Quand les jeunes députées Omar et Tlaib ouvrent des brèches béantes dans la sainte alliance américano-israélienne !
Les jeunes députées américaines Ilhan Omar et Rashida Tlaib sont en train d’ouvrir des brèches dans la sainte alliance américano-israélienne provoquant un véritable séisme tant aux États-Unis et au Moyen Orient qu’au sein de la diaspora juive.
Les effets et bienfaits collatéraux de l’irruption de Bernie Sanders au cœur de la scène politique américaine sont déjà nombreux, importants et commencent à se faire sentir bien loin des États-Unis, aussi loin que le Moyen Orient. La preuve en est le véritable séisme que sont en train de provoquer depuis quelques jours tant aux États-Unis et au Moyen Orient qu’au sein de la diaspora juive deux fidèles de Bernie, les intrépides jeunes députées américaines Ilhan Omar et Rashida Tlaib.
Il a donc suffit l’annonce du voyage aux territoires occupés de ces deux ennemies jurées de Trump et de Netanyahou, pour que tout le monde assiste au spectacle totalement inédit d’un président des États-Unis en crise de nerfs, qui incite publiquement le premier ministre d’Israël, lequel s’empresse d’obtempérer, à interdire l’entrée de son pays, allié le plus proche des États Unis, à deux élues du Parlement nord-américain ! De l’avis commun, c’était choquant, scandaleux et du jamais vu ! Mais, c’est la suite des événements qui nous intéresse car très didactique et surtout, très prometteuse des développements qui, à la longue, pourraient changer des équilibres mortifères restés immuables depuis plus d’un un demi siècle…
En effet, provoquant des réactions en chaîne, l’affrontement exemplaire des jeunes députées américaines originaires de Somalie (Ilhan Omar) et de Palestine (Rashida Tlaib) avec le tandem arrogant et tout puissant Trump-Netanyahou , a eu tout de suite des conséquences époustouflantes. Comme par exemple, la condamnation de l’interdiction de Netanyahou par nombre des ténors du parti...Républicain et aussi par la presque totalité des grands médias (journaux et chaînes de télévision) états-uniens connus pour leur appui inconditionnel au sionisme, à Israël et au gouvernement d’extrême-droite de Netanyahou. Et surtout, « l’inimaginable » condamnation de l’attitude de Netanyahou par... AIPAC (American Israel Affairs Committee) , le tristement célèbre lobby pro-israélien, lié traditionnellement au Likoud et au sionisme le plus droitier, et qui jouit depuis toujours du soutien sans faille de l’establishment médiatique, économique et politique nord-américain !
Manifestement, l’exhibition de racisme islamophobe et d’autoritarisme de Netanyahou et de Trump tournait très mal pour eux, et comme ça arrive dans ces cas, leurs tentatives de sauver la face n’ont fait qu’accentuer leur désastre . C’est ainsi que malgré les efforts louables des grands médias internationaux (CNN, Euronews,...) de présenter Rashida Tlaib prête à accepter les « conditions humiliantes » de la permission de rencontrer sa grand-mère dans les territoires occupées, le refus catégorique de Tlaib de tomber dans le piège et son rejet de l’offre soit disant « humanitaire », enfonçait Trump et Netanyahou encore plus profondément dans la crise et accentuait le désarroi de leurs soutiens. Et tout ça pendant que la population palestinienne, et surtout les doublement opprimées femmes palestiniennes, pavoisaient et la gauche nord-américaine, Bernie Sanders en tête, s’empressait de capitaliser un succès éclatant remporté aussi contre l’establishment Démocrate traditionnellement pro-sioniste et anti-palestinien.
