entendus », explique Lili.
Pierre Stambul, l’un des porte-parole national de l’UJFP, ajoute : « À l’occasion du 1er Mai, on n’oublie pas qu’il y a un peuple en lutte pour sa survie, en tant que société, le peuple palestinien. Nous, en tant que juifs, le crime se commet en notre nom... L’UJFP est une association antisioniste, anticolonialiste. »
Les militants kurdes aussi dans le cortège
Hayri, tenant un drapeau de l’Union populaire, n’est pas là uniquement pour porter la voix de la France insoumise : « Je porte une écharpe kurde, parce que je suis originaire de Turquie. C’est pour affirmer l’unité de toutes ces luttes sociales, écologiques et culturellement de gauche, pour différents groupes de minorités opprimées. » Il n’est pas le seul dans cette manifestation à apporter son soutien à la lutte kurde. Des militants, vêtus de chasubles verts, passent dans la manifestation de groupe en groupe afin de faire signer une pétition demandant la libération d’Abdullah Öcalan, leader du Parti des travailleurs du Kurdistan, emprisonné par la Turquie depuis 2008.
Partout en France et notamment à Marseille, des militants du Mouvement pour la Paix étaient aussi présents, pour « un monde de justice et de paix ». Ils rappelaient dans un communiqué leur « opposition résolue à toute forme de guerre. Hier en Irak, en Libye, au Mali, en Syrie, mais aussi au Yémen, en Éthiopie... comme aujourd’hui avec la dramatique agression en Ukraine. Quelle que soit la couleur des avions et des chars, ils tirent sur des populations innocentes, sur les enfants et les travailleurs et travailleuses ».
Avant d’espérer se lancer dans de nouvelles conquêtes sociales, on défilait à Martigues pour sauver les droits collectifs menacés.
Les jours meilleurs, on ira les chercher pour que les gens vivent mieux », prévient Jean-Paul, militant de la CGT au défilé du 1er Mai de Martigues qu’il anime au micro.
Retraité de l’audiovisuel depuis trois ans, il voit l’inflation à 4,5 % entamer le pouvoir d’achat. « Et à mon avis on sera à 5 ou 6 % à la fin de l’année, ça commence à faire mal sur un salaire ou une pension. Un coup c’est le Covid, un coup c’est la guerre. » Et c’est bien la préoccupation centrale pour beaucoup ici.
« Malheureusement, c’est un 1er Mai de crise et de colère », lance à la foule, Hervé Nedelec, secrétaire de l’union locale CGT. Le maire (PCF) Gaby Charroux et le député (PCF) Pierre Dharréville sont dans le défilé qui emmène plusieurs centaines de marcheurs jusqu’au théâtre de Verdure.
« Pour moi, c’est la journée internationale de lutte pour les droits des travailleurs et des travailleuses, contrairement à Pétain qui avait décrété que c’était la fête du travail », considère Sandrine, infirmière scolaire depuis 16 ans et pour qui il faut arrêter de penser qu’on est privilégié parce qu’on travaille dans l’Éducation nationale. « On a un ministre qui nous saborde comme ces prédécesseurs d’ailleurs. Il a fait de l’Éducation nationale sa bête noire, ce qui ouvre la porte à l’enseignement privé et dégrade les conditions des études des élèves aussi. » Sa crainte ? « Que l’on ait encore un ministre qui croit que l’Éducation nationale, c’est des personnes à mater, pas des moyens à mettre en œuvre. »
« Plus de personnes, plus de matériel, une meilleure organisation de nos services de soins et le dégel du point d’indice. » C’est ce que réclame d’abord Laure, élue CGT à l’hôpital de Martigues. « Les personnels sont fatigués après le Covid et n’ont pas la possibilité de prendre leur repos et leurs vacances correctement. Les fermetures de lits continuent. L’hôpital public et les fonctions publiques sont attaqués », décrit-elle. Ce qui prime, c’est donc sauver les droits collectifs obtenus de haute lutte.
« Le 1er Mai, c’est une journée très importante », insiste Valérie Zika Dussol, secrétaire de la FSU Martigues, « et c’est d’autant plus important qu’on soit là qu’il faut qu’on continue à se battre après l’élection présidentielle ». Elle pressent déjà qu’il va falloir manifester ses prochaines années, « faire des journées de grève pour éviter que l’école continue d’être attaquée comme ces cinq dernières années ».
« Se redresser pour se battre »
Macron pour cinq ans encore. Passé « l’amertume », la posture est à la défensive. « Il faut à présent se redresser pour se battre et se serrer les coudes car le néolibéralisme va continuer à avancer comme un rouleau compresseur et notamment sur la fonction publique. » De réclamer l’abrogation de Parcoursup qui va « à l’encontre de la démocratisation de l’école », la défense des accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) : « Il faut qu’il y en ait plus et qu’ils aient un vrai statut, une vraie reconnaissance, un vrai salaire et une vraie formation, c’est une question de dignité. »
Voilà pourquoi pour Laure, il faut se mobiliser pour reconquérir « ce service public de l’éducation dont nous sommes si fiers ». « On va continuer à se battre pour une école égalitaire, démocratique et émancipatrice pour les élèves parce que le libéralisme s’immisce de plus en plus dans les écoles. »