Il ne fait aucun doute que les grandes brèches ouvertes ces jours-ci dans le soutien inconditionnel dont jouit Netanyahu auprès des gouvernements mais aussi de l’opinion publique américaine, sont le fait des successives actions exemplaires menées ces derniers mois par les bêtes noires de Trump que sont Ilhan Omar et Rashida Tlaib. Cependant, ce véritable exploit, inimaginable il y a encore quelques jours, ne tombe pas du ciel. Il est le produit de la radicalisation galopante de la jeunesse nord-américaine observée ces 3-4 derniers ans, laquelle a donné naissance au mouvement de masse qui soutient la candidature de Bernie Sanders. Ce n’est pas donc un hasard que Omar, Tlaib et aussi leurs amies et camarades Alexandria Ocasio-Cortez et Ayanna Pressley forment désormais la célèbre « bunch » (la bande) si décriée par Trump, le groupe de jeunes élues radicales et socialistes, emblématiques de cette nouvelle génération de militantes et militants américains qui privilégient la lutte de classe, l’internationalisme agissant et l’action directe…
Mais, ce n’est pas tout. Les exploits moyens-orientaux d’Omar et de Tlaib n’auraient pas existé sans la préparation préalable du terrain et des...esprits par les extraordinaires jeunes juifs et juives américaines du mouvement « If Not Now... », qui ont renoué avec les meilleures traditions humanistes, socialistes et internationalistes du Judaïsme historique. Débutant il y a environ deux ans avec quelques centaines de très jeunes juives et juifs radicaux et antisionistes qui ont brillé par leurs actions audacieuses, exemplaires et bien ciblées, le mouvement « If Not Now... » a pu à un temps record, ouvrir des brèches de plus en plus grandes dans le mur de la presque unanimité pro-israélienne et anti-palestinienne qui domine tant dans la Diaspora juive que dans l’opinion publique états-unienne. Les résultats sont spectaculaires : Les jeunes militants de « If Not Now... » , qui n’ont pas hésité de porter leur combat même en Israël avant d’être interdits d’entrer au pays, ont peu à peu élargi leurs rangs et ont créé un climat propice à la contestation directe des politiques racistes et réactionnaires de Trump et de Netanyahou ! Et c’est ainsi que des milliers de Juifs nord-américains qui se sont engouffrés dans la brèche ouverte par « If No Now... », sont actuellement aux avant-postes sinon à la tête des mouvements tels que celui qui se bat contre la terrible police anti-migrants ( ICE ) et en défense des migrants sans papiers, ou l’autre qui lutte contre les mesures islamophobes de Trump et en défense des musulmans réprimés et terrorisés. Et évidemment ils dominent dans le mouvement antifasciste qui se bat, sous le mot d’ordre éloquent de « Never Again », contre les bandes et autres milices néonazies, racistes et antisémites violentes.
Alors, il n’est pas surprenant que le même gouvernement Netanyahou qui noue des relations et des alliances privilégiées avec la racaille la plus réactionnaire, raciste et antisémite du monde (de Orban et Bolsonaro à Trump et Salvini) à la seule condition que celle-ci soutienne sans condition ses politiques inhumaines et barbares , interdit l’entrée d’Israël à tous ces jeunes juifs et juives antisionistes, qu’il qualifie d’ailleurs...d’antisémites (!) et d’ennemi numéro 1 d’Israël ! C’est exactement cette « contradiction » sans précédent, que Ihlan Omar, Rashida Tlaib et leurs camarades, dont (le juif) Bernie Sanders, ont décidé de mettre à nu aux yeux de tout le monde, par leurs initiatives et actions bien ciblées.
C’est d’ailleurs pourquoi les accusations d’antisémitisme que Trump, Netanyahu et leurs acolytes ont adressées à leurs adversaires progressistes (comme p.ex. à la jeune députée Ilhan Omar) ont feu long feu avant de se retourner contre leurs initiateurs, tandis qu’en Europe, le recul historique des gauches et des mouvements a laissé le terrain pratiquement libre à des telles campagnes de diffamation…
La conclusion saute aux yeux : Ce qui se passe actuellement aux États-Unis devrait non seulement nous intéresser en toute priorité car il détermine comme nul autre notre présent et notre avenir, mais devrait aussi inciter tous ceux qui sont encore progressistes et de gauche en Europe, à se mobiliser sans tarder pour profiter au plus vite des combats, des expériences, des succès et des avancées de la nouvelle gauche et des mouvements sociaux nord-américains ! On en a tout à gagner…
Yorgos Mitralias
Voir aussi « Une nouvelle génération de Juifs américains contre Trump et Netanyahou »
Sylvain Cypel, invité par le collectif 13, Palestine en Résistance, a développé ce thème, lors de sa conférence à Marseille, le 3 mai. Réécoutez la conférence sur radio Galère